Le maquillage de la contamination de Fertiladour dénoncée
envoyé par aloes-boucau. - Regardez les dernières vidéos d'actu.
Ramuntxo Garbisu - 07/09/2010 | eitb.com |
Le Collectif d'Associations de Défense de l'Environnement (CADE), à l'origine en 1997 de la dénonciation de la contamination radioactive du site industriel Fertiladour, propriété du Groupe AGRIVA (Quimper), a produit devant la presse ce mardi les preuves de "l'occultation délibérée et organisée de la vérité, au profit de l'industriel contre qui n'a jamais été brandie la moindre sanction".
Ces jours-ci doivent être mis à profit par le Conseil Régional d'Aquitaine pour se prononcer définitivement sur l'acquisition des 8 hectares de cette ancienne usine, qui vient de déclarer sa cessation d'activité et attend un chèque de plus de 6 millions d'euros pour "abandonner le terrain".
Plusieurs fois repoussé par la vigilance des associations locales du Port de Bayonne (Pays Basque nord), bloqué en commission permanente par le groupe Europe-Ecologie-Les Verts, l'achat aura été finalement assujeti aux conclusions d'une contre-étude indépendante du laboratoire ACRO, qui est actuellement entre les mains du Président de Région, Alain Rousset.
Sans préjuger des conclusions de l'ACRO, le point presse d'aujourd'hui aura permis au CADE d'interpeller la Région sur la base de documents officiels longtemps occultés par la structure officielle locale de surveillance des sites industriels, la DRIRE, et parvenus entre ses mains après un jugement favorable de la Commission d'Accès aux Documents Administratifs (CADA).
Les conclusions de ce rapport de plusieurs centaines de pages sont sans appel pour son porte-parole Victor Pachon, qui en a dénoncé "la dissimulation par la DRIRE des graves irrégularités de l'industriel, qui n'a jamais joué la carte de la sanction contre Fertiladour, mais, au contraire, n'a eu de cesse de lui fournir des arguments pour échapper à ses responsabilités".
"La balle est dans le camp de la Région", a conclu Victor Pachon, "nous avons dénoncé ce dossier depuis 1997, et nous avons aujourd'hui les preuves officielles d'un projet qu'il nous faut qualifier de criminel, pour l'environnement et surtout pour les salariés qui y ont travaillé de 1973 à 1992".
Autour de lui, l'ensemble des collectifs CADE, Ideal et ZipAdour l'ont affirmé : "Nous tenons ces documents à disposition de la Région, mais également de la Justice, désormais".
Non, la dangerosité de la monazite radioactive était connue de l'industriel
De 1973 à 1992, vingt ans de broyage de monazite, terre rare riche en radioactivité naturelle (thorium), ont été couverts par l'administration de contrôle qui, après avoir indiqué à l'industriel les précautions à prendre, n'a jamais sanctionné une exploitation qui ne les a pas respectées.
Les scaphandres pour les ouvriers, ou les filtres absolus de type Commissariat à l'Energie Atomique (CEA), imposés par l'autorité préfectorale en 1973, n'ont jamais existé, et aucun contrôle annuel par la DRIRE ne l'a exigé.
Non, la radioactivité n'a jamais été recherchée par la DRIRE
A partir de mai 1998, la DRIRE dispose d'une cartographie précise des "points chauds" de contamination radioactive, jusqu'à 500 fois la radioactivité naturelle, ainsi que la préconisation d'une vingtaine de carottages de six mètres de profondeur à réaliser sur les zones les plus contaminées, et d'une quinzaine de points de sondage périphériques.
Trois ans plus tard, en 2001, la DRIRE "oublie" les carrotages, et valide uniquement l'implantation de quatorze sondages périphériques, tous situés... à l'extérieur des zones contaminées.
Non, la radioactivité n'a pas disparu
Le "bouclier de confinement" (25.000 m2 recouverts de scories, soit un tiers du terrain) cache une contamination qui, officiellement, baisserait de virulence dans un rapport 10 au bout de 50 cm.
Le CADE a exhumé une analyse pourtant connue de la DRIRE qui, en 2002, montrait que sur certains points à peine un peu contaminés (9 becquerel par gramme), la radioactivité ne baissait que d'un rapport 2 passé 1m40 de profondeur.
Aucun sondage n'a été effectué sur les zones résiduelles après excavation, avec des activités massiques pourtant supérieures à 500 becqerel par gramme.
Seul ce rapport de 10 figures dans les conclusions officielles permettant d'estimer que la contamination serait "contenue".
Non, les terres excavées ne sont pas des "terres et cailloux"
Alors qu'un arrêté préfectoral de 1998 désigne l'Agence Nationale des déchets Radioactifs (ANDRA) comme seule autorité compétente pour savoir que faire des 450 tonnes de terres les plus contaminées, 423 tonnes sont finalement acheminées en octobre 2008 vers le Centre de Stockage de Villeparis (Seine et Marne).
Un an et demi après avoir demandé les bordereaux d'expéditions, le CADE, qui les a reçus finalement cet été, aura eu la surprise de voir que ces déchets radioactifs auront été codés "terres et cailloux autre que contenant des matières dangereuses".
La consternation grandit encore, quand il apparait que ce n'est que 14 mois plus tard que le centre de Villeparisis fera la demande de pouvoir accueiller des "déchets à radioactivité naturelle renforcée", et l'obtiendra le 31 décembre 2009.
L'arrêté précisera que les "déchets devront être considérés comme négligeables au regard de la radioprotection et de l'environnement", fixant à 1 mSv/an la virulence radioactive.
Une procédure validée par la DRIRE pour Boucau, alors que ces déchets sont précisément issus d'une obligation préfectorale de 1997 de retrait du fait de leur impact non négligeable en radioprotection et sur l'environnement.(et estimés entre 9 et 50 mSv/an).
Loin d'être d'un paradoxe pour l'inspecteur de la DRIRE qui accepte de voir ces déchets codifiés "terres et cailloux", ce qui les rend potentiellement utilisables en remblais sur terres agricoles au vu de la règlementation européenne.