La contribution de l'activité grande vitesse aux résultats de la SNCF ne cesse de diminuer. Photo Réa
Lionel Steinmann / Journaliste | Le 06/06 à 06:00, mis à jour à 10:12 |
Le conseil d’administration va se pencher sur le sujet en juillet. Il actera également une révision du plan stratégique du groupe.
Le début de l’été s’annonce studieux à la SNCF, avec un conseil d’administration fin juillet dont l’ordre du jour s’annonce roboratif. Selon nos informations, outre l’examen des comptes semestriels, le conseil examinera les ajustements à apporter au plan stratégique adopté l’an dernier, Excellence 2020. Enfin et surtout, les administrateurs plancheront sur les pistes pour refonder le modèle économique du TGV, aujourd’hui à bout de souffle. Les deux derniers sujets sont d’ailleurs liés, puisque la révision du plan stratégique pourrait notamment acter la dégradation de la marge opérationnelle de l’activité grande vitesse.
Celle-ci était il y a encore quelques années le poumon économique du groupe. Mais, aujourd’hui, la contribution des TGV aux résultats ne cesse de diminuer. La SNCF est prise en tenaille entre deux phénomènes. D’un côté, la désaffection du public : sur les trois premiers mois de l’année 2014, le nombre de passagers TGV a baissé de 0,6 %, après avoir déjà reculé en 2012 et en 2013. La baisse des recettes tirées de la vente de billets est encore plus forte (– 3,1 % au premier trimestre), du fait de l’augmentation du nombre de billets vendus à petits prix pour essayer de faire revenir les passagers dans les trains. En face, les coûts ne cessent d’augmenter, à commencer par les péages acquittés pour circuler sur le réseau ferroviaire, qui représentent désormais 18 euros en moyenne par billet. Du coup, la marge opérationnelle est sur le reculoir, passant de 14 % en 2011 à 11,4 % en 2013.
Contraintes et solutions
Cette tendance semble devoir durer, alors que la SNCF avançait jusqu’à présent des raisons conjoncturelles (la mauvaise météo ou l’accident de Brétigny en 2013) pour expliquer le recul de la fréquentation. La direction de la compagnie ferroviaire pourrait donc l’acter lors de la révision de son plan stratégique.
Au-delà, Guillaume Pepy, le président du groupe, a lancé une réflexion de fond pour rebâtir le modèle économique de l’activité TGV. Fin juillet, le conseil d’administration examinera à la fois les contraintes qui pèsent sur l’activité grande vitesse et les solutions envisageables. Un travail de longue haleine, selon un membre du conseil d’administration, d’autant que la SNCF n’a pas tous les leviers.
L’une des pistes de réflexion serait de refonder le financement du système ferroviaire. Aujourd’hui, l’entretien du réseau est essentiellement assuré par le TGV, dont le niveau de péages est proportionnellement beaucoup plus élevé que celui des autres trains. Certains responsables réfléchissent donc à une augmentation de la contribution des TER pour redonner un peu d’air au TGV. Mais la SNCF sait bien qu’une telle idée est potentiellement explosive, surtout dans le contexte actuel de tensions avec les régions.
Pour aller plus loin :
DOSSIER Le TGV à l’heure de la crise
DOSSIER TGV : Ouigo, la révolution low cost