27/10/2012 Pierre MAILHARIN
Le combat des anti-LGV n’est pas terminé. Aux activistes tentés de lever les bras un peu trop tôt, Victor Pachon, président du Collectif des associations de défense de l’environnement (Cade), adresse cette mise en garde : “Beaucoup de gens pensent que c’est gagné. Mais il y a eu des effets d’annonce, ce n’est pas gagné du tout”. La bataille continue, donc. Elle prendra la forme ce samedi après-midi d’une manifestation d’ampleur dans les rues de Bayonne (15 h, départ Lauga).
Selon l’opposant en chef, ce rassemblement s’annonce en réalité “crucial” pour faire “basculer du bon côté” le sort de la grande vitesse au Pays Basque. Entendre : signer l’arrêt de mort pur et simple du projet. “On est sur le fil du rasoir”, formule-t-il.
Certes, ces derniers mois, plusieurs prises de décision au sommet de l’Etat français ont semblé mettre en cause l’avenir de la LGV Bordeaux-Hendaye : “Les Assises ferroviaires, la Cour des comptes mais aussi le gouvernement disent que c’est une folie financière. Les deux premiers posent le problème d’un moratoire, le gouvernement celui de la hiérarchie des projets (voir encadré). Cela va dans le bon sens”.
Signaux “contradictoires”
Mais, se dépêche d’embrayer Victor Pachon, “dans le même temps, on a les gendarmes qui sont en train de faire les repérages sur des points de sondage et on a RFF qui veut nous imposer l’enquête publique en 2 013”. Au final, les deux points sont “contradictoires”, d’où la nécessité d’après lui de cette démonstration de force.
La dernière date de décembre 2010. Elle avait réuni quelque 15 500 personnes selon ses organisateurs (5 300 pour la police). Dans le contexte actuel indécis, l’écologiste préfère ne pas trop s’avancer. “Beaucoup de gens ont l’impression que c’est gagné. Dans les endroits qui avaient deux ou trois tracés, il n’y en a plus qu’un. Moins de personnes sont concernées. Et c’est une période peut-être où les agriculteurs seront encore occupés avec le maïs. Il y a des conditions objectives pour qu’on soit moins. On veut quand même que ça soit une grosse manif. Si on est 10 000, c’est bien”. Pantxo Tellier, président de l’association Nivelle-Bidasoa, est sur la même ligne, si l’on peut dire : “A 10 000 ce sera un succès”.
Les élus associés
Le défilé, comme en 2010, sera ouvert par des tracteurs. Il comptera également la présence de nombreux élus du Pays Basque. Président de la Communauté de Communes (CC) Errobi, l’une des trois à la pointe de la lutte (avec Sud Pays Basque et Nive-Adour), Paul Baudry confirme le soutien des politiques, même s’il ne pourra personnellement être présent. “On est totalement associés à cette manifestation. Une majorité d’élus vont y être”.
S’il estime “que l’expression de la rue est nécessaire”, le maire UMP de Bassussarry souhaite cependant la prolonger, en sa qualité d’élu, par des actions visant à “convaincre le plus possible autour de nous les décideurs que ce projet est inutile”. Et de rappeler ces dernières années les deux études confiées par les trois CC au cabinet suisse Citec (saturation de la ligne existante et gains de temps) et la contestation devant le tribunal administratif de l’arrêté préfectoral du 26 octobre 2010, lequel a pour conséquence que “tout permis ou autorisation d’urbanisme présentés sur le fuseau est soumis à l’avis de l’Etat”.
Cahuzac, “de notre avis”
Plus récemment, en septembre, les présidents de ces CC (Paul Baudry, Michel Hiriart et Roland Hirigoyen) ont sollicité des entretiens avec les ministres des transports et de l’environnement ainsi qu’avec Jérôme Cahuzac, ministre du Budget : “Manifestement, il a tendance à être de notre avis, juge Paul Baudry. Voilà un homme objectif, il sait très bien qu’il ne pourra pas financer ce projet”.
A l’inverse d’autres : “Le seul dommage qu’il y aura eu à tout ça, c’est qu’on aura dépensé de l’argent public pour démontrer aux services de l’Etat, par des études, qu’ils étaient dans l’erreur. Alors que c’est eux qui auraient dû les faire”, tacle l’élu.