Des élus de Bayonne, Anglet et Biarritz montent au créneau contre le projet de LGV en Pays Basque nord. Photo : eitb
Ramuntxo Garbisu - 06/01/2010 | Bayonne |
Le projet de nouvelles lignes à grande vitesse en Pays Basque nord est "un engrenage qui n'a pas d'autre sens que l'intox de l'opérateur Réseau Ferré de France (RFF)", ont ré-affirmé ce mercredi matin en conférence de presse quatre élus des majorités représentées au sein de la Communauté d'Aglomération Bayonne-Anglet-Biarritz (CABAB).
Comme ils l'avaient précédemment demandé en octobre 2008, Marine Bisauta et Bernard Causse pour Bayonne, Georges Daubagna pour Anglet et Jakes Abeberry pour Biarritz ont renouvelé leur opposition au projet de nouvelles lignes ferroviaires en Pays Basque nord, quand l'aménagement des voies actuelles qu'ils défendent n'est pas la position adoptée par cet organe communautaire.
"Il est hors de question que nous nous retrouvions à payer ce désastre écologique !", fulmine l'élu abertzale biarrot, les deux élus bayonnais plaidant également pour que soit enfin ouvert "un réel débat sur la cohérence de ce projet avec nos pratiques sociales".
Dénonçant durement "le mépris de toute une expression largement majoritaire" qui, le 17 octobre dernier, avait exprimé son opposition à ce projet sur le pavé bayonnais, les quatre élus ont rappelé "le mensonge de RFF dès le départ" des hypothèses de saturation des voiex existantes, puis la "surprise" de l'obligation d'un co-financement par les collectivités locales, par une contribution initiale de 65 millions d'euros, ré-estimée aujourd'hui à 100 millions d'euros.
"Comment comprendre que, dans le même temps, on élargisse l'autoroute, on agrandisse la piste de l'aéroport d'Hondarribia et que l'on nous explique le projet de LGV correspond aux objectifs du Grenelle de l'Environnement ?", ne décolère pas non plus l'élu angloy.
Conscients d'être des "élus isolés" dans leurs propres camps politiques dont les ténors, de la droite à la gauche, soutiennent le projet, ces quatre personnalités politiques locales entendent bien "préserver l'indépendance de ce positionnement" et refusent d'entendre que leurs positions puissent être qualifiées "d'erronnées".
Et de conclure à l'unisson : "Le jeu n'en vaut pas la chandelle".
Le 11 janvier prochain, le Comité de Pilotage de Bordeaux devrait sans surprise dévoiler une position de l'Etat favorable à la création de ces nouvelles voies LGV.
Une étape importante mais pas définitive, espèrent ces élus, dans un processus où "la CABAB ne doit pas renoncer à jouer son rôle dans un vrai débat sur ses choix d'investissements".
Evaluer les besoins du bassin de vie du Pays Basque nord
"Aller aussi vite que possible est-il plus important que d'aller aussi vite... que nécessaire ?", pose Martine Bisauta, rappelant à toutes fins utiles que rares seront ceux qui auront besoin de rallier rapidement Paris et Madrid plus de 3 fois dans l'année.
Pour cette élue de Bayonne, la fascination des grandes infrastructures ne doit pas sur-déterminer la recherche d'une cohérence entre les pratiques et les besoins du bassin de vie et un mouvement historique qui entraîne l'économie vers la décroissance, par la re-vitalisation du local et la diminution des "pratiques indécentes" du transport de certaines marchandises.
"N'oublions pas par ailleurs que rapprocher des grandes unités urbaines n'est pas sans conséquence sur la flambée de l'immobilier, comme cela s'est passé en Dordogne avec l'arrivée des lignes low-cost anglaises qui privent les Périgourdins de pouvoir habiter dans leur propre région", rajoute-t-elle.
"Le positionnement actuel de la CABAB est un contre-sens pour cet organe communautaire comme il l'est pour le Pays Basque tout entier", rajoute Jakes Abeberry.
Une gare LGV à Bayonne comme le "cadeau fabuleux mais empoisonné de RFF"
La promesse de voir Bayonne obtenir une gare LGV est une stratégie payante de RFF pour faire accepter l'ensemble du projet, ont défendu ces élus, sous forme "d'un cadeau fabuleux afin de fragiliser le front des élus opposés à la LGV en Pays Basque".
"Dans un premier temps, certes, deux à trois TGV s'arrêteront en gare de Bayonne, mais l'essentiel évitera ce territoire au profit de Dax et d'Azpeitia", estime Martine Bisauta, "et il vous faudra alors prendre la voiture pour vous y rendre si les créneaux proposés ne vous conviennent pas".
L'argument de la saturation du fret, "hypothèse totalement fantaisiste de RFF", a été rejeté deux fois par des études qui, "à preuve du contraire, n'ont pas été menées par des imbéciles", ont-ils également rappelé.
Refuser de voir l'intervention financière locale restreinte par une dépense "faramineuse" pour la LGV
"Il n'a jamais été question de co-financement par les collectivités lors du débat public de 2006", a rappelé Jakes Abeberry, sollicitées pour 65 millions d'euros quelques mois plus tard, mais qui pourrait la douloureuse passer à plus de 100 millions d'euros après la ré-actualisation du financement en 2010.
Dans un contexte de remise en question des finances locales et de désengagement de l'Etat, il est "hors de question de payer pour ce scandale écologique".
Dénoncer le "passage en force " du projet
L'expression massive du refus populaire sur le bitume de Bayonne, le 17 octobre dernier, aura vu plus de 12.000 manifestants crier leur opposition au projet, au sein desquels nombre d'élus du Pays Basque nord, ont-ils rappelé.
"Ce pays a dit non à de nouvelles lignes sans pour autant être opposé à l'idée du progrès mais le projet passerait tout de même en force ?", s'interroge Jakes Abeberry, qui ne se souvient pas d'avoir vu les grands élus pro-LGV au débat public initial de 2006.
"Nous ne sommes même plus dans un clivage classqiue gauche-droite", a-t-il rappelé, ce dossier ayant fait bouger les lignes entre "petits élustraités avec mépris" par des "grands élus", en particulier "car il ne faut pas le cacher", le Président le Région Aquitaine, Alain Rousset.
La position des Verts sur le sujet, et les prochaines élections Régionales
Le PS et l'UMP ont pris une même décision en faveur de la LGV, et comme a souhaité le rappeler l'élu Verts d'Anglet, "la liste d'Europe-Ecologie a toujours manifesté et manifestera encore son opposition lors des Régionales de mars 2010".
N'ayant aucune leçon politique à recevoir de quelque parti que ce soit, l'élu abertzale biarrot rappela tout de même que cette opposition du 1er tour ne revêtira pas obligatoirement la même virulence au second tour, lorsque seront envisagées des alliances entre les Verts et le Parti Socialiste d'Alain Rousset.