Un cheminot hendayais montre la végétation qui envahit la gare. (Photo O. D.)
Publié le 10/10/2013 à 06h00
Par Olivier darrioumerle
Dix ans après l’ouverture à la concurrence du trafic des marchandises, les syndicalistes témoignent d’une baisse d’activité et d’une dégradation de l‘entretien des voies.
Ils étaient une cinquantaine de cheminots bayonnais, hendayais et iruñars, hier matin, sur le pont international. Ils répondaient à un appel de la fédération syndicale européenne à manifester contre le dernier volet de l’ouverture à la concurrence du transport des voyageurs dans l’Union.
Après les marchandises en 2003, c’est le tour du trafic des voyageurs, dix ans plus tard. Aujourd’hui, les syndicalistes témoignent de la perte d’activité de la gare d’Hendaye, dont le fret était l’activité phare.
Courant janvier, les députés européens vont voter « le 4e paquet ferroviaire » qui permettra aux entreprises étrangères d’entrer sur le marché intérieur français pour concurrencer la SNCF.
« Nous dénonçons cette libéralisation depuis le début, se plaint le délégué syndical de la CGT Cheminots, Peio Dufau. Elle n’a fait qu’aggraver les choses. La preuve : depuis que le fret a été ouvert à la concurrence, en 2003, il n‘y a jamais eu autant de camions sur les routes entre Bayonne et Hendaye », avance-t-il.
Des risques pour la sécurité
Selon ses chiffres, le trafic de marchandises, qui correspondait en l’an 2000 à 56 milliards de tonnes au kilomètre, ne représenterait plus que 21 milliards aujourd’hui, soit une baisse de plus de la moitié de l’activité. Résultat : la gare de fret à Hendaye aurait perdu plus de la moitié de ses effectifs.
« Près de 300 cheminots travaillaient à Hendaye en 2003. Ils ne sont plus que 120, après le licenciement de 14 personnes l’année dernière. Nous nous attendons à à la suppression de 25 % des effectifs restants au cours de l’année prochaine », prédit-il.
Les conséquences de cette crise du transport de marchandises sont visibles à la gare d’Hendaye. La zone de fret est déserte. La végétation a repris ses droits. Les voies ne sont effectivement pas entretenues. « Ce n’est pas fait pour être joli ! Le désherbage et l’entretien des voies sont nécessaires à la sécurité des cheminots. Mais pour être rentable, il faut baisser les crédits, rogner sur tout, notamment la sécurité. Ce n’est pas acceptable », prévient le syndicaliste.
Il brandit le spectre des accidents récents comme le dramatique accident de Bretigny, le 12 juillet, qui a coûté la vie à sept personnes. Un déraillement causé par des « défauts » sur un équipement, annonçait mardi la SNCF. Un défaut de maintenance, selon le syndicaliste. « Un électricien est mort électrocuté le mois dernier, à Saint-Jory, près de Toulouse. Il y a des accidents tous les jours à la SNCF », alerte le syndicaliste qui assiste à la fin d’une époque sans baisser les bras.
Source : http://www.sudouest.fr/2013/10/10/la-gare-dans-tous-ses-etats-1194593-4171.php