Vendredi 10 août :
• L'affluence diminue à la traditionnelle manifestation du vendredi devant la résidence du premier ministre à Tôkyô : 70 000 selon les organisateurs, 4 000 selon la police. Mais la semaine prochaine au Japon, c'est o-bon. De nombreux Japonais rentrent dans leur famille ou partent en vacances.
• TEPCo a retiré le couvercle jaune de l'enceinte de confinement du réacteur n°4. Les images capturées par la webcam de l'exploitant peuvent être visualisées ici en accéléré. Ils réclament 10 millions de yens (100 000 euros) par personne disparue.
• 333 personnes de Namié réclament des compensations à TEPCo pour la perte d'un proche dans le tsunami car l'accident nucléaire a empêché les recherches d'éventuels survivants.
• Suite des révélations grâce aux enregistrements des visio-conférences par TEPCo : il est confirmé que le siège à Tôkyô était réticent à ce que l'eau de mer soit injectée dans les réacteurs car le sel corrode tout et le réacteur est dénitivement perdu. La remarque est faite au directeur de la centrale le 13 août à propos du réacteur n°2. Pourtant, dans son rapport d'enquête interne, TEPCo dément avoir hésité à utiliser de l'eau de mer.
Voici le dialogue :
- A t'entendre, tu veux injecter de l'eau de mer n'est-ce pas ? Je pense que l'utilisation de l'eau de mer serait dommageable car les matériaux vont être corrodés. Ne peut-on pas s'accorder que l'on a l'option d'attendre autant que possible pour utiliser de l'eau douce ? (Nom et visage cachés)
- Nous avons pas la possibilité d'utiliser de l'eau douce. Cela va encore nous retarder. (Yoshida, le directeur de la centrale). Vous savez qu'en utilisant de l'eau douce, nous seront capables d'utiliser à nouveau ce réacteur car il ne sera pas endommagé par le sel, n'est pas ? Quand on a besoin d'un apport massif d'eau de refroidissement comme maintenant, il est difficile de se contenter d'eau douce. Je crois que nous n'avons pas d'autre option.
- Je comprends maintenant.
Un peu plus tard, on peut entendre d'autres voix disant : "Quel gâchis !".
• Le taux d'indépendance alimentaire du Japon, compté à partir des calories, est, avec 38,6%, au plus bas depuis longtemps. C'est officiellement dû à l'arrêt de la pêche dans les zones touchées par le tsunami, malgré une hausse de la production de blé. Il avait été plus bas en 1993, année où la moisson de riz avait très faible : 37,4%.
Jeudi 9 août :
• L'interdiction d'entrer à Naraha, dans la zone des 20 km, est levé à minuit. Le retour des 7 600 habitants n'est pas encore pour maintenant : il faut décontaminer, rétablir les infrastructures...
Mercredi 8 août :
• Tokyo Energy and Systems Inc. (TES), la filiale de TEPCo impliquée dans des scandales relatifs à la dosimétrie des sous-traitants, a reconnu que les caches en plomb réduisaient de 30% la dose mesurée. Ces caches, d'une épaisseur de 3 mm, ont été utilisés en décembre 2011 pour couvrir des dosimètres. Elle a aussi reconnu que 8 des intervenants d'alors étaient des intérimaires avec des contrats illégaux. TEPCo et sa filiale ont promis de prendre des mesures pour mieux contrôler l'usage des dosimètres.
• TEPCo est allée inspecter le haut du bâtiment réacteur n°3 à l'aide d'un ballon et a mis en ligne quelques photos. La compagnie reconnait que l'opération est un échec : le ballon est resté coincé au 4ième niveau et n'a pas pu inspecter le 5ième niveau comme prévu. TEPCo voulait regarder ce qu'il y avait au-dessus de la piscine de combustibles usés.
• Le premier ministre a reporté son rendez-vous avec les organisateurs des manifestations du vendredi, officiellement car il est dans une situation politique difficile après la motion de censure déposée par des partis d'opposition. Mais de nombreuses voix ont critiqué ce geste d'ouverture. Le ministre de l'Industrie a exprimé son désaccord devant les médias.
• Les autorités régionales de Fukushima veulent tester tous les sacs de riz de la récolte à venir avant de les mettre sur le marché. La production attendue est de 360 000 tonnes. Une nouvelle machine qui peut tester 4 sacs de 30 kg à la minute en en cours de test sur la récolte 2011. Elle va juste vérifier si la contamination dépasse la limite officielle de 100 Bq/kg pour le césium. Si la contamination relevée est sous la limite, un autocollant sera automatiquement mis. Dans le cas contraire, une alarme sonnera et arrêtera la tapis roulant. Les autorités veulent installer 143 chaînes de mesure.
• Suite du visionnage des vidéos de TEPCo par les médias : le 14 mars après midi, suite aux explosion hydrogène dans les bâtiments réacteur 1 et 3, TEPCo réfléchit comment éviter une explosion similaire au niveau du réacteur n°2. La trappe qui permettrait d'évacuer l'hydrogène a besoin d'électricité pour être ouverte. Le directeur de la centrale ne veut pas envoyer une équipe de peur qu'il y ait une explosion quand elle est sur place. Les ingénieurs émettent de nombreuses idées qui sont abandonnées les unes après les autres. Le directeur de la centrale demande donc au siège d'envoyer un hélicoptère pour qu'il largue un objet lourd pour percer le toit du bâtiment. Le siège temporise et propose finallement de faire un trou avec un jet d'eau. Le directeur de la centrale ne semble pas convaincu, mais remercie le siège. Le camion ne pourra pas approcher à cause des débris. Le bâtiment réacteur n°2 n'explosera pas : un débris du réacteur n°1 lancé lors de l'explosion l'aurait percé.
Autre séquence épique : suite à l'explosion qui a eu lieu dans le réacteur n°3 le 14 mars à 11h01, Masataka Shimizu, le président de TEPCo et Akio Takahashi, un cadre dirigeant, rédigent le communiqué de presse. L'enregistrement a eu lieu vers 11h30. "Le seul changement que l'on a fait a été de remplacer 'réacteur n°1' par 'réacteur n°3'". "On ne sait pas si c'était une explosion hydrogène, mais comme le gouvernement - la NISA - disent que c'est une explosion hydrogène, on peut dire la même chose, n'est pas ?". Et le Président approuve son conseiller, car il faut faire vite.
Lepoint.fr a sous-titré de très courts extraits de la vidéo grand public.
Une traduction d'un autre épisode est ici en anglais.
Mardi 7 août :
• Les médias sont furieux contre TEPCO (même le Yomiuriqui, pourtant, appelle régulièrement au redémarrage rapide des réacteurs !) : les vidéos avec les visages floutés, le son coupé ou couvert par des bip ne permet pas de comprendre ce qui s'est réellement passé. Même le visage du président de la compagnie a été flouté ! La vidéo de 90 min mise sur le web n'apporte rien de nouveau.
Cependant, d'après les médias qui ont commencé à visionner les 150 heures de vidéo, il apparaît que le siège de TEPCo n'était pas d'une grande aide. Il donnait des ordres comme comme "il faut éventer rapidement les réacteurs avant que l'enceinte de confinement ne soit endommagée", ce qui est évident, insistait pour que les opérateurs interviennent rapidement, mais n'avait aucune solution technique à proposer. A un moment, le directeur de la centrale demande qu'on ne le dérange plus car ils sont en train de mener une opération délicate.
Le 14 mars vers 17h, la vidéo rapporte que le chef de la Nuclear Safety Commission (NSC) demande à ce l'on injecte plus d'eau dans le réacteur n°2 où la pression monte plutôt que d'essayer de l'éventer. Cela va à l'encontre des tentatives d'éventage en cours. Le directeur demande donc au siège ce qu'il doit faire : continuer ou obéir à la NSC ? Finalement, aucune des solutions ne marchera...
Les vidéos confirment l'improvisation de TEPCo tout au long d'une crise qu'elle n'avait jamais envisagée. Elle ne permettent pas de conclure quant à la polémique sur un retrait total de la centrale, ce qui n'est pas surprenant. La compagnie a bien fait attention à ce sujet.
• La commission d'enquête mise en place à propos du scandale des réunions secrètes avec les exploitants de la Japan Atomic Energy Commission (JAEC) est à son tour sous le feu de la critique. Que s'est-il dit exactement lors de ses réunions secrètes sur le "cycle" du combustible ? Il n'y aurait aucun compte-rendu de ses réunions. Les exploitants du nucléaires présents ont pris des notes mais ont refusé de les transmettre prétextant la confidentialité. Les représentants du ministère de l'économie et industrie présents ont aussi pris des notes. Mais les hauts fonctionnaires ont démenti avoir pris des notes, mais personne ne les croit. Pour que les hauts fonctionnaires obéissent, il faudrait que l'ordre de remettre les notes viennent du premier ministre ou du ministre de l'industrie et économie, pas de la commission d'enquête qui ne peut compter que sur la bonne volonté. Mais aucun des deux ministres n'a fait un geste en ce sens et la commission d'enquête n'a pas pu aller au fond des choses. Bref, il est clair que le gouvernement ne voulait pas faire toute la lumière sur ce scandale.
• Les autorités régionales de Tochigi ont annoncé avoir mesuré 31 000 Bq de césium par kilo de champignon dans des Lactarius volemus sauvages de Nikkô. C'est la plus forte valeur officielle relevée dans des champignons. Des mesures privées ont déjà mis en évidence des valeurs plus élevées.
• Un homme de 70 ans vivant dans la province de Fukushima avait 20 000 Bq de césium dans corps en juillet dernier. Il se trouve qu'il mange quotidiennement des champignons et plantes sauvages ainsi que des légumes de son potager. Il n'a jamais pensé que ces aliments pouvaient être contaminés.
C'est une des valeurs les plus élevées relevée au Japon. Elle est malheureusement plus courante en Biélorussie.
Lundi 6 août :
• Nouveaux rapports mis en ligne :
- IRSN : Informations pour les résidents français au Japon : Bulletin d'information n°9
- INPO: Updates Report on Lessons Learned From Fukushima Daiichi Accident
- Fresh Currents: Japan’s flow from a nuclear past to a renewable future
• En plus des 11 auditions à travers le Japon pour écouter l'avis des citoyens sur l'avenir nucléaire à l'horizon 2030, l'université Kéio a organisé une conférence de citoyens sur deux jours. 286 ont été choisies parmi 6 849 tirées au hasard par téléphone. Pendant, deux jours, elles ont écouté et interrogé des experts pour se forger une opinion plus construite. Elles ont été sondées avant et après. Les résultats, en cours de dépouillement, seront connus d'ici la fin du mois. On ne sait pas comment le gouvernement va prendre en compte ce résultat.
• Le premier ministre a déclaré qu'il allait demander à son gouvernement d'étudier les défis auxquels le gouvernement devrait faire face si la décision était prise de ne plus dépendre de l'énergie nucléaire. Ce qui signifie que cette option n'avait jamais été considérée sérieusement jusqu'à maintenant. Mais, avec une popularité au plus bas et des auditions qui montrent que 70% de la population soutiennent cette option, il était temps de se montrer plus conciliant. Mercredi 8 août, le premier ministre va aussi recevoir des représentants de la coalition qui organise les manifestations du vendredi.
• TEPCo a commencé à montrer ses 150 heures de vidéo aux médias : 90 minutes expurgées pour le grand public sont consultatbles en ligne sur le site de TEPCo et peuvent être téléchargées. Les médias fulminent contre les pratiques de la compagnie et demandent que ces images soient considérées comme une propriété publique.
• L'Asahi continue d'enquêter sur les conditions de travail dans les centrales nucléaires japonaises et en est arrivé à la conclusion que la triche pour diminuer la mesure de la dose est répandue et dure depuis des années. Sans cela, la limite de dose serait rapidement atteinte et il ne serait plus possible de travailler dans le nucléaire.
Un intervenant d'une trentaine d'années sur le site de la centrale accidentée témoigne avoir vu une voiture sur le parking en mai dernier avec une vingtaine de dosimètres. 3 heures plus tard, quand il est repassé, les dosimètres étaient toujours là. Leur propriétaires travaillaient sans. Il aurait observé ce genre de comportement 5 fois. Un de ses collègues, d'une quarantaine d'années, confirme : il aurait vu une dizaine de fois les dosimètres laissés dans une voiture.
Même TEPCO aurait découvert des cas similaires et serait en train d'enquêter.
Ce même intervenant d'une trentaine d'année se souvient être intervenu dans l'enceinte de confinement des réacteurs 1 à 6 de la centrale de Fukushima daï-ichi il y a une dizaine d'années. Son chef lui aurait demandé de laisser son dosimètre dans une boîte en plomb pendant son intervention. Le dosimètre affichait alors une dose proche de zéro. Quand il gardait le dosimètre, il avait entre 0,3 et 0,4 millisievert par intervention. Ce genre de comportement était plus fréquent à l'approche de la fin de l'année, quand la dose cumulée n'était plus très loin des 20 millisieverts maximum fixés par le sous-traitant qui l'employait. C'était cela ou ne plus pouvoir intervenir.
D'autres travailleurs révèlent avoir laissé leur dosimètre à un collègue intervenant dans une zone moins irradiante.
Ce seraient des pratiques bien connues de tous, mais aussi bien les exploitants que les sous-traitants ferment les yeux. Tout le monde se tait, de peur de perdre son emploi.
Un retraité âgé de 64 ans, qui a travaillé une trentaine d'années dans le nucléaire explique qu'il a dû retirer son dosimètre dès son embauche. Il n'avait pas le choix pour pouvoir gagner sa vie. Et d'ajouter qu'il n'est pas possible d'exploiter des centrales nucléaires sans que des intervenants sacrifient leur santé.
Dimanche 5 août :
• Des shiitakés, cultivés dans la province de Hiroshima, ont été vendus avec une contamination en césium de 380 Bq/kg frais. Ils étaient cultivés à Miyoshi sur du bois en provenance de Tôhoku (Nord-Est du Japon) et ont été vendus dans des super-marchés d'Aïchi.
• Le ministère de l'environnement a mis en ligne des données sur la surveillance des rivières du Kantô (Tôkyô et les environs). C'est en japonais, mais les données en Bq/L correspondent à l'eau et celle en Bq/kg aux sédiments. Quelques rivières sont bien contaminées.
Samedi 4 août :
• Le gouvernement a fini sa tournée d'auditions de la population. A l'issue des 11 réunions, 68% des 1 447 personnes qui ont souhaité exprimer leur opinion, soutenaient l'option 0 nucléaire à l'horizon 2030. 11% étaient faveur de l'option 15% et 16% en faveur de l'option 20-25%, qui nécessite la construction de nouveaux réacteurs. 5% des demandes d'intervention ne voulaient aucune de ces options. Ces statistiques officielles n'incluent pas l'audition dans la ville de Fukushima.
Le gouvernement a aussi commandé un sondage sur le même sujet.
• Les méduses continuent de manifester devant la prise d'eau de la centrale d'Ôï. 200 m3 de méduse ont obligé la centrale à réduire de 30% le volume d'eau pompée dans la mer. La production des réacteurs a donc dû être baissée à la fin juillet, de 1,8% au maximum pour le réacteur n°3 et 1,3% pour le n°4.
• Un sous-sous-sous-traitant de TEPCo a travaillé sans dosimètre le 3 août de 7 à 11h. Il était chargé de travailler sur de la tuyauterie près du bâtiment n°4. C'est encore la filiale de TEPCo, Tokyo Energy and Systems Inc., qui était chargée du chantier. Le sous-traitant n°1 de la filiale a pris un dosimètre pour chacun de ses employés, mais par pour ses propres sous-traitants. L'ouvrier a donc travaillé sans dosimètre. Il met cela sur la compte de la fatigue et de l'étourderie.
Il travaille en fait depuis juin dernier sur le site de la centrale de Fukushima daï-ichi. La dose accumulée approchait la limite fixée pour lui et la filiale de TEPCo lui avait déjà fait savoir qu'il ne pourrait bientôt plus travailler dans une centrale nucléaire.
Les autres intervenants ont reçu entre 0,1 et 0,12 millisieverts sur ce même chantier.
Vendredi 3 août :
• Le gouvernement vient d'autoriser le réacteur n°3 de la centrale d'Ôï à fonctionner pendant 13 mois. Après le redémarrage, le mois dernier, il y a eu une inspection de deux jours de la NISA qui a confirmé que tout va bien. Le réacteur n°4 sera inspecté à partir du 16 août et devrait recevoir la même autorisstion. Et les failles ?
• Nouvelle manifestation devant la résidence du premier ministre, comme tous les vendredis.
• Une coopérative de Fukushima a contrôlé les repas servis à la maison de 100 familles en juin dernier. Sur les 38 premiers résultats publiés, aucune contamination n'a été mise en évidence (limite de détection pour le césium de 1 Bq/Kg).
• La ville Nagaréyama, dans la province de Chiba, a mis en ligne le bilan de sa surveillance de la radioactivité pour le mois de juillet et a trouvé de 2,3 à 2,69 Bq de césium par litre dans de l'eau de puits. C'est beaucoup pour le de l'eau souterraine.
• La boue des gouttières et caniveaux d'Ichinoséki, dans la province d'Iwaté, est contaminée au césium. La contamination de 20% des échantillons dépasse la limite de 8 000 Bq/kg à partir de laquelle ces boues doivent être considérées comme déchets radioactifs. la plus forte contamination relevée est de 49 000 Bq/kg. Ichinoséki est un point chaud d'Iwaté où l'ACRO a fait des mesures sur des poussières d'aspirateur et des urines d'enfants.
• Une station de mesure citoyenne de Shizuoka a détecté 20 Bq de césium par kilo dans des céréales pour le petit déjeuner (70% des céréales utilisées provenaient du Japon).
• Une anguille avec 140 Bq de césium par kilo a été pêchée à Motomiya-shi dans le fleuve Abukuma. 390 Bq/kg avaient été détectés dans une anguille du même fleuve le mois précédent. Le gouvernement a interdit la mise sur le marché des anguilles de ce fleuve.
• La mairie et les autorités régionales d'Ôsaka ont décidé d'accepter 36 100 tonnes de débris du tsunami en provenance de la province d'Iwaté.
• L'Institut des Sciences Médicales de l'Université de Tôkyô a analysé les données obtenues lors d'anthropogammamétries (mesure de la contamination interne) effectuées sur 5 931 enfants de Fukushima âgés de 4 à 12 ans. Les examens ont eu lieu dans 4 hôpitaux de la province entre avril et juin 2012. Seulement 6 enfants avaient une contamination interne supérieure à la limite de détection de 250 à 300 Bq corps entier. 3 de ces enfants étaient de la même famille et avaient consommé des champignons sauvages. La plus forte contamination était de 615 Bq pour la somme des deux césium. Même si la limite de détection est assez élevée, la situation se distingue de la Biélorussie, où de nombreux enfants sont encore contaminés, plus de 26 ans après les rejets massifs dans l'environnement.
• Selon l'Asahi, le maire de Namié veut fournir à chacun de ses 21 000 administrés un carnet de radiation qui, espère-t-il, le permettra d'avoir une couverture médicale gratuite. Il essaye aussi de convaincre ses homologues des autres villes et villages évacués de faire de même. Certains sont réticents car ils craignent que les porteurs de ce carnet subiront une discrimination comme ont subit les hibakusha de Hiroshima et Nagasaki. Seule la mairie de Futaba s'est montrée intéressée par l'initiative.
Ce carnet est différent de ce que font les autorités provincales de Fukushima qui essayent de recueillir la dose reçue par les habitants de la province à des fins de recherche médicale. Ils ont eu un livret à remplir qui reconstitue leurs activités lors des premiers mois de la catastrophe, pour in fine, calculer la dose reçue. Mais le nombre de retours est faible : 22,6% fin mai 2012. Et de nombreuses personnes ont quitté la région sans laisser d'adresse. Les autorités régionales comptent transmettre le dossier médical ainsi constitué aux personnes qui en feraient la demande dans l'avenir.
Le maire de Namié met en avant le discrédit du gouvernement pour justifier son initiative. Même si certaines personnes concernées craignent la discrimination, le maire dit vouloir les aider si, dans des années, elles ont des problèmes de santé.
• Le MEXT publie (pour la première fois ?) des données sur la contamination de la baie de Tôkyô. Les sédiments sont largement contaminés jusqu'à 127 Bq/kg à cause de l'apport des rivières. La limite de détection, de 10 Bq/kg par césium, est trop élevée. Avec 1 Bq/L, elle est aussi trop élevée pour l'eau de mer.
Jeudi 2 août :
• Le premier ministre a finalement accepté de recevoir les représentants des manifestants du vendredi devant sa résidence. On imagine aisément le dialogue de sourds...
• On s'en souvient, la Japan Atomic Energy Commission (JAEC) avait été prise sur le fait pour avoir organisé des réunions secrètes avec l'industrie nucléaire en parallèle des réunions officielles sur la politique de traitement des déchets, pudiquement appelée, cycle du combustible. Le gouvernement avait demandé une enquête dont le rapport doit être remis au ministre de l'environnement et le de l'énergie le 3 août. Le rapport stipule clairement que les réunions secrètes ont influencé les décisions. Cela contredit les affirmations de la JAEC que les réunions "parallèles" n'ont pas influencé les décisions. Le haut fonctionnaire qui a organisé ces réunions a supprimé tous ses 6 600 mails et documents avant de quitter son poste. On ne lui aurait pas dit qu'il fallait les conserver... Mais la commission d'enquête a réussi à les récupérer.
La première version du document était clairement en faveur de l'abandon du retraitement des combustibles usés. Après l'intervention de l'industrie, c'est l'option retraitement qui était favorisée.
• Des procureurs du Japon ont fini par sortir des limbes les 1 300 plaintes déposées contre TEPCo et des hauts fonctionnaires en charge de la sûreté nucléaire. Influencés par le rapport d'enquête parlementaire qui a conclu à une catastrophe d'origine humaine, ils vont enquêter sur la négligence professionnelle qui a conduit à des blessures et des décès. Mais ils prévenu que les hauts fonctionnaires, il sera difficile de prouver la responsabilité. Des plaintes similaires contre JAL après la chute d'un avion ou contre JR après un accident de train ont été classées sans suite.
• Photos en ligne de Kazuma Obara sur les environs de la centrale de Fukushima daï-ichi et les manifestations contre le redémarrage des centrales nucléaires.
• Le résumé du rapport d'enquête interne de TECo sur les causes de l'accident est disponible en anglais.
• Le bilan des doses reçues par les intervenants sur le site de la centrale de Fukushima daï-ichi pour les mois d'avril à juin 2012 est en ligne sur le site Internet de TEPCo. Ce sont toujours les sous-traitants qui prennent les doses les plus fortes, avec un maximum de 23,53 mSv en un mois.
• Le MEXT a mis en ligne des résultats de mesures très fines sur l'eau du robinet : du césium 134 et 137 est détecté à des concentrations très faibles dans 11 provinces.
Source: http://www.acro.eu.org/chronoFukushima.html