Publié le 06-11-2012 | |
| Le « non » l'a emporté dans le référendum organisé en Californie sur l'étiquetage OGM, malgré les campagnes organisées par plusieurs mouvements, dont « Occupy Monsanto ». Le vote sur la «proposition 37», organisé en parallèle des élections présidentielles, a recueilli 54% de voix opposées à cette initiative, vivement combattue par les poids lourds de l'industrie agroalimentaire, qui ont été soutenus par l'administration Obama. |
L'administration Obama a déçu les partisans d'une plus grande régulation des OGM aux États-Unis. L'autorisation de luzernes génétiquement modifiées de Monsanto a en particulier marginalisé encore un peu plus les tenants d'une agriculture sans OGM. Las, des associations de protection des consommateurs et des organisations écologistes ont lancé une vaste campagne, dont « Occupy Monsanto », mais c'est finalement le « non » qui l'a emporté dans le référendum organisé en Californie sur l'étiquetage OGM, Le vote sur la «proposition 37», a recueilli 54% de voix opposées à cette initiative - au motif que l'étiquetage aurait coûté trop cher- , vivement combattue par les poids lourds de l'industrie agroalimentaire, qui ont été soutenus par l'administration Obama. Les industriels ont dépensé 40 millions de dollars pour combattre cette mesure. Parmi eux : Bayer, BASF, Coca Cola, Kellogg's, PespsiCo, Kraft Food, Coca, Unilever, Nestlé USA et bien sûr, Monsanto pour un montant de 1,913 million de dollars. L'administration Obama pro-OGM Plusieurs sites de la firme Monsanto ont été occupés depuis le début de l’année, comme « Occupy D.C. Monsanto » à Washington ou « Shut Down Monsanto » en Californie. Mais la multinationale n’est pas la seule cible du mécontentement. L’attitude pro-OGM de l’administration Obama a déçu les partisans d’un meilleur encadrement de l’industrie des biotechnologies. Aux États-Unis, il ne s’agit en effet pas d’être pour ou contre les OGM alors que plus de 90 % du soja, du maïs, du colza et de la betterave cultivés sont génétiquement modifiés. Pour les défenseurs d’une agriculture sans OGM, l’enjeu est de pouvoir continuer à faire avec. Un ancien responsable de Monsanto nommé au Département de l’alimentation et de la santé La nomination d’un ancien responsable de Monsanto à l'Agence américaine de l'alimentation et des médicaments (FDA) en 2009 continue de faire des vagues. Une pétition lancée en début d’année réclame son départ et dénonce le conflit d’intérêts entre la firme des biotechnologies et l’agence en charge de statuer sur l’innocuité des aliments contenant des OGM. En quelques semaines, 430 000 signatures ont été réunies. Le ministère de l’agriculture (USDA) est aussi pointé du doigt. En février, un haut responsable du ministère a annoncé l’accélération du processus d’autorisation des cultures GM, en augmentant son budget de près de 40 % en 2012. Pour Bill Freese, du Center for food safety, le dispositif d’autorisation se réduit à un « bureau d’enregistrement » des demandes des industriels. Interrogé par Bloomberg fin février, le représentant de cette ONG basée à Washington s’indigne de la validation systématique des dossiers : « un réel système de réglementation doit de temps en temps refuser des demandes ». Autre revers, l’autorisation sans contrainte de la luzerne OGM de Monsanto début 2011. Cette décision de l’USDA a mis fin à plusieurs années de bataille juridique entre les partisans d’une dérégulation totale et ceux qui réclamaient une meilleure prise en compte des problèmes de contamination. En effet, la luzerne alflafa est une plante fourragère largement utilisée pour nourrir le bétail, en particulier en agriculture biologique. Or, la pollinisation par les insectes de cette plante pérenne augmente beaucoup les problèmes de contamination. Face à ces risques, différentes organisations réclamaient un encadrement de la mise en culture de la luzerne OGM. Sans succès. L’USDA a tranché en faveur de l’industrie des biotechnologies, laissant aux agriculteurs bio la responsabilité de garantir leurs produits sans OGM. 55 membres du congrès américain favorables à un étiquetage Pour réagir, des agriculteurs biologiques ont intenté un procès à Monsanto, accusant la multinationale de les menacer avec la dissémination incontrôlée de ses semences brevetées. Les agriculteurs voulaient ainsi se prémunir d’éventuelles plaintes de Monsanto pour violation de brevets si leurs cultures venaient à être contaminée par des OGM. La firme a déjà gagné 144 procès contre des agriculteurs accusés d’avoir utilisé frauduleusement ses semences. Peine perdue pour Osgata, l’organisation qui représentait les intérêts des agriculteurs biologiques. Le 29 février 2012, la cour fédérale de Manhattan a débouté son action, au motif que Monsanto n’a jusqu’à ce jour poursuivi aucun des plaignants. Face à la progression inflexible des cultures OGM, l’action citoyenne s'est focalisée sur l’étiquetage. Réunissant plus de 400 organisations et entreprises, la campagne « Just label it » a obtenu le soutien de 55 membres du congrès américains. Les organisations de défense des consommateurs ont l’opinion publique de leur côté, plus de 90 % des Américains souhaitant savoir s’ils mangent des OGM. Cette campagne s’appuie aussi la réglementation en vigueur dans le reste du Monde, alors que plus de quarante pays imposent l’étiquetage des produits OGM. Jusqu’à présent, le gouvernement américain a justifié l’absence d’information des consommateurs au motif qu’il n’y avait pas de différences « matérielles » entre les aliments OGM et non-OGM, c’est-à-dire pas de différences sensibles. Le département utilise « des critères du XIXe siècle pour réglementer une technologie du XXIe siècle », ironise l’ONG Beyond Pesticides membre de la campagne « Just label it ».
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Magali Reinert et Véronique Smée |