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23 février 2011 3 23 /02 /février /2011 07:42

 

 

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23/02/2011


Cyrielle BALERDI


«Une année décisive pour la protection de la zone marine face aux falaises du Jaizkibel», voilà la conviction affichée par le Collège officiel des biologistes du Pays Basque (Cobe) et Océana, à la suite de la nouvelle étape franchie par le Parlement basque la semaine dernière pour tenir compte de la richesse des flancs maritimes de Jaizkibel-Ulia et définir une zone protégée. Le gouvernement basque et le ministère de l'Environnement espagnol ont désormais un an pour étudier la proposition du Cobe et d'Océana de «créer un couloir écologique marin de 35 km, couvrant une zone de 27 000 hectares entre Saint-Sébastien et Biarritz et abritant plus d'un millier d'espèces animales, ainsi que son intégration au réseau Natura 2000».


Un pas qualifié de «décisif vers la protection de la biodiversité marine» par le directeur de recherche d'Océana Europe, Ricardo Aguilar. Une décision importante, puisqu'elle pourrait bien témoigner d'un réel changement au sein des institutions qui semblaient jusqu'ici donner la priorité au plan directeur des infrastructures du port de Pasaia.


Le super-port extérieur en question ?

Un port de taille moyenne, assorti d'un petit port de pêche, mais dont la Communauté autonome souhaite faire l'un des plus importants de la côte. Il y a quatre mois, le Conseil général du Gipuzkoa demandait de refuser toute protection des espaces impliqués en ce qui concerne le projet du nouveau port extérieur, ainsi que des aires nécessaires à la construction des sites de communications et à l'entrée du port. Le projet qualifié de «pharaonique» par les écologistes de la plateforme Jaizkibel Bizirik, consiste à déplacer les activités portuaires vers la mer, et plus exactement sur les flancs du mont Jaizkibel, où il s'agirait de construire une plateforme en béton d'au moins 100 hectares avec un bassin de même superficie, des docks de 2 700 m2 de long qui prendront leurs assises sur des piliers immergés à 35 mètres de profondeur dans l'océan. L'accès terrestre se fera quant à lui par deux tunnels creusés sous le Jaizkibel, protégé côté terre par le programme européen Natura 2000, mais pas côté mer.


Et c'est bien ce qui fait bondir de nombreux acteurs de l'environnement. «Depuis le nord de l'Europe, en Hollande, jusqu'à la Bidassoa, tous les espaces marins sont protégés par le programme Natura 2000», explique Iñaki Azkarate, du Cobe. «Il incombe à présent au gouvernement basque et au ministère de l'Environnement de respecter la législation internationale», affirme de son côté Ricardo Aguilar. «On leur demande de travailler ensemble, pour définir le modèle de protection du domaine maritime».«Cet accord parlementaire marque un avant et un après dans les perspectives de protection marine dans la mer Cantabrique basque. [...] La configuration de ce couloir marin transfrontalier fournira davantage de cohésion territoriale par rapport aux relations entre les territoires du Nord et du Sud du Pays Basque tout en améliorant les perspectives économiques, environnementales et touristiques de cette partie du littoral», a de son côté affirmé Jon Ander Etxbarria, du Cobe. Or, des infrastructures prévues comme le port extérieur de Pasaia, largement décrié par les associations environnementales, pourraient bien se trouver remises en question par la protection de Jaizkibel-Ulia...


Un projet jugé «écocidaire»...

Jugeant le projet du supert-port extérieur «écocidaire», la trentaine d'associations réunies sous la bannière du collectif Jaizkibel Bizirik a remis aux autorités portuaires de Pasaia près de 8 500 signatures de citoyens s'opposant à la construction d'un nouveau port. Trois associations de défense de l'environnement du Pays Basque Nord - l'Action citoyenne environnementale (Ace), le Cade et l'association pour la montagne Auñamendi - ont par ailleurs rendu publique leur analyse des différents documents officiels, notamment du rapport d'étude d'impact environnemental du PDIPP (Plan directeur d'infrastructures du port de Pasaia). L'étude du rapport met en évidence les «graves impacts environnementaux du projet, même dans sa version la plus réduite» et conclut par la demande du retrait pur et simple du projet.


Deux points concrets ont été mis en avant. Le premier relatif à l'impact environnemental. «L'étude approuvée par le conseil d'administration de l'autorité portuaire de Pasaia, estime que l'effet de la construction du super-port sur l'environnement serait `sévère' et qu'il pourrait même être considéré comme `critique', c'est-à-dire `irréversible', si le projet n'incluait pas 34 mesures correctrices qui pourraient réduire le dit impact, et qui augmenteraient, selon les premières estimations, le prix de l'opération de 10 % ou 15 % sur le budget de 765 millions d'euros». Les signataires assurent également que les alternatives 3 et 4 de cette étude «provoqueraient la séparation physique des falaises du Jaizkibel de la mer sur 2 700 mètres. La symbiose terre/océan de ce milieu exceptionnel serait définitivement rompue». Ils signalent enfin que le «super-port» aura une «incidence directe sur la faune et la flore des zones décrétées Natura 2000 ou d'intérêt communautaire en Pays Basque Nord». Les plages d'Hondarribia et d'Hendaye, la corniche, le domaine d'Abbadia ou encore l'île aux Faisans... Pour Maryvonne Gervaise, présidente d'Ace, il ne fait aucun doute que «les impacts négatifs y seront considérables. [...] Sachant qu'en mer il n'y a pas de frontière».


Le second point soulevé par leur rapport se réfère à la contamination acoustique des océans. Ils considèrent en effet que l'augmentation du trafic pourrait «perturber gravement la faune aquatique» et en particulier, «les espèces stables de cétacés ayant élu domicile sur les franges du Jaizkibel et du mont Ulia, mais aussi de la côte hendayaise».


... et à contre-courant des directives européennes ?

Pour contrer ce projet, la norme européenne semble donc être la carte à abattre par les associations. A travers le réseau Natura 2000, l'Union européenne (UE) exige en effet, outre une évaluation des incidences, «qu'il n'existe pas de solutions alternatives» et «que celui-ci soit motivé par des raisons impératives d'intérêt public». Par ailleurs, la proposition étudiée de la protection des aires Ulia-Jaizkibel générera un important corridor écologique qui pourrait aller à l'encontre d'une telle réalisation. Dès demain, Océana participera à une table ronde organisée par la mairie d'Hondarribia pour aborder la construction du port extérieur. Leur rapport a, quant à lui, d'ores et déjà été remis aux dix municipalités concernées, situées entre Saint-Sébastien et Biarritz.


 

Source : http://www.lejpb.com/paperezkoa/20110223/250114/fr/Jaizkibel--patrimoine-naturel-vs-port-exterieur

 

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