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13 juin 2013 4 13 /06 /juin /2013 18:54

 

 

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Les rapporteurs visitent le site pétrolier de Champotran

(Seine-et-Marne), mai 2013 (DR)

 

lundi 10 juin 2013                                                        

Par Jade Lindgaard

 

Le gaz de schiste partage avec le nucléaire le goût de ses promoteurs pour les images métaphoriques. Jeudi matin 6 juin, le député socialiste Christian Bataille et le sénateur UMP Jean-Claude Lenoir, tous deux membres de l’office parlementaire d’évaluation des choix techniques et scientifiques, n’ont pas dérogé à cette règle. Lors de la présentation de leur rapport sur les techniques alternatives à la fracturation hydraulique, ils ont multiplié les analogies à visée pédagogique. Ainsi, évoquant les additifs chimiques utilisés dans les forages par fracturation hydraulique – l’une des principales sources de pollution- le sénateur brandit la petite bouteille d’eau posée sur sa table, et disserte sur les différents sens du mot « chimique » : « dans cette bouteille, il y a un produit chimique qui s’appelle de l’eau ». De là à comparer l’eau à l’éthylène glycol présent dans les fluides de fracturation, il y a une belle acrobatie rhétorique réalisée par l’élu.


Dans le même ordre d’idée, le sénateur UMP compare les « micro fissures » de la roche provoquées par la fracturation, à des « cheveux ». Quant à ceux qui désespèrent de ne pouvoir exploiter ces gaz de schiste, à cause de l’actuelle interdiction de la fracturation hydraulique, il tient à les rassurer : « Quelqu’un, en Allemagne de l’Est, qui se demandait "y-a-t-il une alternative à la Trabant, lourde, qui rejette beaucoup de gaz carbonique ?" Eh bien oui, il y a une alternative aujourd’hui. Cette image peut être retenue pour notre sujet ». Ce ne sont que des propos de conférence de presse mais ils ont de quoi attiser la curiosité sur le contenu réel du rapport. Or la lecture de ce document d’une centaine de pages révèle toute une série d’approximations et d’oublis qui présentent une vision particulièrement tronquée du sujet. « La fracturation peut se concevoir uniquement avec des produits de type ménager, peu ou pas toxique » (p . 47)


Si l’exploitation des gaz et huiles de schiste dégrade l’environnement, c’est en grande partie à cause des additifs chimiques contenus dans les fluides de fracturation bombardés sous terre : acide chlorhydrique, polyacrylamide, éthylène glycol… Selon le rapport Bataille-Lenoir, cette fracturation peut se concevoir uniquement avec des produits de type ménager, peu ou pas toxiques. Voire même avec des produits d’usage alimentaire, telle la gomme de guar, une fibre végétale soluble utilisée par l’industrie agroalimentaire. À titre d’exemple, nous est présentée la composition de la substance « cleanstim » fabriquée par le groupe américain Halliburton (p. 48) : pâte de soja, jus de fruits, amidon alimentaire, sucre glace, lait et crème de noix de coco, chocolat de glaçage, blancs d’œufs… On en mangerait.


Ce produit est utilisé à ce jour dans 32 puits précisent les rapporteurs. Trente-deux puits sur les 500 000 puits de gaz de schiste creusés aux États-Unis. Soit 0,0064 % des forages. Même avec beaucoup de mauvaise foi, difficile de considérer cet exemple comme représentatif. Cette affirmation fait d’ailleurs bondir le président de la commission du développement durable de l’Assemblée nationale, Jean-Paul Chanteguet : la fracturation hydraulique « utilise aujourd’hui 750 composés chimiques, dont 29 ont été reconnus cancérigènes et à risque pour la santé humaine, auxquels il faut ajouter l’arsenic et les éléments radioactifs qui remontent des couches fracturées vers la surface ».

 


Source: http://www.altermonde-sans-frontiere.com/spip.php?article23201

 

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