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10 octobre 2013 4 10 /10 /octobre /2013 07:47

 

 

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Alors que la situation s’envenime à Fukushima, le taux de radioactivité ne cessant de grimper, on pourrait à venir à s’interroger : sommes-nous en train d’assister à une réaction en chaîne à ciel ouvert ? En effet, depuis maintenant 30 longs mois, Tepco, évoquant à la fin 2011, un « arrêt à froid  » ne maitrise pourtant pas grand-chose.


Entre les fuites à répétitions, volontaires ou accidentelles, polluant la nappe phréatique située sous la centrale, ainsi que l’Océan, stockant dans des containers parfois fragiles, des milliers de litres d’eau fortement radioactive, l’exploitant nucléaire ne semble pas en capacité de résoudre quoi que ce soit, même s’il affirme aujourd’hui avoir remis en état de marche une unité de dépollution partielle de l’eau et assurant qu’à la mi-novembre, il va s’employer à vider la piscine si préoccupante du réacteur n°4.


Il s’agira de retirer 1331 assemblages usés, et 202 neufs, sans provoquer de choc, et en les refroidissant en permanence afin d’éviter une réaction en chaîne de fission nucléaire. lien


On sait que ce qui se trouve dans cette piscine représente 85 fois la quantité de Césium 137 libéré lors de la catastrophe de Tchernobyl. lien


Novembre sera donc le mois de tous les dangers.


Dans un communiqué à la presse récent, Tepco annonçait donc qu’il avait réussi à remettre en service une des 4 unités de décontamination d’eau radioactive, et a donc effectué un test à chaud, avec le système ALPS, avec comme but de « purifier l’eau contenue dans les réservoirs d’ici à fin mars 2015 »…challenge qui demande à être prouvé au vu des centaines de réservoirs accumulés sur le site, ce qui représente environ 400 000 tonnes d’eau chargée de césium, strontium, tritium et d’autres substances radioactives… sachant que ce volume augmente de 400 tonnes chaque jour, et que 300 tonnes rejoignent quotidiennement l’Océan. lien


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Ces espoirs semblent bien fragiles, puisque entre le 27 et le 28 septembre, le système de décontamination d’eau a dû être stoppé « en raison d’un problème  ». lien


L’exploitant a seulement pu « traiter » 100 tonnes d’eau, remettant à plus tard la dépollution du reste, ce qui va retarder la décision du gouvernement japonais de rejeter en mer l’eau qui serait partiellement dépolluée. lien


En attendant, le système de « dépollution » est de nouveau en panne, et pour combien de temps ?


Une difficulté supplémentaire vient de se faire jour dans la centrale dévastée : un trou a été découvert dans le dispositif de protection, lequel devait permettre de bloquer le passage d’éléments radioactifs dans la mer. Tepco affirme que cela n’a pas montré « d’augmentation notable » de la radioactivité dans la mer, mais on peut légitimement en douter. lien


Pourtant contre toute attente, alors que la radioactivité augmente chaque jour un peu plus autour du site et dans l’Océan, l’état japonais vient d’autoriser aux pécheurs de 21 bateaux de reprendre leurs activités maritimes, le premier ministre japonais assurant qu’au-delà de 300 mètres du port de la centrale, il n’y avait pas de danger, (lien) oubliant manifestement que récemment, un bar péché a plusieurs kilomètres de Fukushima présentait une radioactivité 10 fois supérieure à la limite autorisée (1000 Becquerels par kilo)lien


Ajoutons que l’on sait, depuis Tchernobyl, que la radioactivité se joue des frontières, et comme l’ont déclaré 3 chercheurs américains : « ces résultats indiquent que le thon rouge du Pacifique peut transporter rapidement des radionucléides d’un point au Japon vers des écorégions éloignées et démontrent l’importance des animaux migrateurs en tant que vecteurs de transport  », puisque des thons péchés au-delà des côtes californiennes présentaient des taux de radioactivité 10 fois plus élevés que dans les populations de thons observés avant Fukushima.


Dès lors, la déclaration lénifiante du premier ministre japonais ne s’appuie sur rien qui ne soit crédible, celui-ci prenant une responsabilité conséquente concernant la santé de ses concitoyens. Oublions donc ces fausses annonces, ces décisions discutables, et ces informations lénifiantes, mais comment expliquer cette montée continue de la radioactivité dans l’eau, le sol, et l’air tout autour du site sans envisager le scénario possible d’une réaction en chaîne à ciel ouvert ?


Monique Séné, la physicienne présidente du GSIEN (groupement des scientifiques pour l’information sur l’énergie nucléaire) répondant à la question « qu’en est-il de la question posée par plusieurs internautes s’interrogeant sur la possibilité d’une réaction en chaîne à ciel ouvert à Fukushima, ce qui expliquerait la montée continuelle de la radioactivité dans le site dévasté  », écrivait : « je ne pense pas. C’est une explosion locale au sein du mélange qui ne sera pas confinée, donc pas de suite. Par contre il y aura une bouffée de neutrons importante et un dégagement de radioactivité  ». Elle ajoutait : « oui, il est possible d’avoir dans la masse de lave un rassemblement de masse critique qui générerait localement une explosion avec libération de neutrons et un nuage radioactif (…) mais cette explosion disperserait la lave et la réaction s’arrêterait ».


Or l’on sait aujourd’hui qu’un tel scénario s’est déjà produit sur notre planète. C’est le physicien français Francis Perrin, qui a découvert en 1972 la réalité de cette possibilité.


La Cogema exploitait la mine d’uranium d’Oklo au Gabon, près de la ville de Franceville, dans la province du Haut-Ogooué, et le physicien affirmait que des réactions de fission nucléaire en chaîne auto-entretenues y avaient eu lieu sans intervention humaine. lien


C’était il y a près de 2 milliards d’années. lien


16 « réacteurs nucléaires naturels » ont été identifiés dans le secteur d’Oklo, et un autre dans celui de Bangombé, et si cette réaction en chaîne a été rendue possible, c’est que d’une part on se trouvait en présence d’un taux d’isotope 235 d’uranium naturel qui avoisinait 3,5%, dont une partie aurait fissionné durant 150 000 à 800 000 ans, grâce à des chaleurs de l’ordre de 350 à 450°C pour des pressions de 15 à 20 MPa, soit les conditions proches de celles d’un réacteur à eau pressurisée de nos jours. Ajoutons que les nappes d’eau en profondeur permettaient de ralentir les neutrons fissionnant les atomes d’uranium 235. lien


Sur ce sujet, Monique Séné ajoutait : « à Oklo, on était dans le filon et cette réaction a été possible par la présence d’eau et surtout par une forte concentration d’uranium 235 (…) à Fukushima, il peut donc y avoir localement reprise de criticité, mais il n’y a pas le confinement rocheux, donc c’est plus éphémère ».


Quant à l’exploitant, il doit avoir sa petite idée de la situation, mais si on veut bien se rappeler qu’il a mis plus de 2 ans à avouer que le cœur de 3 réacteurs de Fukushima avait fondu, à avouer aussi que de l’eau radioactive rejoignait la mer depuis mai 2011, on devine aisément que, s’il en avait la preuve, il ne médiatiserait pas cette possible réaction en chaine à ciel ouvert.


A suivre donc.


Il faudrait aussi s’attarder à découvrir la vie de ceux qu’on appelle improprement les « liquidateurs », puisqu’ils seraient en réalité plutôt des futurs liquidés pour un bon nombre d’entre eux. lien


Ils sont chaque jour 3000 présents sur le site, à remplacer les robots défaillants, dont les processeurs tombent régulièrement en panne, mal payés, travaillant dans des conditions difficiles, mal équipés, sous des chaleurs avoisinant les 40%, subissant pour au moins 1000 d’entre eux, des doses dépassant 50 fois la norme admissible en France, payés moins que notre SMIC, et surtout pas formés pour un tel emploi.


Depuis le début de la catastrophe, ils ont déjà été près de 20 000 à avoir travaillé sur le site dévasté.


Combien finalement y laisseront leur santé, leur vie ? Il est difficile d’en savoir beaucoup plus, car lorsqu’ils signent leur contrat d’engagement, ils sont tenus à ne pas communiquer sur leur situation, et leurs éventuelles difficultés. lien


On le voit, à Fukushima, on a beaucoup plus de questions que de réponses.


Les seules certitudes aujourd’hui sont d’ordre financier : il en coutera au moins 100 milliards d’euros pour le démantèlement, même si on peut raisonnablement penser que cette somme sera dépassée, et qu’il pourrait être illusoire d’imaginer que ce démantèlement sera possible.


La catastrophe nucléaire aurait généré 470 000 tonnes de gravats contaminés, sans traitement à ce jour. lien


Il faudrait aussi quantifier les autres conséquences de ce drame : les personnes déplacées, la terre durablement polluée, et les autres pays touchés…


Comme dit mon vieil ami africain : « demain est le jour le plus chargé de la semaine ».


L’image illustrant l’article vient de « wikistrike.com » 

Merci aux internautes de leur aide précieuse.


Olivier Cabanel


L’observatoire du nucléaire est menacé, pour le soutenir, ici

 

 


Source : http://www.agoravox.fr/actualites/environnement/article/fukushima-reaction-en-chaine-a-141613

 

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