On le sait, non seulement le poulet industriel a un goût de carton-pâte, mais en plus sa carcasse est souvent tartinée d’Escherichia coli. Il faut dire qu’avec 22 poulets au mètre carré qui piétinent dans les fientes contaminées, l’Escherichia coli s’en donne à cœur joie dans les poulaillers industriels.
Normalement, à l’abattoir, en plumant, éviscérant et lavant les volailles dans les règles de l’art, on pourrait limiter la casse. Sauf qu’il y a un os : question hygiène, presque la moitié de nos abattoirs de volailles sont hors clous. La France se fait d’ailleurs régulièrement taper sur les doigts par les inspecteurs vétérinaires européens.
D’autant plus fâcheux qu’en plus des gastros la consommation de poulets farcis à l’Escherichia coli serait responsable de nombreux cas de cystite. La nouvelle est tombée au début du mois dans l’une des plus prestigieuses revues d’infectiologie (« Emerging Infectious Diseases »).
En allant prélever des échantillons de poulets dans les rayons des magasins et dans les fast-foods, des chercheurs canadiens se sont aperçus que les souches d’Escherichia coli étaient souvent les mêmes que celles retrouvées dans les urines des malades soignés pour une cystite. Les 5 millions de Français et surtout de Françaises qui, chaque année, écopent de cette infection urinaire savent désormais que le coupable, c’est le poulet !
Et les chercheurs d’expliquer que, à force de gaver les poulets d’antibiotiques pour tenter de se débarrasser d’Escherichia coli, on a fini par créer des souches ultra résistantes chez l’homme. Le pire, c’est que les américains risquent d’en profiter pour remettre sur la table leur « poulet à l’eau de Javel ».
Vous savez, cette méthode qui consiste à nettoyer la volaille en la trempant dans un bain d’eau chlorée et que l’Europe avait retoquée in extremis. Tout ça donne la chair de poule !...
Le Canard Enchaîné N° 4657 du 27 janvier 2010