Alain Rousset et Martin Malvy : nécessaire solidarité entre les présidents socialistes des conseils régionaux d'Aquitaine et de Midi-Pyrénées. (Photo archives « Sud Ouest »)
Alain Rousset appelle Martin Malvy à jouer collectif. Il croit à la liaison vers Dax dans un premier temps.
Publié le 06/09/2013 à 06h00 | Mise à jour : 06/09/2013 à 09h06
Par Jean-Bernard Gilles
« La Région Midi-Pyrénées ne gagnera pas son combat pour la desserte TGV de Toulouse sans l’Aquitaine, qui doit, elle aussi, s’inscrire dans un combat collectif », a déclaré hier matin Alain Rousset, le président du Conseil régional d’Aquitaine, à l’occasion de sa conférence de presse de rentrée.
Très offensif sur le sujet ferroviaire, le président du Conseil régional d’Aquitaine croit que le gouvernement prendra bientôt une décision différente de celle annoncée au début de l’été par Jean-Marc Ayrault.
Rappelons que le Premier ministre, quelques jours avant la catastrophe ferroviaire de Brétigny-sur-Orge, avait mis un coup d’arrêt aux très nombreux projets de création de lignes nouvelles à grande vitesse, pour des raisons financières d’une part, et pour satisfaire les alliés écologistes de son gouvernement qui plaident pour la modernisation des voies ferrées existantes d’autre part.
Il avait ainsi tiré un trait sur un des deux volets du Grand Projet du Sud-Ouest (GPSO), l’axe Bordeaux-Hendaye, dont la réalisation éventuelle est reportée au-delà de 2030. Seule la ligne nouvelle Bordeaux-Toulouse tirait son épingle du jeu.
Il n’en fallait pas plus pour déclencher l’ire des élus du sud de l’Aquitaine. Leurs collectivités avaient, il est vrai, été sollicitées pour financer les travaux, en cours, de la ligne Tours-Bordeaux, avec la promesse que la grande vitesse desservirait dans un second temps les territoires des Landes et des Pyrénées-Atlantiques. De droite comme de gauche, ils ont alors décidé de geler leur participation. « Il faut bien que nous trouvions un point de pression pour peser dans les discussions avec nos interlocuteurs parisiens », a justifié Alain Rousset, dont la collectivité, pourtant la plus engagée de toutes, n’a pas suspendu ses financements. Le manque à gagner pour Réseau ferré de France (RFF), qui avait pu jusque-là absorber les défections de la Région Poitou-Charentes, du Conseil général des Deux-Sèvres ou des Conseils généraux du Lot-et-Garonne ou du Gers, est de 300 millions d’euros. De quoi peser dans les négociations en cours.
Si l’on en croit les déclarations du président du Conseil régional hier, le dossier serait donc en train d’évoluer positivement pour les partisans de la grande vitesse.
Comme l’avait annoncé le Premier ministre au début de l’été, les études sur l’ensemble du tracé du GPSO, soit une LGV vers Toulouse et vers Hendaye, devraient se poursuivre.
Le ministre délégué aux Transports, Frédéric Cuvillier, pourrait demander dans les prochaines semaines à RFF de lancer l’enquête d’utilité publique sur les 460 kilomètres des deux tronçons au sud de Bordeaux. « Nous n’attendons plus que cet ordre », indiquait-on à RFF au début de l’été. L’étape est indispensable pour geler les tracés, acquérir les terrains et prévenir toute urbanisation sur les tracés.
La déclaration d’utilité publique pourrait alors être prise en 2015. « Nous avons aussi bon espoir qu’à l’occasion du prochain sommet franco-espagnol d’octobre, le gouvernement annonce son intention de réaliser la ligne vers Dax dans un premier temps », a indiqué hier Alain Rousset, rejoignant les arguments développés à Paris par Henri Emmanuelli, le président du Conseil général des Landes. La liaison Bordeaux-Captieux-Dax est d’ailleurs bien moins coûteuse au kilomètre que celle au sud de Bayonne (15 kilomètres de tunnels) ; un argument de poids alors que la question du financement de ces lignes nouvelles au sud de Bordeaux demeure encore une énigme à 12 milliards d’euros.
Si le scénario d’Alain Rousset se vérifie, nul doute que les opposants à la grande vitesse repartiraient en campagne, à quelques mois des élections municipales. Hier, le président Alain Rousset a dit comprendre ceux qui s’opposent parce que leur propriété est sur le projet de tracé, mais il a critiqué ouvertement la diaspora basque de Paris qui agit contre le dossier en sous-main.
Il a enfin contesté le sérieux de l’étude alternative présentée cet été par les élus des communautés de communes du Sud Pays basque, qui plaide pour une modernisation de la ligne existante, cinq fois moins chère que la construction d’une ligne nouvelle. « Je ne vois vraiment pas comment Mme Alliot-Marie mettra tous les trains annoncés à des vitesses différentes sur une même voie » a lancé, ironique, Alain Rousset.
Source : http://www.sudouest.fr/2013/09/06/les-coulisses-de-la-lgv-1160325-2780.php