La commission d'enquête publique a émis, à l'unanimité, un avis défavorable au projet présenté par EDF, de mise à l'arrêt définitif et de démantèlement complet de l'installation d'entreposage de matériels de la centrale nucléaire des Monts d'Arrée : Brennilis.
Les interventions favorables mettent en avant :
- L'impossibilité de confiner les déchets dans l'enceinte réacteur et de transformer le site en mausolée, compte tenu de la nature du sol et de la présence d'une nappe phréatique qui affleure en certains endroits ;
- Le financement par EDF, possible aujourd'hui, alors que rien ne garantit qu'EDF l'assumera plus tard ;
- Le fait que les bâtiments et les installations se dégradent et que leur maintien en bon état de fonctionnement entraînerait des surcoûts en cas de démantèlement différé;
- Le risque de perte d'informations relatives aux conditions de mise à l'arrêt de la centrale ;
- L'assurance que le chantier sera surveillé de près par l'ASN, la CLI (Commission Locale d’Information), l'ACRO (Association pour le Contrôle de la Radioactivité dans l’Ouest), les associations ;
- L'impact positif pour l'emploi, l'économie locale et le développement touristique des Monts d'Arrée ;
- Le caractère exemplaire de l'opération pour le démantèlement ultérieur des autres sites nucléaires.
L'opposition du public se fonde, principalement, sur les arguments suivants :
- L'absence de Débat Public National préalable sur le problème du démantèlement des installations nucléaires en fin de vie, ce qui serait contraire au droit européen ;
- L'absence de justification de l'option retenue par EDF de démantèlement immédiat, ce qui serait contraire à la législation sur les études d'impact ;
- Les carences du dossier d'enquête (inventaire radiologique initial, incidence sur les ZNIEFF…) ;
- L'absence de site dédié au stockage des déchets FMA (Faible ou Moyenne Activité) à vie longue ;
- L'absence de centre d'entreposage pour les déchets FMA à vie longue et les FMA à vie courte et à envoi différé ;
- L'absence d'analyses contradictoires effectuées par des organismes indépendants d'EDF ;
- L'absence d'information sur le coût estimé du démantèlement ;
- L'absence de garanties sur le niveau de dépollution final du site.
La commission d'enquête estime que "l'urgence de démanteler le bloc réacteur, actuellement confiné dans l'enceinte réacteur, largement au dessus du niveau de la nappe phréatique, n'est pas démontrée et que ce démantèlement est prématuré tant que l'ICEDA (l’Installation de Conditionnement et d’Entreposage des Déchets Activés) n'est pas opérationnelle".
Toutefois, la commission d'enquête demande que la phase 2 du démantèlement soit achevée dans les plus brefs délais et qu'ainsi EDF soit autorisée dès maintenant à :
- compléter l'inventaire de l'état initial, radiologique et chimique du site,
- terminer les opérations de démantèlement de la Station de Traitement des Effluents (STE),
- assainir et combler le chenal de rejet des effluents sans l'Ellez,
- assainir les zones de pollution diffuse,
- engager le démantèlement des échangeurs après leur caractérisation radiologique.
Enfin, la commission d'enquête demande que la CLI dispose des moyens financiers nécessaires pour mener sa mission d'information de la population et faire procéder à des expertises contradictoires.