Solidarité avec Massimo Passamani et Daniela Battisti
Camp anti-TAV, Val de Susa, 6 août 2012. Nous sommes parmi les deux cents personnes qui écoutent l’intervention d'un économiste, opposé au projet de la ligne à grande vitesse. Ensuite, le récemment arrêté Massimo Passamani expose une proposition d’action pour le débat. Les deux compagnons dénoncent ce qui est de plus en plus évident : en Europe, le Capital se situe au-dessus du système politique représentatif et se moque complètement d’une quelconque nécessité de légitimer ses décisions. Il veut s’attaquer sans aucun scrupule à ce qui reste du moribond ‟bien public” et s’en emparer pour toujours. Aujourd'hui, nous pouvons vérifier que ceux qui s'opposent à une telle stratégie seront mis à l’écart, qu’ils vont essayer de neutraliser les personnes et de criminaliser les idées dissidentes.
Certains pensaient qu’ils pourraient arrêter la construction des projets européens de grandes infrastructures à cause du manque d'argent provoqué par la crise ? Ils avaient tort. Ainsi le démontre la “Sintesi Della nuova architectura del TAV”, explication exhaustive et concrète des mécanismes italiens de financement des infrastructures approuvés depuis 2011. L’intelligence au service du Capital, réunie dans un gouvernement appelé ‟technocratique” n'a pas tardé à mettre à jour tout un arsenal juridico-financier qui lui permettra de continuer à investir ... même sans argent. Ni nécessité de viabilité économique. Encore moins de la rentabilité des travaux projetés. Ainsi aujourd'hui, la dernière offensive du Capital consiste à étancher sa soif de profits en utilisant comme garantie les derniers fonds publics. En Italie, précise l’exposé alors que la nuit alpine rafraichit, la loi autorise l'investissement privé avec des garanties publiques telles que les fonds de pension et la banque postale. De même que de nombreuses compensations économiques et financières, l'allongement de la durée des concessions de gestion, la participation publique aux risques liés à la gestion des ouvrages construits, des avances de TVA sur 10 ans par l’administration publique à des entreprises privées, l’imposition des infrastructures à un taux maximal de 12,5% pour l’ensemble de leurs éléments, etc. Le document complet est disponible sur la page www.notavbrenno.eu.
"Una proposta" est la contribution de Massimo Passamani, que nous résumons ci-dessous. Elle commence en contextualisant le fait que «le mouvement anti-TAV [dans l'Etat italien] est soumis maintenant à de fortes pressions politiques, médiatiques, policières et judiciaires. Non seulement en raison des grands intérêts auxquels il se heurte, mais aussi en raison de la solidarité qu’il recueille. Au-delà du train à grande vitesse, le drapeau anti-TAV est pour beaucoup aujourd'hui, un drapeau de la révolte.» En outre, le document appelle à démontrer l’«hostilité» envers les projets et l’«inhospitalité envers ceux qui les font fonctionner.» Il suggère l'idée d'une campagne de dénigrement contre la colossale entreprise de construction CMC. Entreprise de travaux publics coopérative qui n’est ‟rouge” que du ‟sang” qu’elle fait couler en contribuant à construire les bases et les infrastructures militaires de l'armée américaine en Italie. Mais, plus important encore, la proposition ose examiner les collusions économico-politico- financiario-spéculative entre la CMC, les banques Banca Infrastrutture Investimento e Sviluppo (BIIS) et Intesa San Paolo et une série de ministres et hauts fonctionnaires du gouvernement Monti. Les uns se chargeant de construire, les autres de spéculer, les derniers de légiférer. En appelant les choses par leur nom, la proposition dénonce que «l'entente entre la CMC et Intesa San Paolo révèle bien les véritables raisons du Front-Si-TAV et illustre, en particulier, la combinaison d'intérêts entre le PD [Parti Démocrate] et le gouvernement Monti.». Il n'est pas étonnant qu’après l'arrestation de Massimo, le député du Piémont pour le Parti démocrate (alliance stalino-mafieuse entre le Parti communiste italien, le Parti socialiste et la démocratie chrétienne), Stefano Esposito, lors d’une conférence de presse, s’est élevé comme un toutou en défense de la répression ouverte. Il a qualifié Massimo de «chef» d'une structure « militaire » [«l’aile militaire et violente du mouvement No-TAV»] et a appelé les habitants de Val de Susa à «prendre leurs distances avec un inculpé pour subversion.» En Euskal Herria, nous connaissons les conséquences de l’appel à l’isolement des violents.
Les nuits alpines sont fraîches et les levers du soleil dangereux. Massimo Passamani et Daniela Battisti, ainsi que la dizaine de personnes qui ont subi les perquisitions de leurs maisons le 27 août peuvent en témoigner. Quelle coïncidence que cette opération de police ait été effectuée trois jours avant le début du camp du second front ouvert contre la grande vitesse ferroviaire dans l'Etat italien : celui situé dans la vallée de Trente.
Nous devons avoir présent à l’esprit que le capital et ses défenseurs ont désormais renoncé à la propagande et/ou à la légitimation de leurs actions. De plus en plus, ils vont recourir à la criminalisation des personnes et des idées dissidentes. Hier en Euskal Herria, aujourd'hui en Italie. La lutte contre les grands travaux en Europe – et le TAV est le plus important d'entre eux – en est arrivé au-delà des motivations contre l’irrationalité des projets et est devenu le paradigme de la nécessité de se défendre face aux attaques violentes contre les niveaux minimaux d’une existence digne. Les mouvements contre les TAV-LGV, nous devons dénoncer cette nouvelle stratégie du Capital, en l'analysant comme l'un des nombreux mécanismes d'appauvrissement collectif et nous y opposer. C'est la raison pour laquelle nous devons adapter notre stratégie et notre tactique à ces temps nouveaux.
Sales SANTOS VERA
Pour manifester notre solidarité, il est possible d’écrire à l'adresse suivante: Massimo Passamani, DC di Tolmezzo, via Paluzza, 77-33028 Tolmezzo (UD) Italie.
Source: http://euskalherria.indymedia.org/fr/2012/08/81766.shtml