La biodiversité est à l'honneur: sondages, publi-reportages, et pléthore d'événements sponsorisés par des grandes firmes. un symposium international intitulé " Le business de la biodiversité" s'est même tenu à Londres le 13 juillet 2010. Mais qu'est-ce qui fait courir le business? C'est la conférence de Nagoya.
La Conventionsur la diversité biologique (CBD) se réunit pour la dixième Conférence des parties (COP 10) qui se déroule du 18 au 29 octobre dans la ville côtière japonaise. Précisément au siège du Kaidenren, le puissant syndicat patronal japonais. Qui paie l'addition commande le menu, dit le proverbe. Sur, ou plutôt sous, la table des négociations des enjeux pharamineux sont occultés. La CBD, issue du sommet de la Terre, Rio1992, semblait pourtant une bonne nouvelle pour la planète. Elle réunit aujourd'hui 193 Etats signataires. Les principes de base et les objectifs étaient salubres. Exemple: suppression de toutes les subventions aux pratiques néfastes pour la biodiversité. La CBD avait même accouché de deux rejetons prometteurs: le protocole de Carthagène sur la biosécurité, pour encadrer un peu sérieusement les transferts des OGM et l'accord APA sur l'accès (à la biodiversité) et le partage des avantages (avec les pays d'origine fournisseurs de ces richesses biologiques naturelles).
L'histoire a ému le monde des affaires. Celui-ci a pris les devants et depuis une décennie il est entré en partenariat privé-public avec les agences de l'ONU, Pétroliers, agroalimentaires et fonds d'investissement en tête. Ils ont la solution pour nous sauver la planète: la financiarisation des écosystèmes! Cela devrait donc donner des produits et mécanismes financiers, comme les "reserves d'actifs naturels" et les "banques de compensation".
Mais, Chut, le fonctionnement de cette usine à gaz, qui serait gérée par la Plareforme intergouvernementale science-politique sur la biodiversité et les services écosystèmiques (IPBES) ne sera révélé qu'à Nagoya. A moins que les habitants de la Terre ne s'insurgent et arrêtent ce monstrueux détournement.
Agnès Bertrand, Ecoropa
et Nelly Pégeault, Nature et Progrès