Un avenir cauchemardesque sur le pourtour du Bassin de Txingudi ?
La crise économique actuelle, conjuguée aux coûts élevés des billets d'avions proposés en direction des deux principales destinations actuellement desservies (Madrid et Barcelone) par l'aéroport de Hondarribia, font que ce dernier subit depuis maintenant près d'une année un important recul de ses activités*. Afin de tenter de résoudre ce problème, les autorités de la province du Guipuzkoa se sont mises à la recherche de compagnies aériennes "low cost" qu'elles vont subventionner afin de les inciter à venir redynamiser l'activité de cet aéroport par l'attrait de bas prix susceptibles de démultiplier la demande de vols et de destinations qui seront par ailleurs ouvertes au trafic international.
Enclavé en milieu urbain, situé au pied d'une imposante montagne et au centre d'une zone de repos et de ravitaillement d'oiseaux migrateurs qui rendent son approche fort périlleuse, l'aéroport de Hondarribia (Fontarabie), face à Hendaye, est particulièrement dangereux parce qu'il ne respecte pas les normes de sécurité édictées par l'Organisation de l'Aviation Civile Internationale (OACI). Cet aéroport est un défi permanent lancé à la sécurité aérienne et au bon sens. Il viole par ailleurs depuis des années déjà l'accord sur l'espace aérien signé le 18 mars 1992 entre les gouvernements français et espagnol du fait du non respect du nombre limite de mouvements quotidiens d'aéronefs que cet accord prévoit.
Campée devant les représentants des médias dans une attitude de consciencieuse lobbyiste, ralliée aux seules vues du monde économique, Arantza Tapia orienta son intervention sur des réflexions concernant l'avenir de cet aéroport, affirmant avec force, que si des contingences environnementales (Natura 2000) venaient à empêcher l'allongement de sa piste et rendre impossible sa mise en adéquation avec les normes de l'OACI, il resterait alors, en ultime recours, la possibilité de parvenir à faire classifier cet aéroport comme ayant un caractère "exceptionnel", ce qui n'imposerait plus qu'une "formation spécifique" des pilotes censés devoir opérer sur Hondarribia. Ainsi, aux yeux de cette intervenante, la possibilité de pouvoir habilement contourner le problème majeur de la mise aux normes internationales de cet aéroport, en usant du seul artifice de changement de sa classification ,devrait selon elle, faire taire une fois pour toutes la polémique que l'existence de cet aéroport alimente.
Ce nouvel épisode de la saga de l'aéroport de Hondarribia démontre on ne peut mieux à quel point les représentants des autorités provinciales du Guipuzkoa se moquent des contraintes qui collent à la sécurité aérienne pour ne s'intéresser qu'aux seuls attentes et intérêts du monde économique. C'est d'ailleurs en ce sens qu' Arantza Tapia s'est, lors de cette même conférence de presse, évertuée à nous annoncer que des pourparlers étaient en cours avec des acteurs économiques capables de pouvoir enrayer le déclin programmé de cet aéroport du fait de l'entrée en service, dès 2013, de la ligne à grande vitesse qui reliera Madrid à Irun.
S'attardant assez longuement sur ce dernier volet du sujet, Arantza Tapia fit, par ailleurs, valoir qu'il était de l'intérêt général de chercher à combler cette perte d'activité en faisant appel à la venue de nouvelles compagnies aériennes en ce lieu. Chacun pouvant alors comprendre qu'elle entendait ainsi poursuivre les contacts déjà noués avec une demi-douzaine de compagnies charters censées pouvoir venir réoccuper les créneaux de vols qu'Ibéria abandonnera en raison de la perte du monopole d'activité dont elle a jusqu'à ce jour bénéficié.
Si l'on connaît le mode de fonctionnement habituel des compagnies charters qui consiste à ne venir opérer sur un aéroport qu'à compter du moment où les collectivités locales sont disposées à financer leurs venues à coups de deniers publics (de 1 à 3 millions d'euros par compagnie/an pour des aéroports similaires à la taille de celui de Hondarribia), puis exiger ensuite que des dérogations aux plages horaires habituelles de vols leurs soient généreusement accordées, il est alors légitime de se demander ce qu'il va advenir des riverains de cet aéroport si, dès la perte du monopole d'Ibéria, rien n'est entrepris pour empêcher une dégradation cauchemardesque de nos conditions d'existence en tant que riverains de cette activité bruyante et polluante.
De quoi sera fait l'avenir ?
Il va sans dire que si Arantza Tapia devait parvenir à la concrétisation de ses souhaits, il y aurait alors de fortes chances que nous assistions à un décuplement des vols et des destinations offerts, ainsi qu'à un allongement conséquent des plages horaires de mouvements d'avions pouvant s'étendre jusqu'à 23H30, pour reprendre ensuite dès 5H00 du matin, comme cela se passe partout où les compagnies low cost sont présentes.
En fait, rien n'est encore définitivement scellé, et tout dépendra de la façon dont nous saurons défendre notre cadre de vie ! La seule façon d'échapper au malheur qui se prépare consiste à nous mobiliser et exiger de nos élus qu'ils usent de tous les moyens en leur pouvoir (y compris un recours au pénal, ou même s'il le faut, devant la Cour européenne de justice) afin de parvenir à faire capoter ce projet démentiel et obtenir enfin que l'Accord franco-espagnol sur l'espace aérien qui limite le trafic aérien au-dessus d'un Bassin de Txingudi déjà fortement urbanisé soit enfin strictement appliqué.
* Voir les chiffres du dernier trimestre dans l'article "Dernières statistiques d'activité" de la rubrique "Aéroport" de ce site.