par olivier cabanel (son site) vendredi 18 mai 2012 -
Vendredi 18 mai 2012
C’est un général américain qui a sonné l’alarme : ce qui était à craindre est en train de se profiler à l’horizon, menaçant tout l’hémisphère nord.
Il s’appelle Albert N.Stubblebine, et ce général retraité de l’armée américaine a publié récemment un communiqué en tant que président de la NSF (Natural Solution Foundation), affirmant que la situation à Fukushima est en train d’empirer.Que ce soit par l’évaporation de l’eau dans les piscines, ou en raison de l’effondrement possible de la structure, ce serait d’après lui tout l’hémisphère nord qui pourrait devenir en grande partie inhabitable, si le pire arrivait. lien
Sa déclaration est sur cette vidéo
On se souvient de l’interview récente du diplomate Akio Matsumura qui déclarait comment la catastrophe en cours de la centrale de Fukushima pouvait finalement se transformer en un évènement capable de mettre en péril toute vie sur Terre. vidéo
D’ailleurs, pour Roland Desbordes, président de la CRIIRAD (commission de recherche et d’information indépendante sur la radioactivité), « l’explosion de la centrale est encore possible parce que les combustibles sont présents en grande quantité ». lien
Le rédacteur en chef de « Natural News Com » dans un article en date du 6 mai 2012 nous informe que le 30 avril 2012, 72 ONG japonaises ont fait une demande urgente auprès du secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon et du gouvernement japonais afin que des mesures immédiates soient prises pour stabiliser la piscine du réacteur n°4 de Fukushima.
Toutes les piscines de Fukushima Daiichi contiennent 11 125 assemblages de combustible nucléaire, soit près de 4 fois autant de matière radioactive que dans le cœur des réacteurs de Fukushima Daiichi, dont le césium 137 correspond à 10 fois la quantité libérée au moment de la catastrophe de Tchernobyl, et la piscine du N°4 en contient 1535 assemblages, pour un poids total de 264 tonnes. lien
Kaori Izumi, de Shut Tomari s’est associé à cette demande, précisant « Fukushima Daïchi n’est plus seulement un problème japonais, mais un problème international. Il est impératif que le gouvernement japonais et la communauté internationale travaillent ensemble sur cette crise avant qu’il ne soit trop tard ». lien.
Les ONG se sont donné jusqu’au 20 mai pour récolter des appuis étrangers, et on peut lire l’intégralité de leur appel sur ce lien.
Auparavant, le sénateur américain Ron Wyden, après avoir visité le 6 avril dernier, la centrale nucléaire de Fukushima, avait publié un communiqué de presse 10 jours après, soulignant le risque catastrophique, et appelant à l’intervention du gouvernement des USA.
Il a également écrit à Ichiro Fujisaki, l’ambassadeur du Japon aux Etats Unis, demandant au Japon d’accepter l’aide internationale. lien
On se souvient que le 16 avril, Tepco s’était dit désolé d’avoir dû rejeter dans l’océan 11 500 tonnes d’eau hautement radioactive. lien
Malgré tout, les pêcheurs de Fukushima envisagent de reprendre partiellement le travail à partir de juin en tentant de limiter leur pêche aux espèces les moins contaminées.
Mais c’est le sort de la piscine du réacteur n°4 qui pose le plus de problème, puisque TEPCO affirme que le déplacement des barres de combustible sera fait dès que possible, mais pas avant 2014 (lien) ; Pour le sénateur américain Ron Wyden, il faudrait 10 ans pour enlever toutes les barres de combustible, et le risque est trop grand d'attendre si longtemps (lien), ce que confirme le docteur Koide, de l’université de Tokyo. lien
En effet, outre les assemblages qu’il faudra sortir de cette piscine, il faut noter que lors de l’explosion du réacteur n°3, de nombreux morceaux d’infrastructure sont tombés dans les piscines, dont une grue de 35 tonnes qui se trouve dans la piscine du n°3. lien
Sur ce lien, on peut découvrir 2 vidéos sous titrées particulièrement intéressante, l’une étant réalisée par ZDF, une chaine de télévision allemande lors d’une visite du site, et l’autre étant le témoignage de Nala Yukiteru, ingénieur spécialisé dans le nucléaire, et qui travaillait à Fukushima.
Revenons à la piscine du N°4.
D’une profondeur de 12 mètres, les assemblages sont placés sur le fond, dans des casiers sur une hauteur de 4 mètres, surmontés donc par 8 mètres d’eau, et plus le niveau d’eau baisse, censé absorber le rayonnement gamma, plus le rayonnement devient dangereux.
La paroi de la cuve était de 100-120 degrés, et pour accélérer le refroidissement TEPCO doit injecter 7 tonnes d’eau à l’heure.
Lors de la catastrophe le niveau d’eau de la piscine avait considérablement baissé, au point de laisser affleurer la partie supérieure des combustibles, provoquant une montée en température, un début de fonte des gaines, et d’importants rejets radioactifs et ce n’est que dix jours plus tard que la piscine a été refroidie. lien
Bertrand Barré, conseiller scientifique des services communication d’AREVA (lien) se veut rassurant, assurant que des piliers d’acier reposant sur le plancher du deuxième étage ont été installés pour consolider la piscine, et il est convaincu qu’elle pourrait résister à un puissant séisme. lien
Ce qui n’est pas l’avis de tous, puisque d'après un article paru chez « ENENEWS » la piscine pourrait s’effondrer, ce média annonçant que la première inspection a commencé le 17 mai.
Tepco affirme avoir renforcé la structure en augmentant sa marge de sécurité de 20%.lien
Les experts veulent vérifier si elle penche, en comparant de part et d’autre le niveau d’eau dans la piscine. lien
La piscine du réacteur n°4 n’est pas la seule à poser des problèmes, puisqu’une fuite s’est produit le 12 mai, provocant un déversement d’eau contaminée dans l’océan et faisant chuter le niveau d’eau au-dessous de la base des barres de combustible. lien
Des échantillons d’eau de mer prélevés aux abords de la centrale ont révélé des taux de césium à un niveau 18 000 fois supérieurs à la norme, et la fuite aurait été colmatée par une injection de béton. En tout cas, à 230 km de la centrale sinistrée, dans la baie de Tokyo, on a découvert une augmentation du taux de césium de 70%.
Pour lutter contre la mévente, les maraichers en sont venus à tricher sur l’origine des légumes vendus, et ceux qui sont pris la main dans le sac, ne sont pas condamnés, l’administration leur enjoint seulement de respecter les règles d’étiquetages, sans autre forme de procès. lien
Ce qui n’a pas empêché le gouvernement japonais de lever l’interdiction d’habiter la zone sinistrée dans 3 des 11 communes touchées par la catastrophe, à condition de s’en tenir à y revenir, sans pour autant y passer la nuit.
Alors les habitants qui le souhaitent s’en tiennent à nettoyer et réparer leurs maisons dévastées par le tsunami, mais le port d’une combinaison radiologique, ou d’un simple masque n’est pas obligatoire. Une partie de cette zone autorisée se trouve pourtant entre 20 et 50 mSv/an, notamment dans le secteur de Minami-Soma.
Cette décision est consécutive à la volonté d’un maire obnubilé par la levée de l’interdiction, Katsunobu Sakurai, puisque Kiyomi Sakuma, membre de la cellule chargée des réfugiés du nucléaires a affirmé que « seules les villes dont les maires étaient les plus motivés et les plus combatifs pour faire revivre leurs communes ont rouvert » ajoutant « le gouvernement attend d’être sollicité par les collectivités locales pour rouvrir une ville », façon habile de dégager ses responsabilités. lien
Le gouvernement japonais a demandé que les milliers de têtes de bétail vivant encore dans la zone d’exclusion soient abattues, avec le consentement de leurs propriétaires. lien
A la mairie de Minami-Soma, on est conscient que l’un des problèmes cruciaux est de trouver une zone pour stocker les déchets contaminés par la catastrophe, car s’il est vrai que le césium 134 a une demie vie de 2 ans, le césium 137 ne perd la moitié de sa dangerosité qu’au bout de 30 ans, et il faut donc compter un bon siècle pour que cette pollution soit moins préoccupante.
Pour endiguer l’exode, les autorités de Fukushima ont décidé de fournir une couverture médicale gratuite à toutes les personnes âgées de moins de 18 ans vivant dans la province, ce qui va coûter l’équivalent de 46 millions d’euros. Selon le journal « Daily Yomiuri », à Minami-Soma, les bénévoles ne se battent pas pour aider à enlever les débris et nettoyer la zone ; Ils étaient beaucoup plus nombreux il y a un an et la population a diminué de 54% dans l’ex-zone d’évacuation.
En effet, que ce soit à Minami-Soma, Naraha, Hirono, Kawauchi, ouTamura, sur les 59 000 personnes qui vivaient dans cette zone, 30 000 l’ont quitté. lien
Espérons que la communauté internationale se décidera enfin à s’investir à Fukushima afin d’éviter que le pire ne se produise.
En tout cas, avec peut-être un lien de cause à effet, les actions d’AREVA ont atteint historiquement leur niveau le plus bas chutant à 9,278 €. lien
Comme dit mon vieil ami africain : « le monde est noir quand on a les yeux fermés ».
L’image illustrant l’article provient de « lamauvaiseherbe.net »
vendredi 18 mai 2012 -
Source : http://www.agoravox.fr/actualites/environnement/article/alerte-a-fukushima-117001