24/10/2014 | La Cour des comptes conteste l'utilité de la LGV Bordeaux-Espagne
En France, le réseau ferroviaire à grande vitesse serait "peu cohérent" et "trop coûteux". Ce sont les conclusions du rapport de la Cour des comptes. Selon la Cour, ce "choix systématique de la grande vitesse ferroviaire a abouti à un système peu cohérent, où les rames de TGV desservent 230 destinations et passent 40% de leur temps en moyenne sur les lignes classiques, ce qui nécessite en outre un parc important de rames". En outre, l'institution épingle la future LGV Bordeaux-Espagne, ce qui a fait réagir Alain Rousset, le président de la Région Aquitaine.
La Cour des comptes est particulèrement sévère. Elle juge le modèle des TGV en France "à bout de souffle, au coût devenu non soutenable". En cause, les TGV desservent trop de gares sur leurs lignes dédiées, et circulent trop sur les lignes classiques. A l'inverse, c’est ce qui fait le succès de la ligne Tokaido du Shinkansen japonais qui, avec 17 gares, transporte chaque jour 50 % de passagers de plus que l’ensemble des TGV français. "La grande vitesse est rentable dès lors qu’elle dessert des bassins de population importants, sans trop d’arrêts intermédiaires et avec des fréquences de passage les plus élevées possible", explique Didier Migaud, président de la Cour des comptes. Or, la France s’éloigne de ce modèle, alerte le rapport. Et, cela serait dû aux ambitions des collectivités locales et de l’État. Le rapport stigmatise aussi "la part de responsabilité de l'Europe dans le dévoiement du rôle conféré à la grande vitesse", en "échafaudant un plan ambitieux de réseau européen de transport (...) quitte à prendre fait et cause pour des projets dont la rentabilité socio-économique est discutée". Au final, la fréquentation stagnante du TGV, associée à une rentabilité des lignes en baisse "au fil de nouveaux projets de plus en plus coûteux", ont fait passer sa marge opérationnelle "de 29% du chiffre d'affaires en 2008 à 12% en 2013.
Vive réaction d'Alain Rousset au rapport de la Cour des comptesQuant au "financement des projets de LGV déjà décidés", il n'est "pas assuré", déplore la Cour. La raison ? Le haut niveau d'endettement de Réseau Ferré de France (RFF) qui l'empêche de financer de nouvelles lignes par emprunt, auquel s'ajoute l'abandon de l'écotaxe, dont le produit devait revenir à l'Agence de financement des infrastructures de transport de France (Afitf). A ce titre, la LGV reliant Bordeaux à l'Espagne est épinglé. Une analyse non partagée par Alain Rousset, président du Conseil régional d'Aquitaine. Dans un communiqué, l'élu socialiste rappelle qu'il "ne faut pas mélanger construction et exploitation !". "Le programme du GPSO dégage une valeur actuelle nette (VAN) positive, donc un intérêt pour la collectivité. Hors coûts d'opportunité des fonds publics, le bilan socio-économique montre que le programme GPSO, dégage dans sa première phase de réalisation, un surplus en VAN de 5,8 Mds€. Le taux de rentabilité interne du projet s'établit à 5,3%, un chiffre remarquable", précise Alain Rousset. "Parmi les usagers, les passagers ferroviaires sont les premiers bénéficiaires du programme GPSO, avec un gain supérieur à l'investissement initial, de près de 9,3 Mds€. Il s'agit principalement de gain de temps. GPSO présente aussi un bilan positif pour les acteurs du transport ferroviaire, avec 5,5 Mds€, ce qui souligne sa pertinence économique. Le nombre d'emploi directs, indirects et induits générés par la réalisation du chantier devrait dépasser les 10 000 pour la seule première phase jusqu'à Dax", conclut-il.
Nicolas César Crédit Photo : Aqui.fr
Roland | 26/10/2014
Décidément Monsieur ROUSSET n'a, encore une fois, pas lu le rapport. Il se contente de petits bouts, qui de plus démontrent les erreurs et manipulations récurrentes de RFF. Nous ne saurions encore, une fois, que trop lui recommander la lecture complète et attentive de ce rapport. Le ridicule ne tue plus, certes, mais à force il peut conduire à l’échec électoral
Recarte Pierre | 28/10/2014
Mr Rousset donne des chiffres flatteurs. Pour l’intégralité du GPSO le taux de rentabilité socio-économique est de 3,6% et la VAN de 400 millions d’euros avec le coût d’opportunité des fonds publics Ces chiffres ont été communiqués par RFF au dernier observatoire des trafics. L’autorité environnementale dans son rapport demande une « clarification sur le montant des investissements pris en compte » soupçonnant RFF d’occulter le coût des matériels roulants supplémentaires, des installations de maintenance et de remisage. Elle juge « qu’une VAN à 400M€ traduit une rentabilité tout juste atteinte, pour un programme de 13 milliards » Le Commissariat Général à l’Investissement dans sa contre-expertise du 29 avril 2014 « émet des réserves sur le caractère prioritaire du projet au vu de sa faible valeur actualisée nette (VAN) par euro investi. » Il s’inquiète du coût élevé qui, par péage interposé, pourrait amener la SNCF à relever ses tarifs, ce qui réduirait le trafic et la VAN du projet. Enfin ce taux de rentabilité tout juste acceptable est obtenu en surestimant le nombre de voyageurs supplémentaires grâce au GPSO. Il est passé de 5,2 M lors des débats publics à 6M en 2012 (annonce à Pont du Casse par Mr Bayle RFF) à 10,5M aujourd’hui. Comme le souligne la Cour des comptes « tous les efforts tendent vers la justification des lignes par le biais des études optimistes de trafic en vue d’obtenir un taux de rentabilité acceptable » Enfin la Cour rappelle les arguments utilisés pour la promotion des LGV : « une mobilité accrue, un avantage environnemental par rapport aux autres modes de transport, une incidence positive sur l’activité économique et le développement régional. La Cour a examiné la portée et la pertinence de ces motivations qui se révèlent souvent contestables, sinon inexactes. » Lorsque les opposants disaient, preuves à l’appui, la même chose, leurs propos étaient qualifiés par M. Rousset de « débiles et absurdes »