Nippon connection - 06 mai 2014 http://www.nipponconnection.fr/a- fukushima-les-gens-publient-les-photos-de- leurs-dents-qui-tombent/
Les témoignages de dents qui se déchaussent se multiplient dans la région de Fukushima. Pendant ce temps, les autorités ont lancé une étude pour analyser les dents de lait de 1.000 à 2.000 enfants. « Un japonais a publié sur un forum qu’il a vu trois de ses dents tomber en une seule journée. Les gens publient un peu partout sur internet que leurs dents tombent de façon de plus en plus fréquente mais il n’existe aucune statistique publique officielle ».
Voici ce que publiait hier, photo à l’appui, le journaliste blogueur Iori Mochizuki. Ce Japonais de 40 ans, auteur du Fukushima Diary, un blog qui appelle à l’évacuation du Japon suite à la catastrophe nucléaire de Fukushima en mars 2011 et dénonce le black-out des médias traditionnels, scrute les réseaux sociaux et les forums à la recherche de témoignages qui lui permettent de raconter la réalité des habitants de la région de Fukushima. C’est ainsi qu’il s’est rendu compte du phénomène des chutes de dents dont sont victimes les habitants de la région sinistrée. Fin avril, Iori Mochizuki avait déjà relayé divers témoignages repris sur les réseaux sociaux dans lesquels les gens évoquaient la multiplication des cas de cancers dans la région. Si les autorités japonaises ne confirment pas les cas de dents qui se déchaussent à cause des radiations, l’Association dentaire de la préfecture de Fukushima se penche toutefois sur la santé buccale des habitants de la région. Une étude à grande échelle et prévue pour une durée de 5 ans a été annoncée en janvier. Elle aura pour objectif de déterminer si les dents des enfants contiennent les isotopes radioactifs Césium et strontium 90. Ce dernier étant connu pour s’accumuler dans les os et est réputé pour causer des cancers et des leucémies. Il n’est toutefois pas détectable par des mesures classiques de mesure de la radioactivité sur le corps entier. Raison pour laquelle il est prévu d’analyser les dents de lait de 1.000 à 2.000 enfants âgés de 5 à 15 ans. Soutenue par le ministère de l’Environnement, l’étude doit servir d’indicateur sur l’impact sanitaire de la catastrophe de Fukushima. « Les dents seront contrôlées si elles sont extraites lors des visites dentaires régulières, avec leur consentement ou celui de leurs familles », rapportait The Japan Times, et les résultats seront affichés à eux.
Selon les données officielles communiquées par le ministère de l’éducation, la quantité de strontium détecté dans la zone de Fukushima en septembre 2011 « extrêmement faible ». Soit moins d’un centième de la quantité de césium présent. « Si cela est prouvé par la recherche (NDLR: sur les dents de lait), les gens vont ressentir un soulagement », témoignait dans The Japan Times Noboru Takamura, professeur de l’Université de Nagasaki spécialiste de l’impact des rayonnements sur la santé humaine. Selon les témoignages collectés par le journaliste blogueur Iori Mochizuki, c’est tout le contraire qui se passe pour l’instant... (Fukushima diary, 30/04) La préfecture de Fukushima réduit sa surveillance des retombées - La préfecture de Fukushima ne va plus surveiller les retombées sur la ville de Fukushima que les jours de pluie, alors qu’il y a toujours 10 millions de Bq de césium 134/137 qui sortent des 4 réacteurs dévastés à chaque heure. La raison n’en a pas été donnée. En ne se basant que sur les propres rapports de Tepco, dans la région de la centrale de Fukushima, 2,900 MBq/km2 de césium 134/137 continuent toujours de retomber. Même en janvier dernier, ils ont relevé un pic de retombées dans la ville de Fukushima. Le relevé était de 48,3 MBq/km2 (césium 134/137), ce qui était un record depuis le 13 octobre 2013. La situation n’est pas stabilisée. (Fukushima diary, 25/04)
Depuis 2012 les blessures par accident ont augmenté - Selon Tepco, Les blessures par accident de 2013 sont plus nombreuses qu’en 2012 dans la centrale de Fukushima. Il y avait eu 59 travailleurs de Fukushima blessés par accident en 2011. C’était descendu à 25 en 2012, néanmoins c’est à nouveau remonté à 32 en 2013. Environ la moitié des cas sont des “coups de chaleur” et des “chutes, faux-pas”. Le lien avec un effet neurologique de la radioactivité n’est pas évoqué. (Fukushima diary, 24/04) La radioactivité ambiante reste toujours dangereusement élevée - Le 23 avril 2014, Tepco annonce que la radioactivité ambiante à côté des bâtiments concernés est de 10 mSv/h. La radioactivité en surface des tuyauteries est de 80 mSv/h. L’exposition limite des travailleurs est de 50 mSv/an. Cette limite est atteinte en 5 heures seulement. Les liquides de refroidissement, qui sont extrêmement radioactifs et qui doivent circuler, sont transvasés dans un bâtiment annexe à côté du réacteur 4. Or, le 13 avril 2014, Tepco a découvert que ce liquide a été transvasé par quelqu’un dans un bâtiment inapproprié sans raison connue. Tepco interroge plus de 90 travailleurs mais n’a encore obtenu aucune information utile. Ce bâtiment est vraisemblablement en train de laisser fuir ces eaux extrêmement radioactives dans le sous-sol. Tepco a besoin d’inspecter tout le tour de ce bâtiment mais le niveau de radioactivité les en empêche. La plus forte radioactivité est à 10 mSv/h. Le domaine de la centrale de Fukushima reste dangereusement radioactif. Il “consomme” la dose maximale admissible (dite “intégrale”) rien que pour inspecter la zone en dehors des bâtiments ravagés. (Fukushima diary, 22/04) Tepco envisage de tracer géographiquement ses travailleurs.
Tepco a affirmé au cours de sa réunion avec la NRA du 18 avril 2014 envisager de suivre géographiquement les déplacements de tous ses travailleurs dans la centrale de Fukushima. Tepco ne peut pas nier l’éventualité que quelqu’un soit entré dans le bâtiment de stockage pour y mettre en marche les mauvaises pompes dans un but malveillant. Ils ne peuvent néanmoins pas confirmer les enregistrements des entrées et des pompes mises en opération. A la suite de ces “accidents” suspects continus, Tepco a ajouté l’idée de tracer les travailleurs de Fukushima dans la liste des mesures préventives possibles. Ils n’ont pas décidé si Tepco allait faire porter des GPS ou autre à ses travailleurs mais ils n’en rejettent pas l’idée.
Source : Extrait de INFOBREF N°37-mai 2014