Un récent article de presse traitant de la collecte et du recyclage des déchets ménagers sur Hendaye nous inspire la réaction suivante.
S'il faut en croire les remarques rapportées par plusieurs visiteurs de notre site Internet, et qui sont liées à l'article de presse auquel il est fait allusion ci-dessus, nombre d'Hendayais(es) sont s'étonnés et même pour certains irrités de la façon dont sont vidées les caissettes jaunes à partir desquelles s'opère la collecte sélective de nos déchets ménagers.
Ces déconcertations tiennent au fait que les barquettes plastiques ayant contenu des fruits et légumes, ainsi que des pâtisseries et viennoiseries achetées en grandes surfaces, seraient ignorées et délaissées par les agents de Sita-Suez, société qui est en charge d'effectuer pour le compte de la municipalité la collecte sélective de nos déchets. L'abandon de ces emballages dans les caissettes paraît aux yeux de nos correspondants(es) d'autant moins acceptable que ces barquettes sont exemptes de traces de salissures et qu'elles sont par ailleurs individuellement estampillées de la mention Recyclable.
Il résulte de ces constatations que, in fine, les barquettes ainsi abandonnées dans les caissettes jaunes finiront par le biais de la poubelle normale leur brève vie de produit pourtant recyclable dans les entrailles du centre d'enfouissement géré par le syndicat de communes Bizi Garbia (Saint-Pée-sur-Nivelle), centre dans lequel notre commune fait enfouir nos déchets de consommation qui ne sont pas recyclés.
Pourquoi la collecte sélective sur Hendaye se passe-t-elle ainsi ?
Nous pensons pouvoir avancer une réponse plausible pour expliquer cela.
On sait que l'industrie produit une quantité considérable de déchets d'emballages dont beaucoup ne sont pas recyclables et peuvent même être très polluants pour l'environnement. C'est le cas notamment des matières plastiques représentant environ 11% des déchets ménagers et qui proviennent généralement de ressources non renouvelables (hydrocarbures). Ces plastiques sont, pour la plupart, difficilement recyclables et contiennent bien souvent de nombreux additifs toxiques. Leur impact sur l'environnement est donc très conséquent, ce qui implique la recherche et l'emploi de matières alternatives susceptibles de réduire l'empreinte écologique de notre consommation sur l'environnement.
Le domaine des emballages plastiques alimentaires qui ici nous préoccupe se répartit en deux grandes familles :
1° Le polypropylène (PP), extrait du pétrole, recyclable, composé de molécules de propylène et qui se laisse plus facilement recycler que d'autres matières plastiques telles que le PVC. Il a l'inconvénient majeur de dégager du CO2 ( effet de serre) lorsque son « recyclage » consiste, et cela est malheureusement souvent le cas, à l'utiliser en tant que matière à haut pouvoir énergétique pour alimenter les fours des incinérateurs de déchets afin de les aider à mieux fonctionner (solution prosaïquement appelée « valorisation énergétique »). Le PP est généralement utilisé sous forme de barquettes de fruits et légumes dont l'aspect de surface est assez grossier.
Barquettes alimentaires en polypropylène (PP) ayant contenu fruits et légumes et qui ne seront pas recyclées
2° Le polyéthylène téréphtalate (PET), également extrait du pétrole, recyclable, polymère obtenu par la
polycondensation de l'acide téréphtalique, dont l'utilisation en constante progression (toutes sortes de bouteilles mais également de barquettes alimentaires offrant une haute transparence et une surface d'une grande finesse) fait que les quantités de déchets issus du PET se sont énormément accrues. Le PET est également recyclable, mais son point négatif réside dans le fait qu'il ne se laisse recycler qu'une seule fois, ce qui tend à se solder par une production de déchets de PET supérieure aux possibilités de réemploi.
Barquettes alimentaires en polyéthylène téréphtalate (PET) contenant des raisins et qui ne seront pas recyclées
Les détails fournis dans cette courte présentation des deux grandes familles d'emballages plastiques alimentaires contiennent déjà en soi une approche de réponse à notre interrogation.
En effet, compte tenu du peu de densité de population dénombrée en Pays Basque, et donc du manque d'engouement que le monde économique montre à investir dans des filières et infrastructures de recyclage qui seront fatalement peu rentables du fait d'une assez grande dissémination géographique de la population et donc de la production de déchets, ces barquettes plastiques sont tout bonnement enfouies au centre Bizi Garbia de Saint-Pée, étant donné qu'il n'est plus possible de les incinérer au niveau régional du fait de la fermeture de l'incinérateur de Bachefores (faubourg de Bayonne) en 2004.
Toutefois, il est curieux de constater qu'alors que les employés de Sita-Suez collectent systématiquement les bouteilles plastiques en PET, les barquettes du même type de matière sont elles délaissées par ces mêmes employés. Cette attitude paradoxale peut s'expliquer par le fait que tous les types de barquettes sont habituellement jetés pêle-mêle dans les fours d'incinération partout où les incinérateurs existent. Ces barquettes servant alors de matière hautement combustible censée faciliter l'incinération des autres déchets.
Conclusion :
On voit ainsi, et alors que tous les indicateurs démontrent que l’impact environnemental du recyclage est nettement inférieur à celui de l'incinération et de la mise en décharge, que les choses en matière de gestion des déchets sur Hendaye et la région ne sont pas aussi brillantes que certains cherchent à nous le faire croire.
C'est afin de sortir de ce type de situation ambiguë que ACE ne se lassera pas de demander d'appliquer le principe pollueur-payeur par l'introduction de la Redevance incitative d'enlèvement des ordures ménagères dite "incitative" (RIEOM) qui consiste à ne faire payer à chaque foyer que les seuls déchets qu'il produit.