Ramuntxo Garbisu - publié le 19 septembre 2009 | Bayonne |
"Nous sommes bien entendu pour la concertation" a grimacé Etienne Picher, Chef de Pôle RFF à Bordeaux, en voyant débarquer les anti-LGV du CADE aujourd'hui à la CCI de Bayonne. Morceaux choisis...
Etienne Picher, cadre de RFF, reviendra à Bayonne plutôt pour les Fêtes. Photo : eitb
Suite logique de la réunion du Comité de Pilotage de Bordeaux du jeudi 17 septembre à Bordeaux au sujet de nouvelles Lignes à Grande Vitesse, le Chef de Pôle pour Bordeaux de l'opérateur public Réseau Ferré de France, Etienne Picher, a tenu une réunion de travail ce vendredi en début d'après midi à la Chambre de Commerce de Bayonne (Pays Basque nord).
Au programme, la communication non publique des options décidées la veille, en particulier ceux ayant trait au tronçon ferroviaire très contesté entre Bayonne et Hendaye.
C'est sur leur invitation que s'y sont donc rendus des cadres techniques de l'opérateur, des responsables de la Chambre de Commerce ainsi que ceux travaillant à l'échelle du Schéma de Cohérence Territoriale du Pays Basque nord.
Victor Pachon à leur tête, le collectif du CADE (en tête de ligne des opposants aux nouvelles voies en Pays basque nord) s'est invité également, comme il l'avait fait la veille à Mont-de-Marsan dans une réunion similaire.
Pour Etienne Picher, "ce n'est pas un problème, nous sommes là pour écouter toutes les suggestions sur ce projet...", déclara-t-il alors, avec un sourire un peu figé qui écartait de fait la perspective d'une jolie photo de famille.
Invité ? Pas invité ?
"Aujourd'hui, c'est une réunion de travail", confirme Etienne Picher, "et la présence du CADE nous permettra d'écouter les deux collèges qui réfléchissent au projet", précise-t-il.
A la question de savoir si, dans cette logique de "concertation", le CADE est le bienvenu, le responsable de RFF affirme que "le CADE est invité au même titre que d'autres associations", puis, devant les grands "non" de la tête de Victor Pachon, admet que, "le CADE sera invité aux prochaines réunions, bien entendu!".
Un iatus qui porterait sur l'agréément non reconnu par l'Etat (et donc RFF) de son travail de défense de l'environnement, à la différence par exemple de la SEPANSO ( Fédération de défense de la Nature dans le Sud Ouest), qui a obtenu ce statut.
"Nous ne pouvions donc pas les inviter, même s'ils en sont membres", reconnait alors M. Picher, "mais la SEPANSO était invitée!", puis, devant de nouveaux grands "non" de la tête de Victor Pachon, même rengaine, "en tous cas ils SERONT invités, bien entendu!".
Une distinction qui perd de toute façon toute importance, au moment où les quatre représentants du CADE s'assoient en souriant dans la salle...
Les lignes actuelles sont toujours la priorité du CADE
Le porte-parole du CADE a tenu à le rappeler, l'unique discours tenu depuis plus de 15 ans, c'est que "les voies actuelles doivent être étudiées".
"Face à l'opposition d'élus du Pays Basque nord, RFF s'est retrouvé dans l'incapacité de valider ses études en février dernier, et aujourd'hui, alors qu'une contre-expertise prouve depuis la fonctionnalité des lignes actuelles pour un demi-siècle, le même opérateur valide ses options de nouvelles voies", s'étonne Victor Pachon.
"Ce n'est pas exact", lui répond - à distance - M. Picher, "certes, le Comité de Pilotage a confirmé la création de nouvelles lignes, mais nous allons regarder avec beaucoup d'attention cette contre-expertise suisse, c'est évident".
Et de préciser que le calendrier suit son cours, avec, comme échéance, une enquête publique prévue pour fin 2010.
Ces deux parties-prenantes du projet devraient donc avoir de nouvelles autres occasions de se croiser...
RFF admet répondre à une demande des opérateurs privés
Interrogé sur les dernières tendances économiques du fret ferroviaire depuis la crise de septembre 2008, le cadre de RFF admet disposer des données jusqu'en 2006, attendant d'avoir les chiffres de 2008 pour répondre à toute question là-dessus.
"Les chiffres officiels de 2008, nous les avons si vous voulez !", s'amuse Victor Pachon, en référence à cet audit de la SNCF, largement commenté dans la presse, qui souligne en particulier les perspectives alarmantes pour 2009.
"De toute façon, pour nous RFF, la question n'est pas de savoir si nous travaillons sur une offre qui corresponde à la demande", se lance M. Picher", mais d'être à l'écoute de la demande de nos partenaires privés (Bouygues, Vinci, Eiffage pour ceux qui se sont déclarés, ndlr). Nous pensons effectivement que l'offre de services doit d'abord être renforcée, afin que la demande puisse exister !".
Traduction possible : ce projet de plusieurs milliards d'euros, dont le financement est pris en charge à près de 70% par la collectivité publique, permettra à l'Etat de répondre aux attentes des concessionnaires privés.
Reste encore à confirmer que l'Etat prendra "naturellement" à sa charge le déficit d'exploitation de ces nouvelles lignes jugées parfaitement inutiles par les experts suisses dans le cas du tronçon basque...