Machja NICCI
A la demande de l'équipe des Grands Projets du Sud-Ouest de RFF, un bureau d'études vient de publier ses conclusions sur la concertation du projet LGV. Préconisant «un esprit d'ouverture, de démocratie et de dialogue productif avec les acteurs», le rapport Arènes de décembre 2008 souligne l'importance de la prise en compte historique et des contextes territoriaux présentés comme «dévastateurs pour les grandes infrastructures».
Elle rappelle notamment le premier projet, en 1992, de ligne nouvelle au Pays Basque, précisant que l'Etat et les élus avaient usé avant tout de leur légitimité politique pour justifier leurs réalisations, au détriment d'une argumentation plus technique, utilisée en revanche par des opposants qui ont fini par avoir gain de cause.
Pour le projet LGV justifié par le fret, elle constate «qu'il n'a pas résisté à l'identification par ses opposants de failles argumentaires». Elle ajoute même : «les justifications initiales s'avérant infondées, il -le décideur politique- se montre incapable de revenir sur les fondements de l'opportunité». Victor Pachon, porte-parole du CADE, estime que ce rapport renforce encore la position de son association : «un projet fret a été bâti et ils ne savent pas quoi mettre à la place ; ils sont en plein désarroi».
Le rapport évoque également «l'effet néfaste d'un intérêt général dicté par le haut», expliquant la perception des «petits» qui subissent le rouleau compresseur des «grands». Il recommande donc que la concertation intègre la diversité des territoires, des positionnements par rapport aux projets, des différentes personnes concernées, et parle d'une redéfinition des fonctionnalités de la LGV où les liens locaux (entre Pays Basque Nord et Sud, par exemple) seraient présentés comme prioritaires par rapport à la vision européenne.
Puis, il propose de redéfinir conjointement les fonctionnalités de la ligne existante pour que les différents acteurs se l'approprient et, à terme, acceptent l'idée de nouvelles lignes si celles-ci s'avèrent nécessaires. «Débattre de la ligne existante est probablement le premier pas vers un rétablissement de la confiance, et n'aboutirait pas nécessairement à un recul des lignes nouvelles dans le temps» y est-il écrit.
Rétablir la confiance
Tous ces conseils sont-ils un réel signe d'ouverture ou un moyen de faire passer plus facilement la pilule auprès des opposants? «C'est possible» répond Victor Pachon. Il insiste toutefois sur l'intérêt de ce rapport pour son combat. «Il dénonce la tentation de passer en force de RFF» constate-t-il. Quant à savoir de quelle manière cette étude sera prise en compte par les décideurs, le militant a des doutes, étayés par sa récente expérience lors de la réunion de concertation organisée par RFF le 25 juin dernier.
Le CADE n'y avait en effet pas été convié. Le porte-parole s'y est quand même rendu sous la casquette SEPANSO 64. Il a eu la surprise de constater que d'autres associations -peut-être moins virulentes que la sienne- avaient été officiellement conviées comme celle ayant pour thème l'esthétisme des villages français, représentée par un homme de 80 ans qui aurait déclaré : «on m'a appelé à participer mais je ne sais pas trop de quoi on parle !».
Les élus de la communauté de communes Sud Pays Basque vont se réunir le 2 juillet à Urrugne en vue de «coordonner leurs efforts et faire entendre les nombreuses interrogations soulevées par ce projet». De son côté, la Fédération du parti socialiste des Pyrénées-Atlantiques a déclaré son soutien au projet «alternatif» de desserte du Béarn et de la Bigorre par la LGV Sud Europe Atlantique.
Source: http://www.lejpb.com/paperezkoa/20090701/144926/fr/LGV--projet-mal-dargumentaires-