Ramuntxo Garbisu - publié le 24 juin 2009 | Bayonne |
Les anti-LGV contestent le choix de société engendré par ces LGV. Photo : EITB
Placés aujourd'hui devant un nouvel emballement des décideurs politiques et industriels face au soutien du Premier Ministre à ce projet de LGV en Pays Basque, le collectif de ses opposants a détaillé ce matin les arguments établissant malgré tout une "confusion" dans l'esprit de ses promoteurs.
L'intervention d'Alliot-Marie en faveur des voies existantes, qualifiée "d'épiphénomène", aura été utile malgré tout pour voir confortées leurs analyses sur la non-saturation à long terme du transport de fret, là où cet argument sert à asseoir malgré tout un projet reposant sur un partenariat public/privé de plusieurs milliards d'euros.
Aujourd'hui, jusqu'à RFF, l'opérateur chargé de sa construction, n'évoque plus cette échéance avant 2035 ou 2040, très loin des affirmations d'un "étranglement dans 6 à 8 ans", comme on peut encore le lire dans la presse quotidienne cette semaine.
C'est un projet fragilisé, à la finalité encore floue et mal dessinée (la mixité fret/passagers des lignes pourrait être revue, les gares ne sont toujours pas définies, et voici qu'apparaissent désormais des TER... à grande vitesse ?) qui trouve ses défenseurs dans le sillon fertile d'une vision économique, affairiste et industrielle asséchant sa crédibilité, pour ces détracteurs.
Une prise de conscience citoyenne doit s'exprimer : à cet effet, une pétition est désormais en ligne.
"La fragilité est chez nos adversaires"
Eux se sentent portés par une adhésion populaire massive (confortée par le résultat des récents référendums populaires du 7 juin) mais également par un ralliement continu d'élus des communes du Pays Basque nord.
Pour le CADE, Victor Pachon a lancé un appel à tous ceux qui, aujourd'hui, hésitent à se sentir pleinement concernés : "Avec nous, contre nous ou sans nous, organisez-vous ! Voyez ce qui est prévu, n'oubliez jamais que toutes les dépassements de budget - notamment dans le cas de voies partiellement enterrées, sept fois plus chères au kilomètre - dont on vous parle seront financés comme le reste par les contribuables pour des décennies".
L'été sera-t-il ensoleillé et rieur ? Il ne sera pas oisif, en tous cas.
Pas question pour autant pour ce collectif de délaisser d'un centimètre le terrain de la contestation, données techniques en main, contre une "communication" pro-LGV dont la presse se fait l'écho, voire le wagon de tête.
A l'automne sera organisée une manifestation massive dans la rue, mais, durant tout l'été, de village en village, seront distribués les "grandes lignes" d'une contre-proposition : plus d'isolations phoniques sur les tracés existants, une remise en état des voies dont la dégradation aujourd'hui est responsables des lenteurs et des pannes, etc...
A hypothèse égale, 89 trains seraient suffisants en 2020 là ou RFF en prévoit 119.
Une autre société est possible, affirment les anti-LGV
Ces investissements pharaoniques, ces hypothèses totalement sur-estimées sont avant tout un projet de société qu'ils refusent.
Là où le discours consiste à savoir comment faire passer plus de trains de fret, ils s'opposent à ces "transports indécents", tablent sur les relocalisations d'entreprises, sur le retour de "ceintures vertes" autour des villes sans que l'on n'ait besoin de manger des légumes qui mûrissent dans des camions.
Et contestent également l'obligation que tous les citoyens financent des transports plus rapides que seule une infime partie de la population utilisera régulièrement.