du PAYS BASQUE
Euskal Herriko Kazeta
04/04/2009
Sujet à la une
Un millier de personnes participent à une réunion publique contre la LGV
04/04/2009
Sébastien VAÏSSE
L'épineuse question de la LGV était au cœur du débat jeudi soir au mur à gauche de Saint-Pierre-d'Irube à l'occasion d'une réunion publique organisée par le collectif d'associations pour la défense de l'environnement (CADE) et un aréopage d'élus locaux représentant l'unité des trois collectivités territoriales (Nive Adour, Errobi et Sud Pays Basque) face à cette problématique LGV. Car si les surestimations «systématiques de RFF» en matière de prévisions de trafic et les sous-estimations, tout autant systématiques, de coûts ne sont plus des informations toutes fraîches, la mobilisation collective des élus locaux est à souligner.
Tout comme le millier de personnes qui avait fait le déplacement pour écouter le scepticisme des intervenants quant aux hypothèses émises par RFF en ce qui concerne les prévisions de trafic de fret et de voyageurs qui légitimeraient la mise en place d'une nouvelle ligne. Même son de cloche en ce qui concerne les prévisions jugées «pour le moins optimistes» en termes de gain de temps. Une «supercherie» qui n'est bien évidemment pas du goût des élus locaux : «nous n'accepterons pas d'engager des millions d'euros d'argent public et la destruction de notre environnement pour ne gagner que 13 minutes entre Paris et Irun» expliquait jeudi soir le maire de Saint-Pierre-d'Irube, Alain Iriart.
Étude indépendante
Rappelons peut-être que dans cette affaire, la prévision de trafic est l'élément clé. Soit la ligne actuelle peut supporter les prévisions, auquel cas une nouvelle ligne serait totalement injustifiée, soit c'est impossible et la mise en place d'une nouvelle ligne apparaît alors comme indispensable. Or, difficile, pour ne pas dire impossible, de poursuivre les discussions avec un opérateur qui est à la fois «juge et partie» puisque dans ce dossier les études de prévisions ont été menées par le promoteur : RFF.
S'appuyant sur le rapport de la cour des comptes, sur des photos montrant l'impact sur le paysage de la construction de ces lignes (pont aérien, destruction de 9 hectares de forte par kilomètre de rail...) ou encore le constat d'échec des expériences connues d'autoroute ferroviaire (Perpignan), les élus et autres intervenants, ont dénoncé le manque de transparence et le parti pris de RFF. Rappelant aussi que l'échéance se rapprochait, que le calendrier de rendez-vous ne permettait plus d'attendre, ils ont insisté sur la nécessité d'une étude «totalement indépendante» qui intégrerait l'impact de la crise sur les prévisions de trafic, notamment en matière de fret (-50 % d'activité chez Novatrans à Mouguerre) mais également l'hypothèse, écartée par RFF, de la modernisation des voies existantes. Une étude d'ores et déjà commandée dont les résultats seront connus dans quatre mois.
Appel à la mobilisation
Quoi qu'il en soit, l'heure est à la mobilisation et les intervenants d'avant-hier n'ont pas manqué de lancer un appel à la création de mouvements anti LGV, à l'image notamment de celui des élus locaux qui devrait très prochainement voir le jour. Pour Victor Pachon du CADE, le moment est plutôt mal choisi pour «baisser les bras» d'autant que ce projet de LGV n'est pas vraiment dans l'air du temps au vu du contexte économique actuel et de l'urgence en matière de réchauffement climatique, d'économie d'énergie et de développement durable : «Il s'agit d'un TGV qui arrive avec son lot de boulets : urgence climatique, crise, modernisation des voies actuelles privilégiée par la cour des comptes, incohérence mise en avant par le rapport européen d'Avignon, l'énorme participation financière demandée aux collectivités locales...» a conclu Victor Pachon