du PAYS BASQUE
Euskal Herriko Kazeta
L'opinion - Tribune Libre
14/03/2009
Par Xipri Arbelbide
Je ne suis pas ingénieur des ponts et chaussées, mais je lis attentivement tout ce qui s'écrit sur la Ligne à Grande Vitesse. Et j'ai le tort de ne pas oublier aujourd'hui ce que j'ai lu hier.
Je dois avouer que certaines choses me posent question. On nous sort des chiffres mirobolants sur ce que sera ce nouveau train pour notre cher Pays Basque. Sont-ils crédibles ? Certains ici y croient (le monde économique). D'autres en sont au «non, mais» qu'il faut traduire «oui, si j'ai ma petite gare TGV chez moi.» Rappelez-vous ceux qui avaient rêvé des joujoux Concorde ou paquebot France...
J'ai regardé ce que l'on disait il y a 30 ans sur le TGV Paris-Londres. Un brain Trust (ou Brain Storming ?) réunissant les plus grands spécialistes, ingénieurs, experts, économistes, politiciens etc... Nous assurait un trafic de 30 millions de voyageurs et 15 millions de tonnes de marchandise sur la nouvelle voie et le tunnel sous la Manche. C'était le grand chantier du siècle, l'épopée de la nouvelle technique postmoderne, comme ils disaient. Et le grand placement du siècle pour ceux qui avaient quelques économies à placer.
Faisant confiance à une telle palette de savants, 800.000 actionnaires placèrent leur argent dans l'AFFAIRE : l'action achetée à 35 euros vaut aujourd'hui 0,36 ?! Un centième du prix de vente. Les entreprises BTP s'en sont mis plein les poches. Aucune banque n'a été ébranlée par cette aventure : elles ont tiré leurs marrons du feu, sans problème. Comme elles le feront sans doute de la crise actuelle. Mais les petits actionnaires ont été bernés.
Nous sommes à moins de 7 millions de voyageurs (en dessous du quart du chiffre avancé !) et de 1,5 millions de tonnes de marchandises (le dixième de ce qui était prévu !).
Le TGV Paris-Madrid est-il plus rentable ? Comment faire confiance à des gens qui nous ont déjà trompés ? Des gens dont les bilans sont incontrôlables... même par la Cour des
Comptes : aussi effarant que cela puisse paraître, dans son rapport d'avril 2008, celle-cidéclare ne pouvoir vérifier si les TGV actuels sont rentables ! Hervé Marriton, député UMP,membre de la commission des finances, confirmait en disant que l'équilibre financier des lignes TGV reste un mystère.
M. Saint Martin ancien president de la CCI de Bayonne nous révèle que dans son bilan, la SNCF se targue d'un bénéfice de 1,27 milliards d'euros alors qu'elle a besoin de 11,7 milliards d'aide de l'Etat pour couvrir son déficit, supérieur à celui de la Sécu ?
Et il faudrait que le Pays Basque, suivant les yeux fermés les promesses de ces gens-là, investisse massivement dans une nouvelle ligne bien plus longue que Paris-Londres et bien moins rentable si nous regardons le bassin de population de l'un et de l'autre ?
Espérons que tous nos responsables seront assez lucides pour ne pas se laisser impressionner par les belles paroles du premier venu de l'ENA qui dira avec la même conviction demain, le contraire de ce qu'il dit aujourd'hui, selon l'ordre reçu de Paris.
Pour terminer, voici ce que dit un document du CCFD1 au sujet de la crise actuelle : «Hold up international avec des sociétés à irresponsabilité illimitée et la participation de l'Union Européenne.» Nous nous permettons d'ajouter «de l'Etat Français et de la Banque Mondiale.» Et pour notre cas particulier, car c'est une partie de l'ensemble : « des soutiens locaux.»