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21 mars 2021 7 21 /03 /mars /2021 18:15

 

 

 

La crainte d’une privatisation des forêts est nourrie depuis quelques années par le recours exponentiel à une main d’œuvre privée pour remplacer les fonctionnaires sur le départ de l’Office national des forêts.

15 MAR. 2021 - 17:45h

Patrick Graciet

La pétition en ligne “Non à la privatisation de l'ONF” a réuni près de 130 000 signatures au 9 mars. © J-C. RUIZ / FOKU

La pétition en ligne “Non à la privatisation de l'ONF” a réuni près de 130 000 signatures au 9 mars. © J-C. RUIZ / FOKU

Elle est l’une des grandes absentes du projet de loi Climat et résilience, dont l’examen des amendements en commission spéciale a débuté lundi 8 mars. La forêt est pourtant un enjeu environnemental majeur et la Convention citoyenne à l’origine du projet de loi, avait émis une proposition sur sa gestion : “Valoriser les compétences de l’Office national des forêts (ONF) et réaffirmer le rôle et les missions de service public forestier au service de l’intérêt général et de la biodiversité.” Idée non retenue…

L’association Canopée et le collectif SOS Forêt ont organisé une manifestation devant l’Assemblée nationale lundi 1er mars. “Avec quasiment quatre emplois sur dix détruits en 20 ans (38 %), l’ONF est en voie de disparition physique”, dénonce ainsi Canopée sur son site internet. L’association a lancé une pétition en ligne pour sensibiliser sur la question, intitulée “Non à la privatisation de l’ONF”.

“Ce que l’on appelle une privatisation, c’est bien une spoliation de biens collectifs, assure Ramuntxo Tellechea, représentant local du SMUPEFEN, syndicat majoritaire à l’ONF. Et l’ONF fait partie du projet de privatisation des forêts publiques et par là même de l’établissement.” “Nos deux ministères de tutelle [Agriculture et Environnement, ndlr] ont réaffirmé le maintien du statut de l’ONF en tant qu’établissement public de l’Etat, tempère Antoine de Boutray, directeur départemental de l’ONF. Aujourd’hui, ce que l’Etat attend de l’ONF comme pour tous les opérateurs publics, toutes les administrations, c’est de gagner encore en performance.”

 

Recours à des salariés du privé

“On a affaire de moins en moins à des gens de métier et de plus en plus à une gouvernance par les nombres, s’inquiète Ramuntxo Tellechea. Depuis trois ans, il n’y a plus de concours pour être fonctionnaire garde forestier.” Le recours à des “jeunes qui rentrent avec des salaires plus bas et un statut non protégé” lui semble préjudiciable dans la “gestion à long terme des forêts publiques”. Pour lui, un salarié de droit privé ne peut pas défendre les intérêts de la forêt au même titre qu’un agent de l’Etat. “En tant que fonctionnaire, on est protégé par rapport aux difficultés potentielles vis-à-vis des marchands de bois, ou avec des élus qui pourraient avoir d’autres intérêts que ceux imposés par le code forestier.”

Un enjeu d’autant plus important que le budget de l’ONF et des collectivités propriétaires de forêts “est abondé notamment par les ventes de bois”, reconnaît Antoine de Boutray. Mais lui se veut rassurant. “Chaque forêt a un plan de gestion, qui prévoit le calendrier des coupes.” Il ajoute que “la politique forestière est une politique de l’Etat qui est assez fortement encadrée”. Il en veut pour preuve, à titre d’exemple, la possibilité pour les préfets de “réglementer l’emploi des coupes rases”. Une méthode décriée pour ses conséquences environnementales et qui transformerait les forêts en usines à bois. “Sur les Pyrénées-Atlantiques, cela a été réduit très fortement”.

“On essaie de promouvoir une forêt avec quatre grandes fonctions, détaille le directeur départemental. La forêt produit du bois ; il y a un rôle en termes d’accueil du public et aménagement du territoire ; elles sont un grand réservoir de biodiversité ; et c’est un moyen efficace de lutte contre les risques (érosion des sols, avalanches, pluies torrentielles).”

 

Spécialisation des postes

Des spécificités qui nécessitent pour Ramuntxo Tellechea une vision globale des enjeux de la forêt, alors que la tendance actuelle serait plutôt à la spécialisation des postes. “Jusqu’à présent on s’occupait de l’ensemble du processus avec une personne ou autre qui venait en point d’appui nous aider. Si on est spécialisé, les uns dans le commercial, les autres dans le marquage des bois, d’autres dans les chantiers de plantation, ou encore dans la surveillance générale, on perd la cohérence du territoire et de la forêt”, redoute-t-il, voyant dans la gestion actuelle les dérives d’un “management néolibéral”.

 

 

 

Source: https://www.mediabask.eus/fr/info_mbsk/20210315/syndicats-et-associations-craignent-une-privatisation-des-forets

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