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3 juillet 2020 5 03 /07 /juillet /2020 11:00

 

 

 

Un audit de la Cour des comptes européenne a mis en lumière que le corridor ferroviaire dit du "Y basque" accumulera un retard de 29 ans et un surcoût de 39 %, soit 1,8 milliard d’euros. Un retard en partie causé par l’absence de planification de la ligne LGV entre Bordeaux et le Pays Basque Nord.

Willy Roux|27/06/2020 09:00|0 commentaires

De nombreux tunnels et viaducs intègrent le parcours de l'Y Basque au Pays Basque Sud.

De nombreux tunnels et viaducs intègrent le parcours de l'Y Basque au Pays Basque Sud.

Mardi 16 juin, la Cour des comptes européenne a épinglé les huit "méga-projets" de transports promus par l’Union Européenne et dont les travaux devaient se terminer en 2030. Des décennies de retard et plus de 17,3 milliards d’euros de surcoût total sont pointés du doigt.

Parmi ces grandes infrastructures, on retrouve le projet du Y basque. Un projet de corridor ferroviaire qui doit relier les principales villes du Pays Basque Sud jusqu’à Bordeaux en passant par le Pays Basque Nord. A l’origine, l'estimation initiale du coût du "Y basque" était de 4,7 milliards d'euros "en valeur 2019". La "dernière estimation" du prix final est de 6,5 milliards d'euros. Cela représente une augmentation des coûts de 1,8 milliards d’euros, soit près de 39 %

Le rapport avertit que "la ligne conventionnelle existante vers Bordeaux a une capacité trop faible, doit être mise à jour et doit être connectée au reste du réseau ferroviaire espagnol". Selon les auditeurs, la planification des travaux dans la partie française du "Grand Projet du Sud-Ouest" entre le Pays Basque Nord et Bordeaux ne pourrait commencer qu’en 2037, "car le gouvernement actuel accorde une priorité plus élevée aux travaux sur les infrastructures existantes qu'aux nouvelles".

Au sujet du projet de ligne à grande vitesse (LGV) qui doit relier dans un premier temps Bordeaux à Dax puis Dax à Hendaye en passant ou non par Bayonne, la grande majorité des candidats au second tour des élections municipales dans les villes de plus de 1 000 habitants interrogés par le CADE (Collectif d’associations de défense de l’environnement) se disent en faveur de la modernisation des voies existantes et contre la création de nouvelles voies. Selon le CADE, seul Henri Etcheto à Bayonne s'est dit avant le premier tour, "plutôt pour" une voie nouvelle. Nathalie Motsch à Biarritz a, elle, un avis nuancé sur la question sans trancher pour une nouvelle voie LGV ou la rénovation des voies. 

Pour Oskar Hericks, l’auteur du rapport et membre de la Cour des comptes, il en découle que comme "la connexion à grande vitesse n'est même pas prévue du côté français de la frontière, l'entrée en service du Y basque à pleine capacité sera retardée d'au moins 29 ans".

 

13 ans de retard au Pays Basque Sud

Côté Pays Basque Sud, "l’Y basque", est un projet ferroviaire de 175 km de voies ferrées dont 94 entre Gasteiz et Bilbo. Il doit relier Gasteiz à Bordeaux. L’utilisation de ces voies, dont 157 km en voie double, doit servir autant au transport de marchandises qu’à celui des voyageurs. Six gares doivent être desservies (Astigarraga, Bilbo, Gasteiz, Irun, Donostia et Ezkio-Itsaso). L'entrée en service de cette infrastructure doit permettre de réduire le temps de voyage entre les trois capitales du Pays Basque Sud, de 60 % entre Gasteiz et Donostia, et de 80 % entre Bilbo et Donostia et entre Bilbo et Gasteiz. Pour le service de marchandises, des connexions avec les ports de Bilbo et de Pasaia (Gipuzkoa) doivent être réalisées.

Du côté Sud, les experts de l'Union européenne (UE) comptent sur l'achèvement du "Y basque " en 2030, mais ils voient "peu probable" que sa liaison avec le reste du réseau espagnol à grande vitesse soit prête en même temps, étant donné que la section Burgos-Gasteiz est toujours à l'étude. Le rapport rappelle que si le début des travaux a commencé comme convenu en 2006, l'idée était de terminer les infrastructures en 2010. Désormais, il est annoncé qu'elles ne seront en aucun cas achevées avant 2023, soit une période d’exécution des travaux allongée de 13 années.

Les 100 pages du rapport indiquent que ce retard "a un impact majeur sur la sécurité et pose un risque pour l'efficacité du cofinancement de l'UE". Les défaillances pointées sont multiples : des dépassements de coûts pouvant aller jusqu'à 54,7 % par rapport aux prévisions initiales, des répercussions sur la réduction des émissions carbone (le projet estime qu’on retirera 800 000 camions de la route par an), des "prévisions de trafic trop optimistes", "analyse coûts-avantages mal faite", manque de participation et incapacité à réaliser "une analyse critique de la durabilité à long terme". Enfin, selon des experts européens, la Commission européenne aurait dû agir "plus strictement" pour s'assurer que les États membres respectent les délais fixés pour le développement des projets.

L’Y Basque suscite de vives critiques et un rejet de la part d'une grosse partie de la société basque : partis politiques, syndicats, collectifs locaux et associations écologistes. Le PNV au pouvoir à Gasteiz, lui, y est plus que favorable.

 

 

 

Source : https://www.mediabask.eus/fr/info_mbsk/20200627/retard-de-29-ans-pour-le-projet-ferroviaire-du-y-basque

 

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