10 mars 2020
Alors que nous sommes tous en urgence climatique, au Pays basque comme ailleurs, il est légitime de se poser la question de l'opportunité de la construction d'une piscine à vague sur le littoral. Pourtant deux candidats au poste de maire de Saint Jean de Luz, Manuel de Lara et Jean-François Irigoyen* , se sont déclarés favorables à ce projet.
Ce surf park serait construit sur un terrain composé d'une part d'un boisement, dont tous les arbres, y compris des pins et les chênes centenaires, seraient abattus. D'autre part de terres agricoles déclassifiées, mais analysées comme riches et en très bonne santé. Ce bois et ce champs, situés derrière le siège de l'entreprise Quiksilver, appartiennent pour partie à la mairie de Saint Jean de Luz. Une fois la vente signée, le surf park serait construit et exploité par la société Boardriders.
Évoqué comme une « piscine à vague », le terme juste est plutôt un « surf parc », si l'on considère l'étendue de son emprise sur 8 hectares. Y est prévu un bassin d'eau de 155 mètres de long, (pour visualiser, un terrain de rugby ne fait que 100 mètres de long), utilisant 25 000 mètres cubes (par comparaison, une piscine olympique contient 2500 M3). L'énergie électrique necessaire à la pulsion aquatique, n'a pas à ce jour été évalué.
D'ailleurs beaucoup de points importants n'ont pas été rendu publics. Ce qui ouvre la porte à de nombreuses question légitimes.
Les faits sont cruels: l'hypothèse d'un réchauffement de 2 degrés est quasiment abandonné, notre planète se dirige plutôt vers un réchauffement rapide de 4 degrés ou plus. Les gouvernements européens dépensent des milliards d'euros pour économiser l'eau, l'énergie, développer les circuits courts (grâce à la sauvegarde des terres agricoles). Les arbres sont nos derniers remparts contre à la fois le réchauffement climatique et la dégradation de la qualité de l'air... comment un skate parc pourrait-il être en phase avec l'environnement ? Est-il écologiquement responsable de sacrifier un bois planté de chênes centenaires et plusieurs hectares de terres agricoles simplement pour attirer encore plus de surfeurs sur notre littoral ? Ces milliers de mètres cubes d'eau, cette électricité, ces terres agricoles ne seraient-elles pas mieux utilisées à des fins naturelles ?
L'analyse économique n'est pas beaucoup plus enthousiasmante. La santé de l'entreprise Boardrider est si peu florissante qu'elle a mis en vente son siège européen de Saint Jean de Luz, tout en achevant son troisième plan de licenciement.
Enfin, humainement, quelle vision de leur avenir offrons nous aux jeunes surfeurs, en les poussant à pratiquer des vagues artificielles, payantes (on a vu des vagues à 45 €!) , à 1 km de l'océan Atlantique ? Imiter la nature artificiellement a toujours un coût écologique énorme, pour peu de rentabilité à long terme. Les installations des jeux olympiques dans le monde entier, aujourd'hui abandonnées rouillées et dévastées en sont la preuve.
En conclusion, il semble clair qu'un surf park à Saint Jean de Luz soit une bonne idée du XX ème siècle, devenue ringarde aujourd'hui. Des associations sont déjà vent debout, et même les surfeurs sont divisés.
* réponse officielle et argumentée de la part de Jean-François Irigoyen
1) C’est un projet privé et non municipal
2) C’est un projet d’une entreprise emblématique en termes de préservation de l’environnement
3) Nous avons tout intérêt à préserver cette entreprise et ses emplois
4) Tout sera fait en fonction des autorisations qui auront été obtenues par Quiksilver
5) on apprend bien à nager à la piscine et non dans l’océan , idem pour le surf
Source : http://laminuteverte.blogspot.com/2020/03/un-surf-park-saint-jean-de-luz.html