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19 septembre 2019 4 19 /09 /septembre /2019 09:42

 

 

Publié le 7 septembre 2019 par werdna01

Charlie Hebdo – 28/08/2019 – Jacky Bonnemains –

Les « Attilas » du tourisme marin

Avec 5 000 autres moutons et pigeons embarqués sur les méga Titanic que M. Macron, décidément grand connaisseur de l’architecture religieuse , a honorés un jour à Saint-Nazaire du titre de « cathédrales sur l’eau« , Vous avez le privilège d’utiliser à fonds perdus votre carte business trafic et pollution. Du haut du douzième étage, vous empoisonnerez l’air des indigènes de Marseille, de Barcelone et de Dubrovnik, et vous aurez le privilège d’entrer par effraction dans Venise avec l’aide de vieux remorqueurs sulfureux et impuissants. Vous aiderez les armateurs de loisirs à payer leurs amendes pour rejets de déchets et de plastiques dans la voirie marine. Entre 2017 et 2019, Carnival Corporation, qui au-delà de ses marques américaines détient entre autres Cunard Line eu Royaume-Uni, Aida Cruises en Allemagne, ou Costa Croisières en Italie, a écopé d’une amende globale de 50 millions de dollars pour compenser ses incivilités, ce qui peut paraître beaucoup, mais ne représente que 0,7 % de son bénéfice annuel.

Les magnats des croisières ont le truc pour transformer l’eau de mer en liquide. A bord de leurs machines à cash et conformément à leur doctrine de développement équitable, vous aurez, vous aussi, la possibilité de vous intoxiquer sur le pont supérieur, ou au balconnet de votre cabine s’il est situé à l’arrière des cheminée et sous le panache des rejets. A cette condition, même si vous êtes en pleine Méditerranée, ou en Arctique,  vous pourrez vous croire à Pékin ou à Santiago du Chili, du moins pour ce qui concerne l’intensité d la pollution atmosphérique. Sur le navires de Costa ou de MSC, à partir de l’Amérique du Sud ou des Caraïbes, à destination de l’Europe, faites attention à vos fréquentations et à ne pas ouvrir vos valises à n’importe qui. Les cartels habitués aux porte-conteneurs se diversifient dans les navires de croisières, et les « mules » de cocaïnes sont nombreuses à bord. Le tourisme de masse vire souvent au cauchemar.

Les « Attilas » du tourisme marin

Avant chaque « marée du siècle » – les grandes marées de septembre sont bien appréciées -, la presse régionale et les syndicats d’initiative font la promotion du piétinement des dunes et du pillage du littoral. Entraînés par l’euphorie collective, par l’accaparement provisoire d’un domaine étranger et si possible par une météo d’été indien, les pilleurs de grèves déferlent alors par centaines de milliers sur les plages et les criques, et perquisitionnent à marée basse le moindre rocher. Les chiens lâchés dispersent et épuisent les colonies d’oiseaux de mer, migrateurs ou sédentaires qui ont faim. La moindre mare est rançonnée. Ce n’est plus un pillage, c’est une expédition guerrière à coup de bêche, de griffe, de fourche, de râteau, de couteau, de crochet et d’épuisette, et chacun remonte vaguement épuisé dans la voiture ou les autocars affrétés par les agences de tourisme, avec un pauvre butin agonisant et souvent insalubre, comme le déclare un arrêté municipal pudiquement affiché entre une pissotière et un marchand de glaces. 

Quelques-uns de ces pêcheurs sont pénétrés de bonne conscience, après avoir appliqué et transmis aux enfants la recommandation unanime des journaux et de la République: « Les pierres manipulées doivent être replacées dans leur position d’origine, sur la même face. » La pêche à pied, comme l’architecture urbaine, pratique le façadisme. A défaut de sauver un écosystème, il suffit de sauver les apparences. Beaucoup savent depuis des lustres que ce tourisme cynégétique maritime dépasse les bornes, mais aucune mesure proportionnée au désastre n’est prise. « Si on bouge, on risque l’émeute. » Disent les mieux informés dans les coursives des ministères, des assemblées, de l’Agence des aires marines protégées et de l’Ifremer. Les mieux informés sont souvent les plus résignés. Les bigorneaux, les patelles, les crabes verts, les bouquets, les varechs, les ascophylles noueuses et les goémons frisés ne fréquentent pas les isoloirs.

Les « Attilas » du tourisme marin

Un rapport commandé au début de l’été 2019 par le Premier ministre à un sénateur du Lot-et-Garonne se contentera, à la veille des élections municipales de mars 2020, du suggérer à chaque pêcheur à pied de s’inscrire sur un site Internet à créer et de s’engager à respecter les règlementations, dont les fondements datent de 1852. Comme les industriels, les pêcheurs à pied ont le privilège de s’autocontrôler.

 

 

Source : https://resistanceinventerre.wordpress.com/2019/09/07/les-attilas-du-tourisme-marin/

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