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19 septembre 2019 4 19 /09 /septembre /2019 08:41

 

 

Par olivier cabanel (son site)
vendredi 21 juin 2019

EDF, la grande passoire

Avec ses vieilles centrales nucléaires rafistolées à grands frais, ses nouveaux EPR de plus en plus chers, l’électricité nationale est au bord du gouffre, et ce gouvernement qui se veut « très écologique » envisage une solution qui l’est beaucoup moins.

Il s’agit d’investir une somme prodigieuse dans le nucléaire : pas moins de 100 milliards, ce qui va vider un peu plus le porte-monnaie des français.

Il s’agit de nationaliser ce qui perd de l’argent... c’est à dire le nucléaire, et privatiser ce qui en rapporte un peu...lien

C’est ce qu’il fallait comprendre dans l’intervention très alambiquée d’Yves Marignac, directeur de Wise-Paris sur l’antenne de France Inter, le 28 mai 2019, dans l’émission de Mathilde Munoslien

Ce qu’il faut retenir de cette courte intervention, c’est que sous le nom de code « Hercule », le PDG d’EDFJean-Bernard Levy n’envisage rien de moins que de séparer le secteur nucléaire des autres activités. lien

Or, en pénalisant le diésel, et en faisant la promotion de « la voiture électrique », qu’il vaudrait mieux appeler « la voiture nucléaire », puisque l’électricité produite dans notre pays est majoritairement nucléaire, l’état veut relancer l’énergie nucléaire, grâce à cet investissement pharaonique. 

EDF, la grande passoire

L’occasion de rappeler le rapport de la Cour des Comptes qui, en 2012, alertait le gouvernement : « les investissements liés à la construction du parc nucléaire français, à son fonctionnement, à son entretien et à son démantèlement y sont présentés sans prise de position », ajoutant : « les couts de production pourraient augmenter de 10% dans les années à venir... ». lien

Quant à Emmanuel Macron, qui, on le sait, s’est découvert récemment une passion pour la défense de l’environnement, il lui manque encore d’en apporter la preuve.

Il dit ce qu’il veut faire, mais il ne fait pas ce qu’il dit... à preuve la décision de stopper récemment le projet de déploiement de 7 hydroliennes qui venait tout juste d’être engagé.

L’usine de Naval Energies, dont l’état possède 60 % des actions, avait été inaugurée il y a moins de 2 mois, et vient de constater l’arrêt brusque des investissements.

Hervé Morin, président de la région Normandie déplore : « là on avait un secteur avec une entreprise nationale qui avait été incitée par l’état voulant développer l’hydraulique en mer  ». lien

D’autres secteurs sont touchés par cet acharnement macronien à défendre le nucléaire, dont certaines entreprises font les frais, tel par exemple celle d’Alstom.

Pourtant le 28 mai 2015Macron, alors ministre de l’économie, avait déclaré lors d’une visite au site Alstom de Belfort : « Belfort a un avenir industriel ».

4 ans plus tard, Macron est président, et Alstom n’existe plus, puisque vendu à Général Electric pour 13,5 milliards d’euros. lien

Lors de cette vente, Général Electric s’était engagée à créer un millier d’emplois en 3 ans... sauf que l’usine de Belfort, spécialisée dans les turbines à gaz a manqué de commandes, ce qui a provoqué la suppression de 1044 emplois.

Comme l’écrit le député LR Olivier Marleix « l’état lui-même a trahi ses engagements et abandonné Alstom. Cette opération n’aura été qu’une opération financière sacrifiant les intérêts industriels de la France et des éléments essentiels de notre souveraineté  ». lien

D’autres vont plus loin évoquant une vilaine affaire, une vente forcée en échange de l’abandon de poursuites pouvant remonter jusqu’au PDG d’AlstomPatrick Kron, sur un fond de soupçons de corruption. lien

D’autres se sont limités à évoquer « un marché de dupes ». lien

La raison de ce fiasco est surtout due à l’obstination de Macron à défendre le nucléaire, en bafouant la loi de la transition énergétique, décidant de n’arrêter que 14 très vieux réacteurs nucléaires... mais en 2035... tout en préparant un nouveau programme de construction d’EPR.

Actuellement, EDF achète des terrains à proximité de ceux des centrales nucléaires actuelles... et ce n’est probablement pas pour y planter des radis. lien

Pourtant, dans le cadre de la PPE (Programmation Pluriannuelle de l’Energie) de 2019RTE avait proposé plusieurs scénarios respectant la loi de la transition énergétique... dont le scénario WATT qui consistait à ne prolonger aucun réacteur nucléaire au-delà de leur 4ème visite décennalelien

Scénario balayé par « Macron l’écolo ».

Pourtant il était viable, et moins couteux.

Ce plan était un véritable outil de la transition énergétique, impliquant le développement de toutes les énergies renouvelables, la construction de centrales thermique principalement au gaz, gaz naturel, ou méthane fabriqué, (lequel dans notre pays a un potentiel d’ 60 MTEP annuels, de quoi alimenter tous les véhicules du pays, poids lourds compris) et qui de plus aurait permis non seulement de sauver des emplois chez Général Electric, mais aussi d’en créer.

Pas surprenant dès lors l’augmentation des tarifs de l’électricité que les français viennent de subir (5,9 %) ...et selon les experts, ce n’est pas fini, puisque d’ici 2020 l’augmentation du prix de l’électricité aura dépassé les 10%... L’INSEE avait précédemment enregistré une évolution du prix de l’électricité d’environ 30% entre 2005 et 2016. lien

EDF, la grande passoire

Cette augmentation était largement prévisible, vu l’état des finances de RTE... due en grande partie à l’échec technologique et financier de l’EPR de Flamanville... et des couteux travaux de rafistolage des vieilles centrales, sans oublier les échecs financiers des autres EPR, comme celui de la Finlande par exemple. lien

En effet, celui d’Olkiluoto devait entrer en service en 2009, prenant 10 ans de retard, et triplant ses coûts initiaux, entraînant la quasi faillite d’Areva avec 37 milliards de dettes.

Flamanville on ne peut que constater l’explosion des prix, puisque le prix de l’EPR initialement estimé à 3 milliards, est en train d’atteindre 12 milliards... auxquels il faut ajouter le retard : la centrale devait être inaugurée en 2012... et le sera, peut-être en 2023... peut-être car l’ASN (autorité de sureté nucléaire) demande à ce que certaines soudures de la cuve soient effectuées.

Ce qui pose de gros problèmes, car il y en 8 qui sont difficilement accessibles.

L’état, qui détient 83,7% de l’entreprise, souhaitait passer outre, et réaliser ces soudures plus tard, après le démarrage du réacteur, ce que les experts de l’ASN ont catégoriquement refusé. lien

Cet entêtement à utiliser cette énergie mortifère est justifié par le gouvernement, dont on n’a pas oublié que le 1er ministre avait fait une bonne partie de sa carrière dans la « com » chez Areva, avec comme argument majeur que le nucléaire ne produirait pas de CO2... ce qui est largement faux si l’on prend en compte la fabrication du combustible et son transport... et de toute façon, le nucléaire n’est pas une énergie renouvelable... elle est fossile.

Restons dans le nucléaire, domaine si sensible, constatant qu’une fois de plus, la radioactivité ne respecte pas les frontières, puisqu’elle est venue d’outre Quiévrain...lien

En effet, entre les 14 et 17 mai un nuage radioactif a traversé la campagne française sans que grand monde ne soit au courant, mais les autorités se sont voulues rassurantes, expliquant que, bien que les rejets aient dépassé la limite autorisée, « aucune action visant à protéger la population (...) n’a été nécessaire  ».

Ce nuage provenait d’une mauvaise manipulation de capsule de Sélénium-75.

...et de toute façon, l’information n’a été diffusée que 2 jours après... soit le 16 mai.

L’occasion de proposer la carte des zones d’exclusion en cas d’accident nucléaire majeur dans notre pays.

EDF, la grande passoire

Quittons la France pour le Japon, ou l’erreur humaine a encore frappé dans une centrale nucléaire, suite à un séisme de magnitude 6,4, qui a provoqué la panique d’un employé, lequel a signalé « la présence d’anomalie » concernant le refroidissement d’un bassin de combustible... bourde rectifiée 17 minutes après l’envoi du fax...

Suite à ce séisme, TEPCO a déclaré qu’il n’y a eu que des dégâts mineurs...26 personnes blessées... dont 2 sérieusement. lien

On le voit, dans le domaine du nucléaire l’échelle des valeurs n’est pas la même que dans d’autres domaines...

Comme dit mon vieil ami africain : « celui qui désire la pluie doit aussi accepter la boue ».

Le dessin illustrant l’article est de Miss Lilou

Merci aux internautes de leur aide précieuse

Olivier Cabanel

 

 

Source : https://www.agoravox.fr/actualites/environnement/article/edf-la-grande-passoire-216049

 

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