Tout le tableau périodique des éléments sera bientôt revu et corrigé par les multinationales de la chimie.
La France a décidé de suspendre l’usage du dioxyde de titane nano dans les aliments (étiqueté E171) en novembre 2018. La mesure pourrait être étendue au niveau européen grâce à la mobilisation des associations. L’UE doit trancher pendant l’été. Cette variété de nanoparticules, dont la cancérogénicité est fortement suspectée chez l’homme, est utilisée comme colorant dans les aliments industriels, les cosmétiques et les médicaments, comme excipient dans des vaccins et comme antibactérien dans mille autres produits. Ce n’est d’ailleurs qu’un exemple de nanos que les grands producteurs répandent à notre insu.
Leur taille est infime, comparable à celle du virus de la grippe, mais leurs propriétés sont très supérieures aux substances classiques. Plus rentables – car plus efficaces en moindre quantité – elles ouvrent en outre de nouveaux marchés en apportant aux matériaux plus de souplesse, de résistance, de légèreté… Soutenues par les États à coups de centaines de milliards d’euros, les firmes en inventent sans cesse de nouvelles et multiplient les applications.
Le dioxyde de titane nano compte parmi les plus utilisées, ainsi que le nano-argent, toxique pour les cellules, et les fibres de nanocarbone, probablement cancérigènes. Les industries en mettent aussi dans les textiles, les appareils ménagers, les ordinateurs, les mobiles… Elles prolongent plus longtemps la fraîcheur apparente des viandes et des légumes, accentuent leur éclat, rendent les farines et les poudres de lait plus pulvérulentes… Les crèmes solaires sont plus transparentes, les dentifrices plus blancs, les sous-vêtements plus élastiques et même autonettoyants, les couches-culottes plus antibactériennes, les médicaments « plus efficaces », les circuits électroniques plus performants, les raquettes de tennis plus réactives, les armes plus pénétrantes et les cuirasses plus impénétrables.
Tout le tableau périodique des éléments sera bientôt revu et corrigé par les multinationales de la chimie. Leur lobbying a réussi à persuader les gouvernements que le progrès passe nécessairement par leurs nanos. Elles les font rêver mais pourraient bien nous mener directement au cauchemar car elles contournent le règlement Reach qui interdit normalement la vente de substances nouvelles dont l’innocuité n’est pas testée. Les industriels l’ont écarté en prétendant que le profil toxicologique des nanos n’est pas différent de la forme classique. L’affabilité de la Commission européenne a fait le reste.