Transport mobilité durable
3 mai 2019 Anne Lenormand avec AFP / Localtis
Plus de 30 millions d'euros doivent être engagés par l'Etat et les collectivités locales pour permettre de réduire les nuisances sonores des lignes de train à grande vitesse Bretagne-Pays de la Loire et Sud-Europe-Atlantique, a annoncé le ministère des Transports ce 2 mai. Cette proposition est issue d'un rapport de médiation remis le jour même par le Conseil général de l'environnement et du développement durable (CGEDD) qui avait été saisi suite à des plaintes de riverains de ces lignes.
Elisabeth Borne, ministre chargée des Transports, a annoncé ce 2 mai vouloir mettre en œuvre "sans délai" une série de recommandations contenues dans un rapport du Conseil général de l'environnement et du développement durable (CGEDD) qui lui a été remis ce même jour pour traiter la situation des riverains exposés aux nuisances sonores sur les lignes TGV Bretagne-Pays de la Loire et Sud-Europe-Atlantique.
Travaux de protection phonique
Missionné depuis 2018 après des plaintes de riverains, le CGEDD a conclu que "si le bruit est limité en moyenne, la situation reste insupportable pour les riverains en raison de ces pics" de bruit "élevés lors du passage des trains". En conséquence, "des travaux seront menés pour traiter ces situations, selon les cas par une adaptation de l'infrastructure (rehaussement de talus, prolongation de mur) ou une isolation des habitations", a indiqué le ministère des Transports dans un communiqué jeudi.
"Avec les mesures que nous allons prendre, les riverains impactés vont bénéficier des travaux de protection phonique nécessaires", a déclaré la ministre Elisabeth Borne, citée dans le communiqué. "Chacun peut par ailleurs compter sur ma totale détermination à faire évoluer le cadre à l'avenir pour mieux prendre en compte ces pics de bruit".
Le coût total des travaux complémentaires à engager est estimé à 11 millions d'euros sur la ligne Bretagne-Pays de la Loire et 22 millions sur la ligne Sud-Europe-Atlantique, indique encore le communiqué, qui rappelle que le rapport du CGEDD suggère que la prise en charge soit répartie à 50% pour l'Etat et 50% pour les régions concernées, à savoir Bretagne, Pays de la Loire et Nouvelle-Aquitaine, "conformément aux principes du financement de ces lignes". La ministre, qui s'est entretenue avec les présidents des trois régions, a chargé les préfets de région concernés de "poursuivre les discussions sur cette base, en vue de conventions de financement qui devront être signées à l'été", indique encore le ministère.
Mieux connaître l'impact des pics de bruit sur la santé
La mission du CGEDD recommande aussi de poursuivre les études sur les effets des pics de bruit. "Il pourrait être demandé à l’Anses de piloter une étude sur les effets sur la santé (gêne et perturbation du sommeil) observés sur les populations riveraines de lignes LGV, mais aussi de poursuivre les travaux sur l’identification d’un indicateur permettant de refléter les pics de bruit, avance-t-elle. Un outil de modélisation devrait ensuite être élaboré afin de prendre en compte ces seuils dans les futurs projets de LGV". En attendant, elle propose de prendre en compte dans le cahier des charges des futures LGV, "en sus de la réglementation actuelle, d’une part les pics de bruit en y inscrivant un seuil à ne pas dépasser et d’autre part un seuil de gêne pour les nuisances vibratoires". La ministre a affirmé qu'elle allait saisir le Conseil national du bruit, le Cerema et l'Anses pour "travailler sur la définition d'indicateurs pertinents et une meilleure connaissance sur l'impact des pics de bruit sur la santé".
Travaux jugés "insuffisants" par un collectif de riverains
Tout en soulignant le "travail remarquable" réalisé par CGEDD sur "la souffrance des riverains", Laure Artru, présidente du CRI 72 (collectif de représentation des intérêts de riverains), qui revendique 700 adhérents dans la Sarthe, a porté un jugement très critique sur les travaux annoncés par la ministre. "Ils proposent 2 km de protection sonore sur 180 km de tracé, c'est insuffisant et aléatoire", a-t-elle déclaré à l'AFP. Laure Artru a affirmé que les expertises immobilières engagées par les riverains afin d'évaluer la perte de valeur de leur maison depuis l'extension de la ligne LGV allaient se poursuivre en vue de demander des indemnisations à la justice. "On en est à 200 plaintes", a-t-elle rappelé. Les riverains du CRI 72 sont défendus par l'ancienne ministre de l'Environnement Corinne Lepage.
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https://sfrpresse.sfr.fr/article/06cd4e07-1f2a-4bb0-a1af-7e6fafbabaf8