Publié le 10 avril 2019 par werdna01
Le Canard enchaîné – 03/04/2019 – Conflit de Canard –
Une promesse bidon. C’est ainsi que la Commission européenne qualifie entre les lignes l’ambitieux plan français de réduction des pesticides.
Petit rappel : depuis une directive de 2009, tous les États membres de l’Ue sont priés d’y aller mollo sur l’utilisation des insecticides, désherbants et autres fongicides, et de mieux protéger ceux qui actionnent les pulvérisateurs? La France, qui est le plus gros consommateur en Europe de produits phytosanitaires, avec 100 000 tonnes par an, a voulu jouer le premier de la classe. Son plan Ecophyto promettait de réduire de 50 % en 2018 les quantités de pesticides utilisés (un objectif désormais reporté à 2025… !). Sauf que c’est l’inverse qui s’est produit : les tonnages ont bondi de 12 % entre 2009 et 2016 !
Un ratage que décortique cruellement, dans un audit qu’elle vient de rendre, la Direction générale à la santé et à l’alimentation (DG Santé) de la Commission européenne. Le document, rédigé par trois hauts fonctionnaires venus enquêter dans l’Hexagone, explique en substance que l’objectif est irréaliste en l’état – le budget étant insuffisant au regard de l’ambition affichée – et que la France ne s’est pas vraiment démenée pour protéger la santé de ses agriculteurs exposés aux substances toxiques.
Tout est parti de Bretagne, il y a trois ans, lorsque des paysans et des employés de coopératives agricoles intoxiqués par des pesticides sur leur lieu de travail ont saisi le Parlement européen, lequel a demandé à la Commission d’enquêter sur la manière dont la France respectait la fameuse directive 2009. Avec le résultat qu’on a vu.
Cette jacquerie des victimes est une calamité pour les industriels de l’agrochimie. Si les études scientifiques n’ont pour l’instant, pas apporté la preuve irréfutable que les résidus des pesticides dans l’assiette provenaient provoquaient des cancers chez les consommateurs, la question ne se pose plus pour ceux qui manipulent les bidons. D’après la Mutualité sociale agricole, 79 cas de Parkinson, de cancers de la moelle osseuse ou du système lymphatique ont été reconnus, en 2016 comme maladies professionnelles liées aux pesticides. Un décompte largement sous-estimé, selon les associations, fortes de plusieurs centaines d’adhérents, qui évoquent jusqu’à 10 000 malades potentiels.
Pour la troisième fois depuis le début e l’année, les parlementaires ont reporté la création d’un fonds d’indemnisation des victimes des pesticides. On se demande bien pourquoi