Lundi 22 janvier 2018 à 6:02 Par Nathalie Bagdassarian, France Bleu Gascogne et France Bleu Pays Basque
La LGV au Pays Basque finira-t-elle comme "Notre Dame des Landes" ? SNCF Réseau donne un signe supplémentaire à un probable abandon du projet. Toutes les ventes de terrains et permis de construire sont désormais acceptés sur le tracé.
Pays Basque, Pyrénées-Atlantiques, France
Le Pays basque a aussi son "Notre Dames des Landes " : la LGV. L'abandon du projet de construction de l'aéroport de Notre Dame des Landes a ravivé les espoirs de ses opposants. Leur bataille a commencé il y a un quart de siècle. D'année en année, ils remportent quelques batailles. Un des résultats pourrait bien être celui-ci : SNCF Réseau, en toute discrétion, accorde de plus en plus de ventes de terrain et de permis de construire sur les 36 km de tracé qui traverse 15 communes.
25 ans de résistance
25 ans que le projet est annoncé et toujours repoussé. L'an dernier, les signes d'un proche abandon se sont multipliés. Retour sur cette année 2017.
" Dans cette lutte contre la LGV, le temps est notre allié" - Victor Pachon, opposant de la première heure
Une maison pour ma fille
Le fuseau figé par SNCF Réseau ( ex RFF) en 2010 sur un 1km est réduit depuis 2014 à 500 mètres de large de Lahonce à Biriatou. Toutes les ventes de terrains et permis de construire y sont soumis à une autorisation de SNCF Réseau selon un arrêté préfectoral qui n'est valable que 10 ans. Par conséquent, il sera rapidement, caduc, soit en octobre 2020. A Ustaritz, Joseph Onchalo habite en plein milieu du tracé. Il a quand même décidé de donner une partie de ses terrains à sa fille. Il a eu l'autorisation de SNCF Réseau pour la vente et pour la construction d'une maison. Une maison aujourd'hui construite à 130 mètres de la potentielle LGV ! Ecoutez l'histoire de Joseph Onchalo qui ne croit plus au projet.
"Si la LGV avait dû se faire, elle serait déjà construite" -Joseph Onchalo
Dans les Pyrénées Atlantiques, aucune demande d’urbanisme soumise à SNCF Réseau ces 3 dernières années n’a fait l’objet d’un avis négatif - SNCF Réseau
Les demandes augmentent d'année en année. En 2017, près d'une centaine de vente de terrains et permis de construire ont été accordés. Il y a 2 ans encore, elles n'excédaient pas la soixantaine. Les agences immobilières sont tenues tout comme les notaires de prévenir les acheteurs qu'une Ligne à Grande Vitesse est en projet mais "cela n'est plus du tout un frein" reconnaissent les professionnels du secteur. Les terrains dans le fuseau "même à 100 mètres des rails potentiels" se vendent au prix du marché !".
Le projet ne verra pas le jour et on tend plutôt vers une réfection des voies existantes. "
" Les transactions sont toujours aussi importantes sur le secteur, assure sur France Bleu Pays Basque Isabelle Guinant, gérante de l'agence immobilière Belharra à St Pierre d'Irube. "Les terrains à bâtir se vendent, les maisons se vendent. Il n'y a aucun frein aux projets même ceux sur le fuseau de 500 mètres. Les permis sont accordés, ça ne pose aucun problème. Même si évidement, les acheteurs sont informés de ce fuseau."
Selon la loi, RFF a un droit de statuer sur les éventuels permis. "Aujourd'hui, poursuit la spécialiste, SNCF Réseau donne un accord sans problème et n'hésite pas à écrire qu'"à priori, le projet de LGV ne verra pas le jour et qu'on tend plutôt vers une réfection des voies existantes. "
Retrouvez ici l'itw en intégralité de l'invité d'Isabelle Guinant