Il manque une "volonté politique de la part des Etats membres et de la Commission européenne" pour protéger la biodiversité, pointe de nouveau, le 30 août, le Comité économique et social européen (Cese). "Ce ne sont pas les lois, les réglementations (directives Oiseaux et Habitats, directive relative à l'eau, NDLR), les déclarations politiques ou les recommandations qui manquent. Le problème, c'est bien celui d'un déficit de mise en œuvre", déplore Lutz Ribbe, membre allemand du Cese, auteur de l'avis sur la politique de l'UE en matière de biodiversité, paru en septembre 2016.
La Commission européenne a présenté en avril 2017 un nouveau plan d'actions visant à améliorer l'application des directives Habitats et Oiseaux qui encadrent le réseau de sites naturels Natura 2000 qui date de 1992, principal outil de protection de la nature. Dans sa stratégie en faveur de la biodiversité lancée en 2011, la Commission prévoyait déjà de renforcer ce réseau d'ici à 2020. "Aujourd'hui, en 2017, la quasi totalité des sites Natura 2000 sont enfin désignés (…) mais de nombreux sites ne disposent toujours pas de protection juridique permanente", critique le Cese. Et seulement la moitié des sites disposeraient de plans de gestion.
Manque de financement des zones Natura 2000
Le Cese explique aussi cette gestion insuffisante des zones Natura 2000 par leur financement qui provient presque exclusivement du Fonds européen de développement régional (Feder) et du Fonds européen agricole pour le développement rural (Feader) au titre du second pilier de la Politique agricole commune (PAC). En février 2017, la Cour des comptes européenne a aussi critiqué un mauvais recours aux fonds de l'UE. "Au sein de ces deux fonds, Natura 2000 entre en conflit avec de nombreux autres projets, et la protection de la nature en sort rarement vainqueur. Nous avons toujours mis en garde contre ce conflit entre intérêts divergents, et nous appelons une nouvelle fois la Commission à autoriser sans tarder une augmentation du budget dédié à Natura 2000", souligne M. Ribbe. Le Cese espère que "l'évaluation à mi-parcours des «surfaces d'intérêt écologique» et la prochaine réforme de la PAC (post 2020) sera également axée sur la réalisation des objectifs en matière de biodiversité".
Dans son plan d'actions, la Commission européenne prévoit d'augmenter de 10% le budget du programme Life et d'encourager l'investissement du secteur privé grâce au mécanisme de financement du capital naturel. Elle prévoit aussi "l'amélioration des synergies avec la PAC". Le 19 juin dernier, les Etats membres ont approuvé ce plan et se sont félicités du soutien financier apporté.