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29 avril 2016 5 29 /04 /avril /2016 10:17

 

Par olivier cabanel (son site)
mardi 26 avril 2016

Nucléaire, banalisation des catastrophes

Tchernobyl, Fukushima, les années passent, rien n’est résolu, ni l’extinction des feux nucléaire, ni la fin de la pollution radioactive, et pourtant, malgré la faillite annoncée, Areva, EDF et le gouvernement français s’entêtent à promouvoir cette énergie mortifère.

 

À Tchernobyl, le 1er sarcophage ayant rendu l’âme, un second est en construction depuis des années et devrait être glissé sur des rails dans quelques mois pour limiter les rejets radioactifs, pendant qu’à Pripiat et au delà, les sangliers radioactifs se multiplient : ils ne connaissent pas les frontières, et plus d’un tiers des sangliers allemands sont radioactifs : sur les 750 bêtes tuées, 297 d’entre eux dépassent la norme de radioactivité. lien

 

En Ukraine, les touristes font maintenant des randonnées nucléaires dans la zone contaminée, afin de découvrir cette faune qui a reconquis l’espace abandonné par les humains.                                                                                                                                                                                                                                                                                                                     Sous les conseils d’un guide, ils se baladent dans le secteur, avec comme recommandation : ne pas ramasser les champignons, ne pas manger ni fumer en extérieur... ils viennent y observer les bisons, les loups, les sangliers, les castors, les faucons, et même les aigles qui perchent maintenant au sommet des immeubles abandonnés. lien

 

Avec 160 dollars en poche, une bonne assurance, et une bonne dose d’inconscience, ils étaient déjà 7500 en 2011 à en faire leur destination touristique, l’occasion de rencontrer les plus de 2 millions d’ukrainiens portant encore les stigmates de la catastrophe. lien

 

Quant aux liquidateurs, sur les 600 000 à 800 000 sacrifiés pour nettoyer les abords du réacteur en fusion, il en reste peu encore en vie, s’il faut en croire le témoignage de Natalia Manzurova, chargée d’une brigade de 7 permanents, engagés de force, et dont elle est la seule survivante. lien

Nucléaire, banalisation des catastrophes

Au sujet du sarcophage qui doit recouvrir le réacteur 4 de Tchernobyl, il a fallu attendre près de 30 ans pour que son budget soit bouclé : plus de 2 milliards d’euros seront finalement dépensés pour sa construction, et il devrait être mis en place en 2017...lien

 

Contrairement à une idée reçue, trente ans après, il reste sur notre sol national d’importantes pollutions liées à Tchernobyl.

 

L’ACRO (Association pour le Contrôle de la Radioactivité dans l’Ouest) a en effet réalisé une étude sur tout le territoire français et les 146 prélèvements ont démontré que la pollution laissée par la catastrophe ukrainienne était bien plus présente que l’on aurait pu l’imaginer.

 

Il s’agit du césium 137, lequel a une période ou demi-vie de 30 ans, et c’est le massif alpin qui est le plus touché avec un pic de 68 000 Bq/kg sec, au Col du Restefond talonné par les 38 700 Bq au Col de la Pisse.

 

Nucléaire, banalisation des catastrophes

Avis donc aux promeneurs, et autres varappeurs qui, dès l’été venu, s’en vont escalader les sommets, en leur précisant que c’est dans les fonds de combe que s’est accumulée logiquement le plus de radioactivité.

 

Avis aussi aux ramasseurs de champignons, puisque sur 64 échantillons, 52 se sont révélé contaminés : un Hébélome brûlant a battu tous les record avec 4690 becquerels par kilo de poids sec. lien

 

À Fukushima, banalisation aussi... les écoliers portent autour du cou un détecteur de radioactivité en guise de pendentif, accessoire qui vient compléter les masques habituels.

Nucléaire, banalisation des catastrophes

Les sacs de terre contaminée s’accumulent jour après jour sur des zones interdites au public, avec en point d’interrogation leur durée : elle est limitée, et lorsqu’ils commenceront à se désagréger, il faudra recommencer l’opération.

 

Stockés sur 114 700 sites sous le nom de ISF, ce qui n’a rien à voir avec l’impôt sur la fortune, mais qui signifie seulement « lieu de stockage provisoire » (interim storage facility), il y aurait selon l’IRSN (Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire) 55 millions de mètres cubes en souffrance, (soit l’équivalent de 22 « grande Pyramide de Khéops »), et pour longtemps. lien

Nucléaire, banalisation des catastrophes

Au printemps 2015, des graines piégées dans la terre de ces sacs ont naturellement germé, faisant éclater des sacs, et le vent aidant, les poussières radioactives ont repris leur chemin incertain.

 

En septembre 2015, des sacs de terre contaminée ont été emportés lors de plusieurs inondations...et le 5 mars 2016 un incendie s’est déclaré dans un site de stockage de déchets de terre contaminée : il a brûlé pendant 5 heures, provoquant ainsi une nouvelle dispersion de la radioactivité dans l’atmosphère.

 

À ce jour, ces activités de stockage ont coûté à la communauté 1,5 milliard d’euros, et ont pour mission évidente le but de rassurer la population afin de dédramatiser la situation, et d’encourager les japonais à retourner dans leurs villes, et leurs villages.

 

Aujourd’hui, 5 millions de japonais vivent encore dans des zones contaminées, et 100 000 d’entre eux ont dû abandonner pour longtemps leur habitation, malgré les pressions du gouvernement qui fait tout pour minimiser les risques. lien

 

Pourtant, s’il faut en croire le professeur Imanaka, professeur en physique nucléaire, même si il constate une baisse naturelle du taux de contamination environnemental, celui-ci dépasse encore par endroit 10 à 20 fois le taux d’avant l’accident. lien

 

Quant aux liquidateurs, ils prennent la même tangente que ceux de Tchernobyl, car non seulement, nombreux sont ceux qui ne sont pas enregistrés, et du coup leur disparition ne pourra être liée au chantier nucléaire, mais les 46 000 ouvriers mobilisés depuis 5 ans ont hérité du qualificatif « d’ouvriers jetables », comme l’écrit Arnaud Vaulerin dans son livre « la désolation : les humains jetables de Fukushima » (éditeur Grasset). lien

 

Banalisation aussi en Europe, puisque ce n’est que maintenant que l’on apprend que nos enfants ont bel et bien été irradiés par les retombées de Tchernobyl.

 

6 médecins de l’hôpital universitaire de Mont Godinne viennent de publier un rapport prouvant que le nombre de cancers papillières de la thyroïde a augmenté significativement chez les enfants belges qui avaient moins de 15 ans en avril 1986. lien

 

« Nous pensions que plus le temps passerait, plus le taux de cancer diminuerait chez les plus jeunes (...) mais ce n’est pas le cas. Le temps de latence peut donc être très long pour le cancer de la thyroïde induit par les radiations » explique le Professeur Michel.

 

On peut légitimement penser que si les enfants belges ont été touchés par les retombées de la catastrophe de Tchernobyl, il en a été de même dans une bonne partie de l’Europe, et en France bien évidemment. lien

 

Après l’accord « exceptionnel », s’il faut en croire nos ministres, de la COP 21, 175 pays auraient signé à New York, validant ainsi les débats...sauf que, tant que la ratification de ces accords, laquelle peut prendre des mois, voire plus, ces signatures sont surtout symboliques.

 

Prenons l’exemple de notre pays : il nage en pleine contradiction, s’engageant à réduire la part nucléaire de 75% à 50% mais prenant la responsabilité de prolonger la vie des vieilles centrales nucléaires, engageant des sommes énormes les rafistoler, et qui décide de ne fermer Fessenheim que lorsque l’EPR de Flamanville aura pris le relais.

 

Les travaux de rénovation des vieux réacteurs, et de ceux qui sont défaillants se monteront à 50 milliards d’euros et ne nous mettrons pas à l’abri d’un accident majeur. lien lien

 

C’est ce que répète régulièrement le patron de l’ASN : « le Japon s’est fait surprendre. Gardons à l’esprit que nous pouvons aussi nous faire surprendre ». lien

 

Dès lors on est en droit de s’interroger sur la possibilité de réduction de la part nucléaire, si le potentiel des centrales nucléaires reste le même. Plus grave, pour sauver EDF d’une faillite certaine, l’État a mis la main à la poche, (donc dans la nôtre) afin de renflouer les caisses défaillantes de l’entreprise à hauteur provisoire de 3 milliards d’euros, et dans la foulée, il s’engage aussi à participer à une autre augmentation de capital pour renflouer Areva.

Le projet d’EPR à Hinkley-Point est provisoirement repoussé...lien

 

Ces réacteurs « nouvelle génération » soulèvent beaucoup de questions tant sur leur prix, que sur leur rentabilité. Le prix de celui de Flamanville est passé de 3 milliards à 10 milliards, et, s’il fonctionne un jour, le prix de l’électricité produite sera plus élevé que celui offert par les énergies propres et renouvelables. lien

 

Comment expliquer cette difficulté à en finir avec cette énergie, sinon par la puissance des lobbys, dont l’un des premier a été Valéry Giscard...Edmond Giscard d’Estaing, proche de Philippe Pétain, est l’ancêtre fondateur, Valéry a suivi, confortant la situation en épousant une « Schneider »...l’épouse de l’ex président était en effet la petite fille de Marguerite Schneider. En effet Charles Schneider va créer Framatome en 1958... Groupe qui sera dirigé dès 1960 par la tante d’Anne-Aymone et Valéry Giscard d'Estaing... ceci expliquant cela. Le détail sur ce lien.

 

À découvrir la conférence du 23 avril 2016 sur le thème de : « le nucléaire est dépassé ». lien

 

Comme dit mon vieil ami africain : « le puits n’est pas trop profond, c’est la corde qui est trop courte  ».

 

L’image illustrant l’article vient de crypto-investigations

 

Merci aux internautes pour leur aide précieuse.

 

Olivier Cabanel

 

 

Source : http://www.agoravox.fr/actualites/environnement/article/nucleaire-banalisation-des-180332

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