Comme prévu, le 24 décembre 2015, la Préfecture du Tarn a abrogé l’arrêté interdépartemental du 3 octobre 2013 « portant autorisation au titre des Art L 214.1 à L 214.6 du code de l’environnement et déclarant d’intérêt général le projet de la réalisation de la retenue de Sivens et portant prescriptions relatives à la sécurité de la retenue de Sivens ».
Cette abrogation figurait dans le protocole transactionnel qui a été validé par la Conseil départemental le 11 décembre dernier, ce n’est donc pas une surprise.
Cette abrogation ne remet pas en cause le recours en annulation que le Collectif Testet et plusieurs autres associations ont déposé fin 2013 contre cet arrêté et les deux autres (déclaration d’utilité publique et dérogation à la loi sur les espèces protégées).
La Justice étant moins rapide que les bulldozers, nos recours en annulation n’ont toujours pas été jugés sur le fond. Nous nous attendons à ce que le Tribunal administratif les juge durant le premier semestre 2016, probablement les 3 recours regroupés.
Le travail juridique se poursuit donc pour démontrer que l’Etat n’avait pas le droit de déclarer le projet de barrage de Sivens d’intérêt général et d’utilité publique ni le droit d’accorder une dérogation à la CACG pour lui permettre de détruire les habitats d’espèces protégées notamment la zone humide du Testet.
Télécharger l’arrêté portant abrogation (24/12/2015)
De nombreux médias ont fait à cette occasion le point sur le projet de barrage de Sivens (le projet initial et le nouveau projet) et sur la réaction du Collectif Testet. Quelques extraits :
Le porte-parole du collectif Testet, interrogé sur iTELE, parle d'un "gâchis humain", évoquant Rémi Fraisse et les "nombreux blessés", ainsi que le "traumatisme de la population" sur le territoire. A cela s'ajoute un gâchis écologique [...] Il dénonce pour finir un "gaspillage financier".
"Les arrêtés doivent encore être jugés en 2016 par le Tribunal administratif de Toulouse"
Privilégiant la "mise en place d'autres alternatives", ce leader de l'opposition souhaite d'abord que le TA de Toulouse reconnaisse "clairement l'illégalité" de la déclaration d'utilité publique et de la dérogation sur les espèces, deux aspects non pris en compte, selon lui, par le récent arrêté.
Ben Lefetey, porte-parole du Collectif Testet, qui regroupe des opposants, trouve "le nouveau projet est tout aussi aberrant que l'ancien".
« Nous avons mis en garde le gouvernement et le département sur le passage en force du Sivens light qui ne ferait qu’entrainer un nouveau conflit à Sivens », a prévenu le porte-parole du collectif Testet, Ben Lefetey.
« Je suis convaincu que ce projet ne verra pas le jour », confie donc Ben Lefetey. Au sein du collectif, on est de toute façon persuadé que même redimensionné, le projet Sivens risque, comme son prédécesseur, de déplaire à la Commission européenne.
Françoise Blandel et Christian Pince ont été interviewés sur le site de Sivens par TF1 et France 2 le 28 décembre :
« Pour la première fois, les associations écologistes vont être autour de la table et discuteront de l’avenir de l’agriculture, au même titre que la FNSEA. On va porter nos alternatives », espère bien Ben Lefetey, du Collectif pour la sauvegarde de la zone humide du Testet
Le «nouveau projet de barrage light» est aussi «aberrant que le précédent». «Il détruira tout autant la zone humide du Testet et il ne tient pas compte des alternatives possibles», réagit Ben Lefetey. Les militants écologistes ont réalisé leurs propres études. «Nous avons un an devant nous pour convaincre de nos solutions d’un point de vue rationnel [...]
Ben Lefetey fait aussi remarquer que l'on doit réfléchir à des politiques agricoles moins voraces en eau : des sols qui évitent le ruissellement, l'agroforesterie, les cultures moins soiffardes.
Source : http://www.collectif-testet.org/actualite-319-larrete-dig-loi-sur-leau-est-abroge.html