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28 septembre 2015 1 28 /09 /septembre /2015 08:25

 

 

Publié , modifié par Jean-Denis renard

Le gouvernement va signer le décret d’utilité publique pour les lignes de trains à grande vitesse au sud de Bordeaux. Une annonce qui ne va pas clore comme par magie une polémique de longue date.

 
Si le tronçon Tours-Bordeaux (ici en travaux en Charente) est prévu pour 2017, il n’y aura pas de construction avant longtemps sur les lignes Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax. © archives M.-L. Gobin

Si le tronçon Tours-Bordeaux (ici en travaux en Charente) est prévu pour 2017, il n’y aura pas de construction avant longtemps sur les lignes Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax. © archives M.-L. Gobin

 

 

Reportée de mois en mois, la décision gouvernementale de passer outre l'avis défavorable de la commission d'enquête a finalement « fuité » samedi, lors de la Fête de la rose à Soustons, dans les Landes : le décret déclarant d'utilité publique le grand projet ferroviaire du Sud-Ouest (GPSO) va être signé. Régional de l'étape, le Landais Alain Vidalies, secrétaire d'état aux Transports, l'a confirmé à Alain Rousset, le président (PS) de la Région Aquitaine. Ce pas en avant ne va pas éteindre la polémique pour autant.

 

1 L'ombre de l'avis défavorable

C'est suffisamment rare pour être souligné : la commission d'enquête qui a travaillé sur le projet de LGV Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax a rendu un avis défavorable. En mars dernier, le verdict a résonné comme un coup de tonnerre, tant les grands projets d'infrastructure passent généralement l'obstacle sans coup férir. Parfois même les plus controversés. L'aéroport nantais de Notre-Dame-des-Landes a ainsi bénéficié d'un avis favorable assorti de réserves en 2007. Plus ubuesque, la LGV Poitiers-Limoges (qui fait partie du GPSO) a elle aussi reçu sous réserve l'estampille « avis favorable » il y a deux ans.

 

D'une certaine manière, l'avis défavorable rendu le 30 mars augurait un changement de cap sociétal, induit par les préoccupations environnementales et par l'anémie des financements : fini les projets aussi pharaoniques que dispendieux, place aux alternatives moins chères et aux trains moins clinquants et plus à l'heure. Alain Vidalies l'expliquait lui-même devant l'Assemblée nationale en février : « Le gouvernement fait un choix. Il l'annonce : c'est celui de la priorité à la maintenance, c'est celui de la priorité aux trains du quotidien. »

 

Huit mois plus tard, le vent tourne de nouveau. Mais ces contradictions fournissent de l'eau au moulin des opposants.

 

2 Et maintenant, le scrutin régional

Fidèle à sa tradition jamais démentie depuis les Trente Glorieuses, la droite ne manque pas de se réjouir d'un grand projet prêt à sortir de terre. Dès samedi, Alain Juppé, le maire (Les Républicains) de Bordeaux, a exprimé sa satisfaction à l'annonce du feu vert gouvernemental.

 

La vie est plus compliquée au PS, en prévision des élections régionales des 6 et 13 décembre. Aussi enthousiaste pour la LGV qu'il l'était pour la construction de l'autoroute A 65 Langon-Pau, le président Alain Rousset a plusieurs fortes têtes dans son camp. Celle de Gilles Savary, député de la Gironde, spécialiste des transports à la compétence incontestée, consterné par l'annonce d'Alain Vidalies. Celle de Jean-Luc Gleyze, le nouveau président du Conseil départemental de la Gironde, lui aussi opposé à la LGV. Comment les socialistes vont-ils s'accommoder de leurs dissensions sur un thème aussi incontournable dans une campagne régionale ? Mystère.

 

En tout cas, le gouvernement aurait voulu torpiller le mini-référendum à venir de Jean-Christophe Cambadélis sur l'union de la gauche qu'il ne s'y serait pas pris autrement : si les membres d'Europe Écologie-Les Verts cherchaient un bon motif de partir sur des listes autonomes aux régionales, ils l'ont.

 

3 Et ensuite, sur le terrain ?

ZAD ou pas ZAD ? À la lumière des événements qui ont rythmé les récents projets d'aménagement pour l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, pour le Center Parcs de Roybon (en Isère) ou encore pour le barrage de Sivens (dans le Tarn), l'éventualité d'une arrivée de zadistes sur le tracé n'est pas à écarter. Une première esquisse de ce type de réaction a vu le jour en décembre dernier dans des champs proches d'Agen, à proximité du fuseau de la LGV Bordeaux-Toulouse.

 

Les opposants historiques au projet ont mis en garde les pouvoirs publics contre des possibles dérapages à venir. Au mois de juin, dans une lettre ouverte à François Hollande, plusieurs associations aquitaines imploraient ainsi le président d'écouter la voix du terrain avant que « la voie de la violence, que nous rejetons, ne soit ouverte ».

 

Si le projet venait à connaître des développements concrets, les points chauds ne manqueraient pas. Dans le Lot-et-Garonne mais surtout au sud du département de la Gironde. C'est là qu'est dessiné le fameux « Y » de la LGV, où le tronc commun de la ligne nouvelle se partage en deux directions, l'une vers Toulouse, l'autre vers Dax. Dans ce réservoir de biodiversité où prospère notamment une hêtraie exceptionnelle, les oppositions au projet sont très vives et très structurées. Elles font fi des clivages sociologiques, des écolos, des sylviculteurs et, plus au nord, des vignerons de Sauternes et de Barsac, unis dans le refus de la LGV.

 

4 La chasse au trésor est lancée

C'est un autre chantier qui s'ouvre pour les autorités, plus compliqué que les travaux de terrassement : le bouclage financier du GPSO. 9,1 milliards d'euros - si ce chiffrage n'enfle pas - ne se trouvent pas sous les sabots d'un cheval. Actuellement en construction, le tronçon LGV Tours-Bordeaux, qui sera mis en service à l'été 2017, a fait l'objet d'un partenariat public-privé avec le groupe Vinci à la manœuvre. Les 58 collectivités locales sollicitées pour le complément ont renâclé à payer. Les relations entre le concessionnaire et la SNCF ne sont rien moins qu'exécrables. Le cadencement des dessertes à venir fait l'objet d'une bataille de chiffonniers. Alors, quelle alternative ? Seule certitude : le payeur sera soit le contribuable, soit l'usager, soit les deux. Il s'agit souvent de la même personne.

 

2024  La date annoncée pour la mise en service de Bordeaux-Toulouse. Bordeaux-Dax est programmé pour 2027.

 

9,1 En milliards d'euros, le montant prévisionnel des travaux, dont 5,9 milliards pour Bordeaux-Toulouse.

 

327 Le nombre de kilomètres de lignes nouvelles, doit 55 km de tronçon commun au sud de Bordeaux, puis 167 km vers Toulouse et 105 km vers Dax.

 

60 En minutes, le temps de trajet entre Bordeaux et Toulouse sur la nouvelle LGV.

 

 

Source : http://www.sudouest.fr/2015/09/28/la-nouvelle-lgv-pour-de-vrai-l-utilite-publique-pour-prendre-date-2137089-2780.php

 

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