Par olivier cabanel (son site)
vendredi 1er mai 2015
Tout le monde pensait que Tchernobyl était presque de l’histoire ancienne, largement devancé sur le terrain de la pollution nucléaire par Fukushima,
Mais ce serait oublier que la pollution radioactive ukrainienne est toujours là, et que l’incendie qui s’est déclaré récemment autour du site dévasté va provoquer un nouveau déplacement de la radioactivité…
En effet, pour commémorer la catastrophe d’avril 1986, les bougies du gâteau d’anniversaire semblent avoir déclenché un immense incendie de forêt, commencé le 28 avril 2015, lequel a déjà ravagé 400 hectares à proximité de la centrale dévastée. Or le vent s’étant sérieusement renforcé, il se dirige maintenant vers le site nucléaire, et le 30 avril la surface touchée par l’incendie s’était un peu plus élargie, s’approchant dangereusement de la centrale accidentée. lien
Il faut savoir que dans une large zone autour du site on trouve du césium 137, césium dont la période (ou demie vie) est de 30 ans, ce qui signifie qu’il sera encore préoccupant pendant au moins un siècle. Or cet élément radioactif est fortement concentré dans les aiguilles et les feuilles agglomérées au sol, mais aussi dans le bois des arbres des forêts avoisinantes, et lorsqu’un incendie important s’y déclare, la radioactivité s’échappe, et, portée par les vents, les pluies, peut se déplacer assez loin, comme on l’avait constaté lors de la catastrophe de 1986, contaminant les plantes au moins jusqu’en Corse.
Ce n’est pas une nouveauté : à trois reprises (2002, 2008, 2010) des incendies spectaculaires ukrainiens avaient provoqué une augmentation du niveau de radioactivité trois fois supérieure à la normale en France, et pas seulement en France. lien
En effet une étude menée par une équipe de chercheurs norvégiens à prouvé que les 3 feux précédents avaient déjà relâché entre 2% et 8% du césium présent dans le sol ukrainien, ce qui correspond à 500 000 milliards de becquerels, dispersé sur une large zone allant de la Turquie à la Scandinavie. lien
Le fait est que cette zone de forêt est largement abandonnée, et comme le dit l’association « Robin des bois », « un incendie non maitrisé de forets contaminées ne serait pas comparable en terme d’impact sanitaire et environnemental à Tchernobyl 1986, ou Fukushima, mais il pourrait être considéré comme accident grave dans l’échelle internationale des événements nucléaires… »
Ajoutons pour la bonne bouche que les éléments radioactifs concernés ne se limitent pas au Césium 137, mais qu'on trouve aussi du Plutonium et de l’Américium 241, relâchés à l’époque de l’accident, ce qui est susceptible d’aggraver la situation.
Actuellement l’incendie, même s’il est maitrisé par endroits, se situe à une distance de 15 à 20 km de la centrale, donc dans des zones largement contaminées par la radioactivité. lien
Ajoutons que, s’il faut en croire Arseni Latseniouk, le premier ministre ukrainien, « il s’agit du plus grand feu de forêt depuis 1992 », et que la zone contaminée suite à la tragédie de 1986 s'étend sur 160 000 km² dans le secteur. lien
Pourtant, comme à son habitude, l’IRSN se veut rassurant, déclarant que malgré le risque de triplement de la radioactivité mesuré dans l’air : « on ne peut pas parler d’impact sur la santé publique »…(lien) ce qui nous rappelle de bien mauvais souvenirs, lorsqu’en haut lieu, on affirmait au peuple docile et naïf que la radioactivité s’était arrêtée à nos frontières. vidéo
Quoi qu’il en soit, cette hausse de la radioactivité en France ne pourra être mesurée que dans 2 ou 3 semaines…même si l’incendie finira par être maitrisé un jour ou l’autre.
Sur place, le nouveau « sarcophage » peine à se terminer faute de financements, (il manque encore615 millions d’euros pour financer le projet) et après avoir accusé des années de retard, il est repoussé maintenant à 2017. lien
Décidément le nucléaire est fâché aussi avec les délais, et les prix, puisque chez nous, et en Finlande, l’EPR connait des soucis en cascade, qui finalement laissent planer un doute sur leurs démarrages respectifs.
En effet, d’après le cadre réglementaire du décret publié le 11 avril 2007, l’article 3 stipule que si 10 ans plus tard, jour pour jour, le chantier de l’EPR de Flamanville n’est pas terminé, l’état devrait purement et simplement clore le chantier : extrait : « le délai pour réaliser le 1er chargement en combustible nucléaire est fixé à 10 ans à compter de la publication du présent décret ». lien
C’est d’ailleurs cette procédure qu’avait utilisé l’Etat lorsqu’il avait finalement mis fin à l’erreur technologique de « super » phénix, à Creys Malville. lien
Autre mauvaise nouvelle pour les acharnés pro-nucléaires, les britanniques font marche arrière toute concernant l’EPR qu’ils envisageaient. lien
Décidément, de Flamanville à la Finlande, et de Fukushima à Tchernobyl, en passant par la faillite annoncée d’Areva, de lourds nuages noirs semblent s’accumuler sur la tête des partisans de l’énergie nucléaire, au moment où les énergies propres ont fait la démonstration qu’elles concurrençaient largement financièrement l’énergie nucléaire. lien
Comme dit mon vieil ami africain : « le chien a beau avoir 4 pattes, il ne peut emprunter 2 chemins à la fois ».
L’image illustrant l’article vient de actualites-news-environnement
Merci aux internautes de leur aide précieuse
Olivier Cabanel
Source : http://www.agoravox.fr/actualites/environnement/article/ca-chauffe-a-tchernobyl-166831